« Il n’y a aucun mur qui peut arrêter cette marche des peuples du sud vers le nord du monde »

Le cardinal Bagnasco, archevêque de Gènes en Italie, est l’actuel président de la Commission épiscopale italienne, la CEI. C’est dire si sa parole est écoutée et importante. Il répercute auprès des Italiens la vision humaine, politique, sociale, chrétienne, du monde ecclésiastique sur l’actualité mondiale et péninsulaire.

Deux problèmes sont fortement d’actualité en Italie en ce début d’année : la crise des migrants et les unions civiles homosexuelles en discussion au parlement. Sur ces deux thèmes, les italiens sont divisés. Il va s’en dire que l’opinion du président de la CEI peut influencer les prises de positions des catholiques italiens.

Le 6 janvier 2016, jour de l’Épiphanie, après avoir célébré la messe, le cardinal a commenté l’actualité auprès des journalistes dans la sacristie. Lors de son homélie, il avait déjà fait un sous-entendu sur la crise des migrants en évoquant « les mages qui représentent une grande marche des peuples, une multitude en mouvement qui s’en va vers un unique point lumineux qui est le Christ. »

Sur ce thème des peuples en mouvement, il a  donc condamné fermement les fermetures des frontières de différents pays européens et la suspension de Schengen : « Il n’y a aucun mur qui peut arrêter cette marche des peuples du sud vers le nord du monde ou de la multitude des pauvres, de ceux qui vivent le drame de la guerre et des violences, des persécutions à cause de leur foi, vers des pays qu’ils espèrent pourront leur offrir un lendemain meilleur  et une liberté plus vraie. Nous ne pouvons pas penser arrêter la marche des peuples surtout du Sud vers le nord du monde, » a-t-il répéter.

D’ailleurs pendant la messe il avait fustigé l’individualisme des occidentaux : « Nous occidentaux sommes hypersensibles à notre liberté (…) nous avons peur de l’ingérence d’autrui, d’une quelconque ingérence, de chaque intromission de chaque parole qui nous indique la voie à suivre. Chaque parole révélatrice, non pas contraignante, crée d’instinct chez  l’homme moderne occidental une fermeture, un refus, une allergie, et ce mécanisme est diffusé même chez nous les croyants. »

Peut-être devrait-il aller s’inquiéter du pourquoi de ce refus, de cette allergie, de cette fermeture qu’il perçoit envers les migrants auprès des femmes allemandes qui viennent d’être violées, abusées, harcelées il y a si peu de jours ! Elles ont des arguments convaincants. Ou qu’il lise le rapport interne de la police allemande qui décrit ces terribles violences  !

Concernant les unions civiles de personnes homosexuelles et la stepchild adoption, le cardinal a parlé, en revanche, d’une voix plus ferme que celle du cardinal Nunzio Galantino, secrétaire général de la CEI dont l’opinion exposée sur le quotidien des évêques italiens, Avvenire, est déjà parue sur MPI : c’est ce oui et ce non mitigés, l’adoption étant la base du refus.

Le cardinal Bagnasco a affirmé  : « Aucune autre institution ne doit occulter la réalité de la famille avec des situations similaires, cela signifie compromettre le futur de l’humanité. Aucune autre forme de cohabitation du noyau familial, même si respectable, ne peut absolument occulter ou affaiblir la centralité de la famille, ni sur le plan sociologique, ni sur le plan éducatif. » Mais il faut quand même toujours reconnaître « une respectabilité » aux autres formes d’unions, l’homosexuelle comprise, ce qui est quand même aberrant pour un évêque de l’Église catholique !

Son avis a surtout été considéré comme un signal positif et le soutien de la CEI pour l’organisation, peut-être en janvier, d’un nouveau Family Day, ce qui ne fut pas le cas lors de la précédente marche du 20 juin dernier puisque le cardinal Galantino s’y était opposé. Ce Family Day devrait démontrer l’opposition de centaines de milliers d’italiens à la loi Cirinnà sur le « mariage homosexuel« .

Si sur la crise des migrants, la plus part des évêques italiens sont en accord, à la suite du pape François et du système idéologique immigrationniste, sur la question des unions civiles, ils sont plus divisés. Le Synode sur la famille nous avait déjà montré cette désunion et cette confusion, entretenues il faut le reconnaître par le pape lui-même dont les quelques paroles fermes sont contredites par des gestes d’accueil et d’ouverture envers les couples homosexuels, trans et autres  !

Francesca de Villasmundo

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