Mgr Athanase Schneider a donné une interview au blog rorate-coeli dans laquelle il livre quelques informations.

On y apprend tout d’abord que le Saint Siège lui a demandé de visiter les deux séminaires de la FSSPX, et que outre les discussions qui y ont eu lieu, cette mission avait visiblement une valeur d’évaluation :

« Le Saint Siège m’a demandé de visiter les deux [séminaires] de la FSSPX, en vue de mener une discussion sur un sujet théologique spécifique, avec un groupe de théologiens de la FSSPX et avec Son Excellence Mgr Fellay. Pour moi, cela montre que le Saint Siège ne tient pas la FSSPX pour une réalité ecclesiale négligeable, mais qu’elle doit être prise au sérieux. Je garde une bonne impression de mes visites. J’ai pu observer une réalité saine dans ces deux [séminaires], aussi bien théologique, spirituelle, qu’humaine. Le “sentire cum ecclesia” de la FSSPX est illustré par le fait que j’ai été reçu avec un vrai respect, et cordialement, en tant qu’envoyé du Saint Siège. De plus, j’ai vu avec plaisir que dans les deux endroits, il y avait à l’entrée une photo du pape François, le Pontife régnant. Dans les sacristies, il y avait des plaques avec le nom du pape François et de l’évêque diocésain de lieu. J’ai été touché d’assister au chant traditionnel pour le pape (“Oremus pro pontifice nostro Francisco…”) lors de l’exposition solennelle du Saint Sacrement. »

Or il n’y a là rien de nouveau sous le soleil. La situation est la même depuis 40 ans sans que les autorités romaines n’en n’ignorent rien. Vient ensuite la problématique théologique, qui ne serait que pastorale selon Mgr Schneider :

« Il n’y a pas, à ma connaissance, de raisons majeures pour refuser la reconnaissance canonique officielle au clergé et aux fidèles de la FSSPX, en même temps qu’ils devraient être acceptés tels qu’ils sont. C’était du reste la demande de l’archevêque Lefebvre au Saint Siège: « Acceptez-nous tels que nous sommes ».

Je crois que la question de Vatican II ne doit pas être une “conditio sine qua non”, dans la mesure où c’était une assemblée de caractère pastoral, à visée pastorale. Une partie des déclarations conciliaires ne reflète que leur époque, et leur valeur est temporaire, comme pour tout document pastoral ou disciplinaire. Au regard de la perspective bi-millénaire de l’Eglise, on peut dire que les deux parties (le Saint Siège et la FSSPX) sur-évaluent et sur-estiment une réalité pastorale de l’Eglise, qui est Vatican II. »

Il y a donc une exclusion de la FSSPX depuis 40 ans mais sans raison nous dit-on. De tels propos sont sans doute bienveillants vis-à-vis de la FSSPX et visent à la faire reconnaître pleinement catholique, mais il faut bien admettre que ces aimables pensées ne sont pas conformes à la réalité. La réalité est que le concile Vatican II a introduit des nouveautés dans l’Eglise au niveau théologique, nouveautés en opposition avec le Magistère de l’Eglise. Et cela Mgr Schneider n’en parle pas ; ce n’est pas parce qu’un concile se veut pastoral qu’il peut se permettre d’être en contradiction avec la doctrine. Cette Eglise conciliaire applique ce changement de doctrine voulu par le concile :

– Jean XXIII qui anathémisa les prophètes de malheur pour mieux ouvrir les fenêtres de l’Eglise sur un monde qu’il faut regarder avec complaisance

– Paul VI qui sacrifia des pans entiers de Tradition pour une meilleure adaptation à une humanité devenue adulte capable d’expérimenter par elle-même sa rencontre avec Dieu

– Jean-Paul II, chantre de la liberté religieuse et du dialogue interreligieux à qui nous devons Assise, le baiser du Coran et la participation aux cultes hérétiques et païens

– Benoît XVI qui souhaitant proposer une herméneutique moins dévastatrice du Concile, proposa de distinguer le Concile des médias, progressiste et sécularisant, avec le vrai Concile qui se serait un peu perdu et conforme avec la Tradition de l’Eglise.

– Et maintenant le pape François, qui fait de la notion du bien et du mal une appréciation subjective de la conscience de chaque homme et qui à l’intention de donner la communion aux divorcés-remariés et que les homosexuels ne soient plus « discriminés » par l’Eglise.

Le Synode catastrophique qui s’est déroulé à Rome en octobre 2014 et qui doit se poursuivre en 2015 applique aux mœurs la révolution voulue par le Concile au niveau de la Foi. Les attaques récurrentes contre le mariage par des cardinaux de premier plan qui veulent modifier la doctrine de l’Eglise se font dans l’impunité la plus totale.

Et Mgr Schneider de lâcher :

« Sinon, l’ouverture pastorale et œcuménique de l’Eglise contemporaine, qui a été maintes fois répétée, perdra manifestement sa crédibilité, et l’histoire reprochera un jour aux autorités actuelles d’avoir « imposé à ses frères plus de charge que nécessaire » (cf Actes 15:28), ce qui est contraire à la méthode des Apôtres. »

Le voilà donc le but avoué : l’objectif n’est pas de lever le cordon sanitaire autour de la FSSPX pour que celle-ci puisse participer au renouveau de l’Eglise, mais l’incorporer au sein de cette nouvelle Eglise issue du concile Vatican II au nom de œcuménisme. Il y aurait là un piège très mortel. Mgr Lefebvre d’ailleurs en son temps, quand il vit qu’il n’y avait aucune volonté de Rome de revenir à la Tradition refusa toute collaboration avec les autorités modernistes :

« Même si vous nous accordez un évêque, même si vous nous accordez une certaine autonomie par rapport aux évêques, même si vous nous accordez toute la liturgie de 1962, si vous nous accordez de continuer les séminaires et la Fraternité, comme nous le faisons maintenant, nous ne pourrons pas collaborer, c’est impossible, impossible, parce que nous travaillons dans des directions diamétralement opposées. Vous, vous travaillez à la déchristianisation de la société, de la personne humaine et de l’Église, et nous, nous travaillons à la christianisation. On ne peut pas s’entendre ! Rome a perdu la foi, mes chers amis. Rome est dans l’apostasie. Ce ne sont pas des paroles, ce ne sont pas des mots en l’air que je vous dis. C’est la vérité. Rome est dans l’apostasie. On ne peut plus avoir confiance dans ce monde-là, Il a quitté l’Église, Ils ont quitté l’Église, Ils quittent l’Église. C’est sûr, sûr, sûr.» Mgr Lefebvre, le 4 octobre 1987

Le dernier texte publié par le Vatican en vue du Synode, Instumentum laboris, le montre à l’envie.

En réalité la question n’est pas celle de la FSSPX ; regarder les choses sous cet angle c’est se détourner du véritable problème : celui du concile Vatican II. Ses fruits « miraculeux » sont désormais connus, visibles pour tous : liturgie anthropocentrique, Eglise sécularisée, relativisme, abandon de la pratique, séminaires vides et vocations détruites, dogmes niés et oubliés…A quand la remise en cause de ce Concile pour le véritable bien de l’Eglise ? Et d’ailleurs si ce concile n’est que pastoral comme le prétend Mgr Schneider, qu’est-ce qui empêche de le remettre en cause ? A moins qu’il ne soit pastoral que lorsqu’il s’agit d’obtenir un accord suicidaire pour la FSSPX…

Xavier Celtillos

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