Dans son homélie publiée sur le site du diocèse de Toulon, Mgr Dominique Rey dénonce avec des mots justes l’obscénité de Charlie Hebdo et la folie meurtrière des terroristes.

Bien que je sois en total désaccord sur plusieurs passages de son homélie, et notamment lorsqu’il affirme que « l’origine de cette violence se trouve dans une interprétation dévoyée de l’islam », il est à noter que Mgr Rey est l’un des seuls évêques français à avoir dénoncé les blasphèmes de Charlie Hebdo.

« Il est symptomatique que les terroristes s’en soient pris à un journal satirique réputé pour ses outrages, ses sarcasmes, ses caricatures blasphématoires. « On doit pouvoir rire de tout » avouait fièrement un de ses responsables. Le rire s’est changé en larmes. L’assaut des kalachnikovs a répliqué à l’agression des mots et des images. « Un dessin est un fusil à un coup » disait Cabu. Il vient d’en payer le prix.

En même temps qu’on doit dénoncer le fanatisme religieux, notre société doit s’interroger sur l’enchaînement des violences qui la traversent. Car il est des violences verbales, morales, intellectuelles, artistiques… qui en appellent d’autres. Quand on représente Mahomet sous la forme d’une crotte enturbannée, Benoît XVI en train de sodomiser des enfants, la Vierge Marie les jambes écartées de façon suggestive ; quand on s’adonne à la provocation, à l’obscénité sur ce qui touche la conscience la plus intime, celle de la foi, du sacré, de la symbolique religieuse… Ce nouvel iconoclasme engendre inévitablement par ricochet, et bien sûr, sans jamais les justifier, la revanche, la vengeance, d’autres violences encore plus insoutenables dans un engrenage quasi mécanique, et dont l’actualité nous offre l’horrible spectacle. La sacralisation de la dérision et de l’injure ne peut produire en retour que de la haine.

A un journaliste qui m’interrogeait avant-hier « Monseigneur, êtes-vous Charlie ? », J’ai répondu : « laissez-moi d’abord être moi-même, c’est-à-dire chrétien ». Le chrétien n’a pas d’autre point de référence ultime, de ralliement possible, d’identification que Jésus lui-même. »

Et de façon tout à fait appropriée et juste, Mgr Rey pointe le relativisme envahissant qui, arrachant du cœur de l’homme la relation avec Dieu, le renvoie aux instincts de sa nature blessée :

« Le relativisme moral et religieux envahit nos sociétés postmodernes où les grandes utopies politiques et idéologiques se sont effondrées, où la place du religieux a été effacée par la perte de transcendance et d’intériorité, où l’individu consumériste n’a plus d’autre horizon que lui-même, rivé à son ego. Un tel relativisme érigé en prêt-à-penser, fait inévitablement le lit du fondamentalisme. Lorsqu’une culture ne donne plus des raisons sublimes de vivre, parce qu’elle a oublié l’héritage ou perdu la mémoire, elle s’en fabrique à partir des instincts les plus bas ou les plus vils. Lorsqu’on ne parvient plus au sein des familles, dans le cadre des institutions éducatives à transmettre ce lent et patient tissage de raison, d’histoire, de culture qui ouvrait à une morale universelle et un vivre ensemble et lorsque la conscience religieuse s’évanouit ou se réduit à un résidu laïcisé…, alors cette société fait sauter, sans toujours s’en rendre compte, la barrière qui fermait la route à la brutalité de la nature, à l’exacerbation des passions, et aux revendications narcissiques. »

Reste à identifier les causes d’un tel relativisme, et spécialement à l’intérieur de l’Eglise catholique, dont l’effondrement a livré les pays anciennement chrétiens au laïcisme et à l’Islam. Or un tel relativisme se trouve érigé en quasi-dogme dans le concile Vatican II, relativisme que l’on retrouve en matière de religion avec le mauvais exemple du pape, et en matière de mœurs avec le synode. Le premier remède commence donc, au niveau de l’Eglise catholique, à dénoncer ce concile qui répand justement ce relativisme parmi les catholiques.

Dommage que Mgr Rey n’aille pas jusqu’au bout de cette démarche, mais qu’il soit tout de même remercié pour ses paroles qui vont à contre-courant de celles de ses confrères noyés dans la bien-pensance.

Xavier Celtillos

 

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