Dans un article paru lundi dernier 10 août, nous annoncions que le total de la facture des Mistrals allait s’alourdir encore durant des années en raison de la résonance désastreuse de cette rupture de contrat au moment de sa livraison, et qu’autour de cette affaire l’Elysée ne cesse de mentir pour faire avaler la pilule très très salée aux Français. Hollande annonçait avec hauteur, il y a quelques jours, comme le montre la vidéo ci-dessous, que la facture s’élèverait à moins de 1,2 milliards, précisant que la Russie n’exigerait, ni aggios, ni dédommagement de ses sommes immobilisée et de son temps et ses efforts mobilisés, allant même jusqu’à préciser que « la France n’aura aucun frais supplémentaire lié à la rupture de ce contrat. »
François Hollande : , «Aucune difficulté à trouver preneur pour ces bateaux», « la France n’aura aucun frais supplémentaire lié à la rupture de ce contrat. »
«La France n’aura à verser aucune pénalité, la France n’aura aucun frais supplémentaire lié à la rupture de ce contrat», a souligné le 6 août le chef de l’Etat.
Or «la facture de la vente annulée devrait dépasser 2 milliards d’euros», assurait hier, le Canard Enchainé , qui fait:
Une première addition:
+ 896 millions d’euros versées par la Russie, ce qui constitue la somme plancher à rembourser
+ 100 millions d’euros liés au remboursement des frais engagés pour l’aménagement du port de Vladivostok.
+ le coût de l’adaptation en version maritime des hélicoptères russes, non chiffré
+ le coût de la formation de 400 marins pendant un an et demi, non chiffré.
+ 200 millions d’euros pour le démontage des équipements russes.
+ 5 millions d’euros, d’entretien et gardiennage des navires à quai à Saint-Nazaire
+ 250 millions d’euros de dédommagement dû par l’Etat à la DCNS, le groupe de défense public français qu’elle devait retirer de ce contrat.
Mais ce n’est pas tout…
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait affirmé que l’accord conclu est:
«le meilleur possible, puisque la Russie sera remboursée à l’euro-l’euro des engagements financiers qu’elle a pu mobiliser. Seul, l’argent russe déboursé est remboursé.»
En réalité, le chèque serait d’un montant deux fois supérieur, affirme le Parisien de mercredi et devrait s’élever au double, soit 2,4 milliards d’euros. Il est utile de préciser toutefois, que l’argent versé par la Russie pour l’achat des deux porte-hélicoptères, n’a pas été thésaurisé, mais a déjà été dépensé, ne serait-ce qu’en coût de construction, main d’œuvre, matériel etc.. Les montants inhérents au dédommagement de la Russie, forment donc une somme globale qu’il faut tirer, une nouvelle fois, du budget de la France, c’est-à-dire du porte-feuille des Français!
Un chiffrage [donné ci-dessus], qualifié d’«approximation» au ministère de la Défense, qui ne prend pas en compte, écrit encore le Canard enchaîné, les frais de maintenance sur 30 ans prévus dans le contrat, estimés à, au moins 400 millions d’euros, la fourniture d’autres navires prévue avec la Russie et les transferts de technologies consentis qui pourraient mettre les chantiers OSK de Saint-Petersbourg en mesure de construire et d’équiper eux-mêmes les bâtiments de type Mistral.
Des frais en cascade, des méventes en chaines, et un transfert de technologie que nous évoquions, pour notre part, dés lundi 10 août.
Encore, cette addition fort salée, ne tient-elle pas compte du désengagement de l’Inde sur l’achat des 126 chasseurs Rafales, en raison de la non-fiabilité de la signature de la République qui a refusé d’honorer ses contrats avec la Russie. Et combien d’autres clients potentiels encore, dont la Russie n’est pas le moindre, qui se détourneront à l’avenir de toute tentations d’acheter français ?
Le coût réel de l’annulation du contrat a été mis noir sur blanc lors de sa signature par Nicolas Sarkozy. La vente à la Russie des BPC-Mistrals faisant partie du crédit du précédent gouvernement, tout comme, d’ailleurs, les 126 rafales à l’Inde. François Hollande avait promis que «le Parlement français sera saisi d’un projet de loi pour ratifier cet accord». Accord qui doit être soumis au Parlement dés le 14 septembre.
Combien de mensonges recélera le document présenté au Parlement?
Au ministère de la Défense, on indique, à ce sujet, que le coût final de l’opération pour l’Etat est «non prévisible aujourd’hui puisqu’il est lié au coût de revente des navires, par définition non fixé à ce jour et aux accords passés avec les clients finaux d’autre part. A cet égard, un certain nombre de pays ont déjà fait connaître leur intérêt pour ces deux bâtiments.»… Hum, hum… autant d’affirmations gratuites, pour mieux faire passer le désastre national! François Hollande, toujours hâbleur, a estimé le 6 août que la France n’aurait «aucune difficulté» à trouver des acheteurs. Des pays comme l’Egypte, l’Arabie saoudite ou le Brésil serait sur les rangs.
Dans notre article de lundi, le général égyptien Mahmoud Khalaf, réagissait à ces fanfaronnades gouvernementales, pour les démentir et en démontrer l’absurdité:
« J’ai été énormément surpris par cette information parue dans les médias. (…) Il est difficile de s’imaginer que l’Egypte mènerait des opérations militaires là où on aurait besoin de porte-hélicoptères. Sur les côtes de la mer rouge ou de la mer Méditerranée il y a des pays arabes, c’est pourquoi l’Egypte et l’Arabie saoudite n’ont pas besoin de navires pareils dans ces plans d’eau », « le type des armes achetées par le pays dépend toujours des régions ou la conduite des opérations militaires est possible mais aussi des sources d’une menace potentielle. C’est pourquoi il est certain que ni l’Egypte, ni l’Arabie saoudite ne seront les repreneurs des Mistral », a-t-il ajouté. (Source)
La réalité est à présent que nous ne savons même plus ce que la France doit réellement et concrètement à la Russie. Ce qui est certain c’est qu’elle ne peut pas lui rendre moins qu’elle n’a reçu et que si les Russes ne demandent pas de dédommagements en euros, c’est qu’ils en ont d’autres par ailleurs. Car s’il y a bien une leçon à retirer de la farce tragique des Mistrals, c’est que Vladimir Poutine, domine de très haut le pantin de l’Elysée.
La probabilité, c’est qu’en raison du coût engendré pour remplacer les équipements russes rendus à nos frais à la Russie, afin de les mettre aux normes d’un éventuel pays repreneur, les navires seront démontés et vendus au prix de la ferraille, pour faire cesser le coût de leur immobilisation dans les bassins des chantiers de Saint-Nazaire, et aussi… pour faire disparaître le rappel de la honte plus grande encore que les BPC-Mistrals accotés à Saint-Nazaire, de cette soumission infâme aux USA.
Conclusion provisoire
En plus de ce que la France va verser (ou a déjà versé?) à la Russie directement, pour la rupture de contrat, il y a tous les frais énumérés ci-dessus, plus tous les frais annexes: la mévente des 126 Rafales à l’Inde, la perte de la clientèle de la Russie, toutes les méventes « in-chiffrables » qui en découleront du fait de la perte de crédit de la France comme marchand d’armes, sa perte de crédibilité comme puissance mondiale du fait de sa soumission aux USA, et pire que tout le déshonneur, non pas celui du Président de la République, qui ne pèse pas lourd, mais celui de la France et la honte des Français, une fois de plus humiliés.
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