Le théologien « catholique » suisse, le père Han Küng, vient de publier « un appel urgent au pape François pour qu’il permette d’ouvrir un débat impartial sur l’infaillibilité du pape et des évêques » paru sur le National Catholique Reporter des États-Unis et repris par Vatican Insider.
« Acceptez cette documentation complète et permettez un débat libre, sans préjugés et ouvert dans notre église sur toutes les questions non résolues ou étouffées qui sont liées au dogme de l’infaillibilité. Ainsi, l’héritage problématique du Vatican depuis 150 ans pourrait être affronté avec honnêteté et ajusté conformément à la sainte Écriture et à la tradition œcuménique. Ce n’est pas un relativisme trivial qui mine le fondement éthique de l’Église et de la société. Mais ce n’est pas non plus un dogmatisme impitoyable et abrutissant ne jurant que par la lettre qui empêche un renouvellement complet de la vie et de l’enseignement de l’Église, et bloque des progrès sérieux dans l’œcuménisme. Et il ne s’agit certainement pas de moi voulant, à titre personnel, avoir raison. C’est le bien-être de l’Église et celui de l’œcuménisme qui sont en jeu. » a-t-il écrit à François dont il s’était réjouit de l’élection. »Le meilleur choix possible » avait-il affirmé le lendemain de l’ascension de Jorge Maria Bergoglio au trône pontifical.
Grand progressiste, influencé doctrinalement, lors de sa formation de séminariste, par le pasteur et théologien protestant Karl Barth, et des auteurs comme Lubac ou Hegel, ce qui fait qu’il enseigne et défend une théologie plus protestante que catholique, professeur de théologie condamné par Rome en 1979, sans pour autant que sa chaire universitaire à la faculté de Tübingen lui soit enlevée, expert au Concile Vatican II, Hans Küng est connu pour ses positions radicales en faveur d’un œcuménisme absolu et d’une réforme globale de l’Église catholique tant au niveau doctrinal que pastoral.
Admirateur de Luther, il plaide auprès de François, pour un nouvel aggiornamento de l’Église catholique, calqué sur le corpus doctrinal du révolutionnaire protestant. Dans sa ligne de mire depuis longtemps : le dogme de l’infaillibilité pontificale. Luther en son temps n’avait-il pas contesté la primauté de Pierre sur l’Église ? Dans un article paru en septembre 2013 sur le journal italien La Republica et publié en France par Le Monde, « Un pontificat à l’épreuve des changements », il se positionne également comme un fervent défenseur du mariage des prêtres, de l’ordination des femmes, et de nouvelles normes disciplinaires très laxistes et libérales pour les fidèles.
Pour le théologien « catholique » pimenté protestant Küng, dé-dogmatiser l’Église est primordial tout comme l’ouvrir à une « nouvelle pastorale » adaptée aux nouvelles mœurs des peuples, issues de la banalisation de l’homosexualité, du divorce, de l’avortement. Dans tous ces domaines qui lui tiennent à cœur, il est exact que François a été « le meilleur choix possible ». Au nom de la pastorale prise comme un absolu, une primauté, Bergoglio se permet de raboter le peu de doctrine catholique qui subsiste dans l’Église conciliaire. D’où peut-être cette audace de Küng, qui se trouve en bonne compagnie, pour lui demander « un débat libre, sans préjugés et ouvert dans notre église sur toutes les questions non résolues ou étouffées qui sont liées au dogme de l’infaillibilité. »
Pourtant sur la question de l’infaillibilité, sous le pape Paul VI la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avait émis, le 15 février 1975, l’avertissement suivant à propos de deux ouvrages de Küng L’Église et L’infaillibilité ? Une interrogation :
« C’est pourquoi, afin qu’il ne subsiste pas de doutes sur la doctrine professée par l’Église catholique, et pour que la foi des chrétiens ne soit nullement obscurcie, cette S. Congrégation, rappelant la doctrine du Magistère de l’Église exposée dans la Déclaration Mysterium Ecclesiae, déclare : Les deux ouvrages susdits du professeur Hans Küng contiennent certaines opinions qui, à des degrés divers, s’opposent à la doctrine de l’Église catholique devant être professée par tous les fidèles. Nous retiendrons seulement les suivantes, particulièrement importantes, sans vouloir porter pour le moment de jugement sur certaines autres opinions défendues par le professeur Küng. Est contraire à la doctrine définie par le premier Concile du Vatican et confirmée par le Concile Vatican II l’opinion qui, pour le moins, met en doute le dogme de foi de l’infaillibilité dans l’Église ou le réduit à une certaine indéfectibilité fondamentale de l’Église dans la vérité, avec la possibilité d’errer dans les sentences dont le Magistère de l’Église enseigne qu’elles doivent être crues définitivement. Une autre erreur qui affecte gravement la doctrine du professeur Küng concerne son opinion sur le Magistère de l’Église. En effet, il n’exprime pas la notion vraie du Magistère authentique selon laquelle les évêques sont dans l’Église «les docteurs authentiques, c’est-à-dire revêtus de l’autorité du Christ, qui prêchent au peuple à eux confié la foi qui doit régler sa pensée et sa conduite. »
Et avait fini par lui interdire, du moins en théorie, l’enseignement de la théologie.
Un demi-siècle après, la révolution conciliaire, s’appuyant sur une théorie de l’évolution adaptée au fait religieux, a bazardé la saine doctrine et la saine théologie au profit d’une doctrine et d’une pastorale qui changent au gré du temps, des nouvelles habitudes de vie, des mœurs modernes. Ce qui était moralement mauvais hier peut devenir, à l’avenir, moralement bon. Une encyclique approuvée dans le passé devient obsolète dans le présent. Tout est soumis au jugement de l’homme nouveau, d’une philosophie moderne, tout évolue, rien n’est stable ni immuable. Les concepts d’autorité et d’infaillibilité, comme tous les autres, sont à même donc d’être réévalués. Logique. Dogme ou pas dogme. De toute façon pour ces théologiens modernes rien ne peut être fixe à jamais.
La demande récente de Hans Küng au pape argentin est dans la logique de Vatican II : ce n’est qu’un des fruits pourri de cet esprit en rupture avec la Tradition, de cet anti-Syllabus, de cette révolution conciliaire à saveur protestante que François embrasse résolument.
Notons, cependant, que bien que ce ne soit pas l’intention de Hans Küng qui veut changer le dogme quitte à l’abolir tout bonnement, cette notion immuable de l’infaillibilité pontificale a besoin d’être clarifiée pour être expliquée convenablement aux catholiques. Les âmes qui cherchent la Vérité ne peuvent qu’être émues et leur intelligence blessée en ces temps d’apostasie où l’on voit des papes conciliaires favoriser l’hérésie. Malheureusement, les théologiens, prêtres, laïcs, qui étudient, essayent de comprendre, ce mystère d’iniquité sous l’angle de l’infaillibilité pontificale aboutissent à des analyses contradictoires.
C’est donc une clarification du dogme par l’Église catholique, Mère de sagesse, qui est nécessaire. Mais cela sera impossible tant que celle-ci restera occupée par la secte conciliaire qui, depuis Vatican II, encourage l’ambiguïté, l’incertitude, l’équivoque, le changement, le doute,… l’hérésie.
Francesca de Villasmundo
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