Les affrontements entre la Turquie et les forces arabo-kurdes soutenues par les États-Unis en Syrie sont « inacceptables », a annoncé le Pentagone américain, appelant toutes les parties à « cesser » les combats.
« Nous suivons de près les informations faisant état de combats (…) entre les forces armées turques, des groupes de l’opposition (pro-Ankara, ndlr) et des unités affiliées aux Forces syriennes démocratiques (FDS) », « Nous voulons préciser que ces combats sont inacceptables et suscitent notre profonde inquiétude », a annoncé le quartier général du département américain de la Défense dans un communiqué obtenu par l’AFP lundi, il se référait aux FDS, une alliance antidjihadiste soutenue par les Américains et dominée par les Kurdes mais qui comprend également des combattants arabes. Rapporte la Radio-Télévision Suisse.
Brett McGurk a ajouté: « Les FDS ont montré qu’elles étaient une force fiable et compétente. Notre soutien aux FDS dans leur lutte contre le groupe EI est toujours d’actualité, et nous allons continuer à les appuyer. Ils se sont battus et se sont sacrifiés pour essayer de débarrasser la Syrie de ce groupe haineux », a encore souligné le Pentagone.« Les États-Unis ne sont pas impliqués dans ces activités (…) nous ne les soutenons pas », a-t-il affirmé, avant d’appeler les différentes parties « à prendre des mesures appropriées pour cesser les combats. »
Opération Bouclier de l’Euphrate
Sergeï Lavrov, le chef de la diplomatie russe a déclaré ces derniers jours que la partie kurde de la Syrie avait vocation à rester partie intégrante du pays, ce qui ne peut que satisfaire à la fois Assad et Erdogan qui ne veulent ni l’un ni l’autre d’un Kurdistan indépendant. Une raison de plus de sentir derrière cette intervention turque, le souffle de Moscou, ou tout au moins la garantie de sa neutralité.
Erdogan, un allié des USA très indocile
Quant à Obama, à peine encore président en raison de la campagne électorale qui bat son plein aux USA, il n’est pas en mesure de maîtriser son allié turc, qu’il n’a jamais vraiment réussi à maîtriser du reste… Cela apporterait d’ailleurs des arguments à ceux qui voient la main de Washington, derrière le coup d’État en Turquie, Erdogan étant un allié bien peu maniable, contrairement à l’UE.
La présence turque sur le sol syrien pourrait aussi soulever des craintes en cas de volonté expansionniste ottomane. Mais les divisions qui existent actuellement dans le pays et son retour à de bonnes relations avec la Russie dont les sanctions avaient rendu le pays exsangue, rendent cette menace assez peu inquiétante. Tout va si vite dans cette guerre moyen-orientale, la Turquie ayant déjà rompu ses engagements vis-à-vis de la Russie, qu’il faut rester attentif sur ce point comme sur les autres.
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Cependant, cette volte-face d’Erdogan, si elle se confirmait, aurait deux incidences heureuses: l’une pour l’Union européenne qui verrait s’éloigner le projet d’entrée de la Turquie dans l’UE, l’autre pour la Syrie dont la libération pourrait s’accélérer.
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emiliedefresne@medias-presse.info
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