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Bachar el-Assad dénonce le double-jeu de la France qui soutient les terroristes en Syrie – Entretien

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Entretien, dans lequel il est fortement question de la France. Selon le Président Bachar el-Assad, dans cette interview, donnée le 1er décembre à la TV tchèque : « les terroristes viennent de plus de 100 pays à travers le monde, et veulent faire de la Syrie une plaque tournante pour le terrorisme. »

Au milieu de la transcription en français, ci-dessous, vidéo dans laquelle François Hollande en 2013 avoue son intention de livrer des armes aux rebelles islamistes. Nous savons par ailleurs qu’en réalité il avait bravé l’embargo et que Hollande faisait déjà livrer des armes en cachette aux islamistes pourvu que ceux-ci soient soucieux, par tous les moyens et surtout les plus violents, de faire tomber le pouvoir syrien. La France continue de livrer indirectement (au moins) des armes aux islamistes en Syrie, en en fournissant notamment à l’Arabie, -mais aussi à la Turquie etc.- qui les redistribue aux islamistes. Or des contrats sont toujours en cours.

Un général Syrien, à ce propos, a émis de graves accusations contre le chef de l’Etat.

Transcription des principaux passages de l’entretien, dans lequel il est fortement question de la France:

Président Assad: Donc, notre travail est de sauver des vies. S’il y a du sang, c’est pour défendre notre pays. On utilise l’armée pour défendre le pays.

Czech TV : Mais 250.000 personnes, c’est inimaginable dans quelque pays.

Président Assad: C’est le résultat qui arrive lorsqu’ un grand nombre de terroristes sont soutenus par des puissances régionales et par l’Occident. Ce ne sont pas seulement des terroristes qui viennent de l’intérieur de la Syrie, les terroristes viennent de plus de 100 pays à travers le monde. Ils veulent faire de la Syrie une plaque tournante du terrorisme. Si nous ne défendions pas notre pays, ce nombre serait démultiplié.

(…) Actuellement, sans conteste, la participation russe, ou ce qui a été annoncé comme un front contre le terrorisme, est l’événement le plus important. C’est du concret contre le terrorisme, alors que ce qui est arrivé à Paris, sur le plan politique, c’est juste pour apaiser les sentiments des Français, comme pour dire que les Français vont s’attaquer à ISIS d’une manière très différente. Qu’est-ce que cela veut dire? Que La France n’était pas sérieuse avant l’attaque de Paris ? Donc, ils vont seulement apaiser les sentiments de crainte des Français, rien de sérieux, tandis que les Russes sont très sérieux dans leur lutte contre le terrorisme et qu’il y a est une coopération entre eux et l’armée syrienne.

Czech TV: Donc, vous pensez que l’augmentation des attaques par la coalition occidentale ou par la coalition sous la direction des États-Unis n’y contribue pas?

Président Assad: Au regard des faits, depuis le début de cette coalition [américaine], si vous voulez parler de faits et non d’opinions, ISIS s’est étendue, et leurs recrues ont augmenté partout dans le monde. Alors que depuis la participation des Russes dans la même soi-disant lutte contre le terrorisme, ISIS a été réduite et al Nosra aussi, bien entendu, ainsi que les autres groupes terroristes. Donc, voilà la réalité. Les faits sont éloquents.
(…)
On ne peut pas tuer des terroristes ou détruire le terrorisme rien qu’avec des bombardements aériens, c’est presque impossible, les Américains s’y sont essayé en Afghanistan pendant combien de temps? Plus de 12 ou 13 ans. Ont-ils atteint quelque chose? Rien.

Le terrorisme est toujours actif en Afghanistan. Donc on a besoin de coopérer au sein de ce pays et du pouvoir. La puissance majeure en Syrie est l’armée syrienne et bien sûr le gouvernement.

[A propos de l’engagement de Hollande en Syrie]: s’il voulait éviter ce qui est arrivé récemment à Paris, pourquoi ne l’a-t-il pas fait depuis l’attentat de Charlie Hebdo?  Même principe et même concept.

Nous avons dit à l’époque que ce n’était que la pointe émergée de l’iceberg. Ce qui est sous l’eau est beaucoup plus important. Ils n’ont pas appris. Ceci est le premier point. Deuxièmement, on ne peut pas lutter contre le terrorisme tout en soutenant directement les terroristes avec des armes et en ayant fait alliance avec le plus zélés des partisans du terrorisme dans le monde; qui est le royaume saoudien. On ne peux pas. C’est contradictoire. Vous ne pouvez pas être la police et le voleur en même temps. On doit choisir l’un ou l’autre.

(…) Comment un pays comme la France pourrait vendre et envoyer des armes vers une destination qu’elle ignore, ou les vendre sans savoir où elles vont aller? C’est impossible. Ils savent qu’en vendant des armes au Royaume d’Arabie Saoudite et au Qatar et peut-être d’autres pays, à qui ses armes vont aller, sans conteste.

(…) Erdogan a perdu son sang-froid juste parce que l’intervention russe a modifié l’équilibre sur le terrain.

Donc, l’échec de M. Erdogan en Syrie, l’échec de ses groupes terroristes signifie sa mort politique, il a voulu faire quelque chose afin de tenter de faire obstacle à tout succès. Alors, il a [abattu l’avion russe] , mais je ne pense pas que cela va inverser les choses.

La guerre contre le terrorisme se poursuit. La participation russe va s’amplifier. Elle est, de toute façon, forte, et je pense qu’il n’y a pas de revirement possible sur ce sujet, que la cause est entendue, d’une façon ou d’une autre.

(…) En fait, pour parler du terrorisme en général, et non seulement à propos de l’Etat islamique. Nous devrions travailler sur plus qu’un seul axe, et tenter de trouver une solution revêtant plusieurs aspects. Un axe pour combattre l’idéologie, et d’ autres liés à l’économie, aux positions politiques et à la coopération politique; et en dernier, la coopération de sécurité et la lutte proprement dite.

Dans la situation actuelle, il n’y a pas d’autre moyen que de les combattre directement. Mais ce n’est pas assez. Si vous voulez les combattre et les vaincre, il faut leur couper et leur supprimer leurs approvisionnements d’armement, d’argent et de recrues qui transitent principalement par la Turquie avec le soutien des Saoudiens et des Qataris, ceci est la première étape des attaques au sol.

Le problème est que nous combattons des terroristes qui bénéficient d’une offre illimitée de fournitures de différents pays, principalement des pays de la région, avec le soutien ou la bénédiction de l’Ouest, de certains pays occidentaux pour être précis.

(…)

On ne peut pas parler d’une opposition au sens politique du terme alors qu’elle détient des armes. Vous savez, dans votre pays quand vous parlez de l’opposition, il s’agit uniquement de mouvements politiques. Si l’opposition est politique, elle doit avoir un territoire et des racines. Donc, lorsque nous parlons de rebelles ou de militants qui détiennent des armements pour attaquer le peuple, pour attaquer le peuple syrien, ou pour attaquer l’armée syrienne et détruire des propriétés publiques ou privées, et, ainsi de suite, cela s’appelle du terrorisme. Il n’y a pas d’autre définition.

Nous n’acceptons pas le terme d’opposition militante ou d’opposition armée ou d’opposition modérée armée. Ce n’est pas une opposition, c’est du terrorisme. L’opposition, pour nous, est un mouvement politique extérieur ou intérieur de la Syrie. L’autre aspect de l’opposition est d’être patriote, et non pas une opposition qui a été formée en France, au Qatar, en Arabie saoudite, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni.

Elle doit être Syrienne, formée en Syrie. Nous avons une opposition syrienne. Nous avons une véritable opposition syrienne. Sa force et sa représentativité n’est pas le problème.

(…) Les terroristes ont leur propre monde, ils ont leurs propres objectifs. Ils ont leur propre agenda et idéologie. C’est complètement différent d’un volet politique. Si on veut faire avancer concrètement les choses, cela ne pourra se faire qu’après que nous ayons commencé à détruire le terrorisme. Je n’ai pas dit après que nous l’ayons vaincu, parce que la défaite est un long processus.
(…)
Le processus politique a deux aspects: l’un est de traiter avec l’opposition politique, l’autre aspect est de traiter avec ces groupes armés. Nous appelons en Syrie à un processus de réconciliation, qu’ils renoncent aux armes et retournent à leur vie normale et le gouvernement leur offre l’amnistie. L’amnistie est une amnistie complète, sans charge, sans condamnation, vous êtes libre de vivre votre vie normale, votre vie paisible : ne pas se battre et ne pas brandir de mitrailleuses, ne pas terroriser les gens.

Cette réconciliation a réussi en Syrie. En fait, elle a été réalisée au-delà de tout processus politique. Donc, nous ne disons pas que nous ne traitons pas avec les terroristes, pour qu’ils modifient  leur position, bien sûr, il faut traiter avec eux, mais quand on parle des ramifications de l’EI ou d’al Nosra, d’al-Qaïda, ils ne sont pas prêts à déposer les armes, ils ne sont, de toute façon, pas prêts à entreprendre des négociations avec le gouvernement. Ils ne nous acceptent pas et bien sûr nous ne les acceptons pas, leur idéologie est érigée contre le gouvernement et contre l’ensemble du pays. Ils ne reconnaissent pas les frontières; ils ne reconnaissent pas les autres qui ne sont pas comme eux. Donc, il est difficile et impossible d’entreprendre la moindre réconciliation avec eux; mais je veux parler des autres groupes qui terrorisent pour de l’argent, ou peut-être par peur, ou pour toute autre raison, et, avec eux, nous avons réussi des négociations.

(…)
[A propos des négociations de Vienne] : Depuis le début de cette crise, nous avons dit que nous étions prêts à ouvrir des négociations afin de faire savoir que ces groupes, que nous savons liés aux Français et pas aux Syriens et ainsi de suite, nous traitons avec eux comme avec une opposition qui représente ce pays. Les Syriens connaissent la vérité. Donc, nous ne sommes pas opposés à quelque forme de coopération ou de dialogue ou de négociations, mais à la fin, si nous faisions un accord avec une opposition qui ne disposent d’aucune racine en Syrie, qu’aurions-nous atteint ?

Voilà une question simple. Nous pouvons faire des négociations pendant des mois, puis à la fin, qui va les mettre en œuvre s’ils n’ont aucune influence sur les terroristes, s’ils ne sont pas enracinés en Syrie, et qu’ils n’influencent pas  les Syriens?  Quel est le sens de ces réunions? En principe, nous ne disons pas non, nous disons oui, mais en réalité, nous ne pouvons pas dire aux gens que c’est en cela que réside l’espoir que nous nourrissons, et que … voilà comment nous allons résoudre le problème.
(…)

En fait, il s’agit du gouvernement contre des rebelles qui ont été soutenus par différentes puissances régionales et internationales et qui ont, à peu de choses près, le même ordre du jour, avec des incitations peut-être différentes, mais à l’agenda identique. Ils veulent changer le gouvernement, ils veulent renverser le gouvernement, l’Etat Syrien et changer le président et ce gouvernement et l’ensemble de tout le système politique sans en référer au peuple syrien. Nous avons eu des négociations avec eux. Ils ne formulent aucune exigence ou demande politique, ils aiment seulement l’argent, ils sont comme des mercenaires.

La Russie a soutenu le gouvernement parce qu’elle soutient le droit international et la stabilité dans la région,  leur stabilité et la stabilité de toute la région et du monde. Les États-Unis, fort de leur volonté de voir s’étendre leur hégémonie sur le monde, et parce que la Syrie est indépendante, n’acceptent pas un pays qui leur dit non. Mais la réalité, c’est le gouvernement avec le soutien de la majorité du peuple syrien contre ces mercenaires soutenus par ces pays.

(…) Personne ne prend plus au sérieux les responsables occidentaux pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, ils n’ont pas de crédibilité. Deuxièmement, ils n’ont pas de vision; ils sont seulement superficiels. En troisième lieu, ils ne sont pas indépendants. Ils suivent ce que les Américains ordonnent.

Nous observons  le maître, et le maître, c’est les Etats-Unis. Donc, personnellement, [les avis occidentaux] n’ont pas d’influence. Pour moi, surtout quand on est guerre, ce qui m’inquiète, c’est ce que veut le peuple syrien et la façon dont le peuple syrien me regarde. Ça, c’est très important pour moi. Je ne me soucie pas des autres. Si nous parlons de la fluctuation du comportement européen envers la Syrie ou envers moi personnellement, ca va de haut en bas, mais je n’ai pas changé. Je suis resté le même depuis que je suis devenu président en 2000. Donc, vous devez leur demander pourquoi ils sont fluctuants, pas à moi.

(…) comment pourriez-vous avoir l’appui du peuple, et rester intact pendant cinq ans, quand vous avez le pays le plus fort du monde contre vous, alors que vous avez les pays les plus riches du monde contre vous, et, en plus votre population que vous tueriez contre vous? Comment tenir dans ces conditions ? C’est irréaliste. Pour tenir il faut être soutenu par le peuple. Comment pourriez-vous avoir le soutien de votre peuple pendant que vous les tuez? Pouvez-vous expliquer cela ? non.

Donc, cela est faux, si vous voulez parler de victimes, toute guerre est une mauvaise guerre, il n’y a pas de bonne guerre, même si c’est pour une bonne cause, c’est une mauvaise guerre; et on doit l’éviter. Mais quand vous ne pouvez pas, la guerre tue; les armes sont faites pour tuer. Il y a toujours des victimes, et  des innocents qui payent dans quelque guerre que ce soit à travers l’histoire, mais quand à en avoir l’intention, comment voulez-vous les tuer quand vous voulez leur soutien?

(…) [Syriens fuyant vers l’Europe] : C’est très triste, surtout si on pense que chacun de ces Syriens qui ont quitté la Syrie a une très triste histoire derrière lui. Cela reflète les difficultés de la Syrie durant la crise. Regardons cette situation de façon rationnelle, c’est une perte, chacun d’entre eux est une ressource humaine qui quitte la Syrie, et cela va saper définitivement la société de notre pays, mais il faut traiter les causes profondes.

La question que devrait se poser chaque Européen, c’ est pourquoi l’ont-ils quittée?

Pour de nombreuses raisons: la première est que les terroristes les ont attaqués partout, soit directement, soit en s’attaquant aux  fondamentaux de la vie dans notre pays; infrastructures, mode de vie, besoins de base multiples et différents, et ainsi de suite. Le second est l’embargo européen, l’embargo européen a joué directement en faveur des terroristes, et ce qui était censé être au service des Syriens s’est révélé être contre les Syriens parce que chaque embargo, tout embargo affecte la population de tout pays. Beaucoup de gens ont quitté la Syrie parce qu’ils ne pouvaient  plus vivre ici, parce qu’ils ne disposaient plus des besoins fondamentaux de la vie, alors ils ont dû partir pour  l’Europe ou la Turquie ou tout autre pays.

(…) Je n’ai pas échoué en tant que leur chef, je n’ai pas détruit leurs infrastructures, je n’ai pas donné des armes aux  terroristes pour tuer et détruire. La question est: qui a fait ça? Les Européens et les Saoudiens et les Qataris.
(…)
Tout d’abord, une grande ou petite partie d’entre [les émigrés] ne sont pas des Syriens. A propos des Syriens, c’est un mixte, la majorité, disons, sont de bons Syriens, patriotes, des gens normaux, mais bien sûr, il y a des infiltrés terroristes parmi eux. C’est la vérité; combien? Nous ne pouvons pas dire, c’est difficile à dire, mais c’est la réalité, des preuves sont apportées sur internet, photos, vidéos qui prouvent que certaines personnes qui ont perpétré des meurtres ici et se sont parfois livrés à des décapitations sont partis pour l’Europe en tant que citoyens pacifiques 

C’est l’Europe qui nous exporte l’extrémisme.

(…) le problème de l’Europe est de savoir comment intégrer ces cultures dans leur société? Je pense que l’Europe a échoué, soit parce que c’est lié à l’Europe et à la façon dont elle traite  la situation, ou parce que les institutions wahhabites déploient leur argent pour le formatage des musulmans, je veux parler des musulmans en Europe, et des problèmes créés par l’extrémisme dans vos pays. En fait, dans notre crise, l’Europe exporte l’extrémisme chez nous. Donc, cela dépend de comment vous allez traiter cela, et je ne pense pas que cela va être facile de les intégrer.
(…) [le plus précieux à préserver en Syrie] c’est la laïcité, parce que la Syrie est un melting-pot. Bien sûr, la laïcité en Syrie est différente de la façon dont, à l’Ouest, en France en particulier, peut-être, on la comprend et l’aborde, comme étant opposée à la religion. En fait, la laïcité en Syrie est d’avoir la liberté de religions, de sectes et ethnies. Sans cela, ce ne serait pas la Syrie telle qu’elle a été pendant des siècles. Donc, ceci est la chose la plus importante que nous pouvons essayer de protéger. La deuxième chose est la modération, en raison de cette variété de facteurs différents dans cette société depuis des siècles, il faut de la modération.  Les terroristes travaillent maintenant à créer une nouvelle génération qui ne sache rien à propos de la modération. Ils vont devenir seulement des tueurs, des extrémistes, des fanatiques qui n’acceptent pas les autres, en à peine quelques années ce sera un vrai danger, comment pouvons-nous faire face à la nouvelle génération?  Ceci est le véritable défi auquel nous allons avoir à faire face.

(…)

[S’il fallait changer quelque chose du passé] : Beaucoup de gens en qui nous avions confiance et en lesquels nous n’aurions pas du avoir confiance. Voilà le plus gros problème, en Syrie et en dehors de la Syrie, comme Erdogan, par exemple dans le passé.  pendant le conflit dont nous avons découvert que de nombreux Syriens étaient fanatiques, qu’ils avaient des idéologies extrémistes comme celle des Frères musulmans et certains d’entre eux appartenaient à Al-Qaïda, et maintenant ils sont armés et combattent.(…)

En fait, ce qui est arrivé pendant la crise, alors que la plupart des pays européens ont adopté la propagande occidentale à l’encontre ce qui se passe en Syrie, votre pays a gardé son équilibre en ce qui concerne cette relation. Cela ne signifie pas que vous soutenez le gouvernement syrien ou que vous souteniez le président syrien. Cela signifie que vous jouez le rôle naturel que tout pays devrait jouer dans le maintien de la relation même avec les adversaires. Comment pouvez-vous jouer un rôle, comment pouvez-vous savoir ce qui se passe si vous ne disposez pas de relations? Ceci est un aspect. Le deuxième aspect est que la République tchèque est un petit pays qui fait partie de l’UE et la République tchèque était sous forte pression de nombreux pays de l’Ouest, y compris les Etats-Unis, qui la pressait de modifier, de changer sa position, qui peut, parfois, être seulement juste symbolique en gardant son ambassade ouverte. Cela pourrait être symbolique dans certains cas.

En dépit de cela, la République tchèque a voulu être indépendante. Voilà ce qui nous manque dans le monde aujourd’hui. La plupart des pays ne sont pas indépendants; la plupart des fonctionnaires officiels ne sont pas indépendants, en particulier dans l’Ouest. Un petit pays comme la République tchèque peut être indépendante, c’est ce qui force le respect, et a forcé le respect au sein de la Syrie, que nous soyons d’accord ou non avec leur position. Mais à la fin, nous les respectons.

Donc, il y a le respect, il y a un type de comportement d’homme d’Etat, disons, au regard des positions des politiques et des fonctionnaires, qui est très important pour nous. Maintenant, le troisième aspect, à cause de la crédibilité de vos positions, parce que de nombreux gouvernements européens reconnaissent aujourd’hui et comprennent  que vous aviez raison à propos de ce qui se passe en Syrie, sur le maintien de ce canal ouvert avec le gouvernement syrien, je pense que maintenant, ils ont besoin de votre expertise afin de les aider à retourner sur la bonne voie, en particulier en ce qui concerne l’aspect politique.

Czech TV: le président Zeman a actuellement mentionné la possibilité de signer un accord de paix syrienne à Prague. Soutenez-vous  cette idée?

Président Assad : Bien sûr, quel que soit l’effort pour promouvoir la solution de la crise en Syrie, émanant, en particulier, d’un gouvernement crédible, nous serons très heureux de coopérer avec, très certainement.

Czech TV: Mais la signification symbolique, je veux dire, comme les pourparlers de Genève, il y a des pourparlers à Vienne : signer à Prague serait-il  réaliste?

Président Assad : Oui, bien sûr, ce serait réaliste. Si vous demandez au peuple syrien, il dirait que je ne peux pas avoir une conférence de paix en France par exemple parce que la France soutient le terrorisme et soutient la guerre. Mais si vous mentionnez  Prague, il y aurait une acceptation générale de cette idée en raison de la position équilibrée de votre pays.

Czech TV: Après tout ça, tout ce qui est arrivé en Syrie dans les dernières quelques années, tout le monde a vu ces images horribles. Avez-vous des nuits agitées, avez-vous de mauvais rêves?

Président Assad : On vit avec cette tristesse quotidienne. Comment dire, on vit la souffrance du peuple sur une base quotidienne. Chaque heure, on a ces mauvaises nouvelles, de sorte que c’est devenu l’atmosphère quotidienne. Mais dans le même temps, le sentiment de défi, de challenge du peuple syrien devant ce qui se passe, non seulement avec les combats, les positions politiques, la vie quotidienne, mais l’exemple le plus important, ce sont les familles des martyrs dans notre pays. Ils ont une volonté de fer, et ils essaient de vivre autant que possible une vie normale, de sorte qu’on ne peut pas s’ immerger dans cette bulle de tristesse. Il faut apporter de l’espoir aux gens, être optimiste, résoudre les problèmes et ramener la Syrie à sa normalité.

(…)
Czech TV : Où voyez-vous la Syrie dans dix ans?

Président Assad : Dans dix ans, la seule option que nous ayons est de vaincre le terrorisme. Il n’y a en pas d’autre. Deuxièmement, maintenir la société laïque et ses différentes couleurs. Troisièmement, réformer la Syrie: ce que le peuple syrien veut quant à son système politique et son avenir, donc,  je pense que je l’ai dit, la chose la plus importante est la laïcité, deuxième, plus d’intégration qu’avant la crise, même s’il y a une intégration, mais on a toujours des flux dans les sociétés. Donc, voilà comment je vois les choses et, je l’espère, retrouver la prospérité.
(…)

Czech TV : Pendant cinq ans, il y a eu des discussions pour vous faire quitter votre poste. Parfois, il semble que ce ne soit pas une question de « si », mais de « quand ». Mais cinq ans après, vous êtes pourtant  toujours là. Qu’est-ce que vous avez que les dirigeants de l’Egypte, de la Tunisie, de la Libye n’ont pas?

Président Assad : Le soutien du public. Chaque fois que vous ne disposez pas de l’appui du public, vous ne pouvez pas réussir, vous échouerez.

Si vous voulez parler de ces présidents que vous avez mentionnés, ils ne bénéficiaient pas d’un soutien public. Et dans le même temps, ils ont eu, au tout début,  le soutien occidental, mais quand l’Occident a noté qu’il n’y avait plus l’appui du public, ils ont changé leurs positions et ils leur ont dit  vous devez partir, tandis qu’en Syrie, la seule chose qui m’a maintenu dans cette position est le soutien du peuple, rien d’autre.

Czech TV: Alors, peut-être tenez-vous dans l’histoire la place de l’ultime survivant?

Président Assad : Pas survivant, j’ai été très honnête avec les Syriens depuis le tout début. Je suis une personne très honnête. Deuxièmement, il est très important que les gens sachent qu’ils se battent pour leur pays et que vous combattiez avec eux, vous ne livrez pas votre propre guerre, ils ne se battent pas pour que je sois président, pour que je sois dans cette situation.

Je ne me bats pas pour être moi-même dans cette position. C’est quelque chose qu’ils savent très bien à mon sujet; sinon, si c’est ma guerre, s’il s’agit de garder ma position, personne ne va combattre, vous n’auriez pas ces personnes qui se battraient et perdraient leur vie pour ça.

Czech TV : La dernière question, le plus difficile, quand-y-aura-t-il la paix en Syrie?

Président Assad : Lorsque ces pays que j’avais mentionné: la France, le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Arabie Saoudite, Qatar, et quelques autres cesseront de soutenir les terroristes, le lendemain, la situation sera meilleure et, en quelques mois, il y aura  la paix complète en Syrie.

(…) En dépit de ces obstacles, nous allons gagner, mais quant à la date, c’est difficile de répondre.

Czech TV : Êtes-vous optimiste à ce sujet?

Président Assad : Bien sûr, certainement; autrement, nous n’aurions pas combattu. Si nous n’avions pas d’espoir, nous n’aurions pas combattu toute cette guerre comme Syriens.

(…)

Même sujet: Hollande, le pompier pyromane, livre des armes à ceux qu’il prétend combattre – Vidéo France2

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