Le Sébastopol et le Vladivostok côte à côte à Saint-Nazaire
Nous avons déjà vu les palinodies et autres contorsions auxquelles s’est livré François Hollande pour dissimuler sa débâcle dans l’affaire lamentable et déshonorante des Mistrals. Dernièrement, face à l’incrédulité générale, il faisait préciser que la facture du remboursement des Mistrals n’atteindrait pas le milliard d’Euros. Sans compter tout le reste évidemment! Un accord de rupture de contrat qui ne devrait pas tarder d’être présentée à l’Assemblée pour approbation. Pourquoi est-il nécessaire d’approuver puisque de toute façon, le montant de la facture a déjà été réglé ? Il est donc fort probable que la majorité présidentielle approuvera cet épilogue. Mais peut-on parler d’ épilogue quand on est loin de connaître toutes les retombées que cette lamentable soumission à l’empire US vont produire sur la crédibilité de la signature de la République au bas d’un contrat ?
Pour faire passer la pilule à la classe politique et à l’opinion française, les services de la République cherchent de nouveaux acheteurs pour ses deux navires Mistral commandés et construits spécifiquement pour la Russie, avec des normes et du matériel russe. En effet l’élaboration et la construction des Mistrals n’étaient qu’une partie d’un partenariat qui prévoyait par ailleurs l’élaboration et la construction d’hélicoptères spécifiquement conçus pour équiper les navires Mistrals, ainsi que divers autres équipements tels que le système de géolocalisation GLONASS, les appareils de communication, de cryptage, les radars, la double coque prévue pour la navigation polaire.
Justement, le hasard faisant bien les choses, Obama a manifesté aujourd’hui même, en Alaska, son intention de combler les besoins des USA en navires adaptés au Pôle nord; ne serait-il pas client ? après tout, c’est lui qui en a interdit la livraison. On imagine que les Russes ne verraient pas forcément d’un bon œil ce marché, et qu’Obama doit bien rire des embarras d’Hollande. Néanmoins en imaginant qu’il soit client, il devrait traiter avec la Russie, soit pour l’achat des hélicoptères, soit pour d’autres équipements, afin de pouvoir exploiter ces navires. Une double-coque prévue pour la glace serait-elle bien pertinente en Malaisie, en Égypte, en Arabie, en Inde, au Brésil, au Vietnam, dans le Golfe persique ? Tous ces pays que l’Élysée nous présente comme de potentiels acheteurs ?.. A moins que ce ne soit pour les réduire en ferraille ?
Ainsi le remboursement total par la France de l’acompte versé par la Russie ne clos pas complètement l’affaire. Moscou continue de suivre attentivement le dossier et les contacts se poursuivent entre les deux pays. Une équipe russe est venue discuter et surveiller le démontage et l’expédition à bon port en Russie des équipements russes installés sur les porte-hélicoptères dans le cadre du contrat qui n’a pas été honoré alors que les Mistrals étaient fin prêts à être livrés.
Le Vladivostok
Moscou envisage par ailleurs de vendre aux acheteurs potentiels des porte-hélicoptères français, ses hélicoptères de combat Ka-52K qui ont été conçus spécialement pour le projet. Que serait un porte-hélicoptère, sans hélicoptères ? Si les hélicoptères Ka-52K ont été développés spécifiquement pour les Mistral, les Mistrals, eux, ont réciproquement été construits spécifiquement pour ce type d’hélicoptères. De ce fait les Mistrals risquent de devenir des concurrent potentiels du modèle russe qui ne devrait pas tarder de voir le jour; en effet, la marine russe qui a les hélicoptères doit désirer les porte-hélicoptères conçus spécifiquement… Maintenant qu’elle a les plans, elle aurait tort de se priver…
« Le sort des deux porte-hélicoptères est directement lié aux projets de commercialisation des hélicoptères de combat Ka-52K, qui ont été initialement produits et destinés spécialement pour être déployés à bord des Mistral russes », rapporte le quotidien russe Kommersant citant une source proche du dossier.
Ainsi, pour le cas où des candidats émettaient de réelles intentions d’acheter les navires français, les russes pourraient exiger qu’ils les équipent d’hélicoptères conçus à cet effet et en cas de refus, ils pourraient user de leur droit de veto, ce qui n’arrangerait sans doute pas les affaires de Hollande, mais cela lui donnerait une nouvelle fois l’occasion d’exercer sa fertile imagination pour nous raconter une nouvelle fable.
Selon l’Elysée, l’Inde, la Malaisie, le Brésil, les Emirats arabes unis, le Vietnam, l’Egypte et l’Arabie saoudite, – et peut-être même la Centrafrique, qui sait? – seraient intéressés. Mais ces candidats à l’achat des Mistrals ne semblent être que des leurres relevant de l’« art » de la communication élyséenne…Probablement, ces superbes navires, œuvres et ambassadeurs des chantiers de Saint-Nazaire et du savoir-faire français, finiront en morceaux pour libérer les bassins de construction dont la location augmente, chaque jour qui passe, le prix de la facture, avant d’être vendus au poids de la ferraille.
Le Ka-52K « Katran » est une version navalisée du Ka-52 destiné à être embarquée à bord des BPC de classe Mistral. Le Ka-52K bénéficie de pales et d’ailes repliables, d’un train d’atterrissage renforcé, d’un traitement anti-corrosion, ainsi que de nouvelles capacités comme la lutte anti-navire. Contrairement à son homologue le Ka-52 «Alligator», le Ka-52K emportera la version bibande du radar «Arbalet» avec un capteur en bande Ka (cibles terrestres) et un autre en bande X pour les cibles marines. En matière d’armement, cet appareil recevra le missile air-mer Kh-35UV anti-navires, avec une portée de 300 km, ou deux Kh-38 air-surface avec une plage de 40 km en plus de l’armement classique de l’Alligator.
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