J SAPIR

Après qu’elle eut évincé Jean-Marie Le Pen, Jacques Sapir appelle Marine Le Pen à évincer Marion Maréchal-Le Pen. Si le Front national a DÉJÀ été infiltré par la gauche, Jacques Sapir ne tenterait-il pas l’ ultime estocade pour le faire phagocyter ? En effet Jacques Sapir agit comme un parfait disciple de Machiavel: « Divide et impera » – Diviser pour que l’Internationale anti-chrétienne règne.

Jacques Sapir est un économiste de renom, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), connu pour son euroscepticisme, il avait même déclaré récemment que si la France revenait au Franc, « une baisse du chômage des 2/3 constitue une prévision robuste et crédible. »   Il avait aussi appelé il y a peu à la constitution d’un Front de libération nationale allant du Front de gauche au Front National. 

Autant de déclarations propres à entretenir la confusion dans les esprits en quête d’identité. Une confusion à présent dissipée dans son livre: Souveraineté, démocratie, laïcité dans lequel il a clarifié sa position et l’a résumée dans un entretien qu’il a donné au Figaro le 31 janvier. Clairement, son coeur bat à Gauche du côté de Podemos (Espagne) ou de Syriza (Grèce), à l’unisson avec Jean-Luc Mélenchon. Mais le plus révélateur de l’affaire c’est le pari hardi qu’il semble s’être fait de faire évoluer le Front national vers le Front républicain, alors que le Front national écrase de façon magistral le Front républicain à chaque élection, à tel point que celui-ci aurait quasiment disparu, n’était son soutien médiatique.

Quand on sait que Florian Philippot est issu du socialisme de Jean-Pierre Chevènement, le pas ne paraît pas bien grand jusqu’à Mélenchon. Aussi audacieux est-il, le pari semble jouable, d’autant plus que sur certains points clefs qu’il cite dans l’interview, le FN a déjà amorcé un recul spectaculaire, notamment sur l’avortement. Jacques Sapir, surfant sur la sortie de l’euro semble s’être assigné la tache de faire chavirer le Front national vers un mondialisme marxiste avec pour grand principe la négation d’un « «peuple européen»  […] comme «blanc» et comme «chrétien» ».

Voici quelques extraits révélateurs:

« L’idée d’un Front de Libération Nationale qui permette aux Français, mais aussi aux Italiens ou aux Espagnols ou aux Grecs de se libérer de l’Union européenne reste le cadre de réflexion prioritaire. »

« Le Front national n’a toujours pas évolué sur des points qui me semblent essentiels, comme la division du salariat (…) qu’implique la «préférence nationale» dans les emplois du secteur marchand, ou sur son rapport à la laïcité et à l’Islam. La balle est donc dans son camp. On a même vu apparaître, chez certains de ses dirigeants, de nouveaux thèmes qui posent problème, comme les positions de Mme Marion Maréchal-Le Pen sur l’avortement. Une clarification sur l’ensemble de ces points est nécessaire. »

« Si la question de la souveraineté est essentielle, et cela je l’ai affirmé depuis des années, cette question implique d’avoir une pensée claire sur ce qui constitue le peuple et sur les conditions politiques de son unité. En fait, les positions de type «identitaires» que certains défendent sont – quant à elles – parfaitement cohérentes avec une certaine vision de l’Union européenne et de l’euro. En un sens, elles constituent même LA cohérence profonde de l’attachement politique à la monnaie unique à travers la construction de ce mythe d’un «peuple européen» que l’on ne peut définir hors de toute historicisation et de toute politique que comme «blanc» et comme «chrétien». En réalité, la critique que j’articule depuis des années contre l’euro et contre les dérives anti-démocratiques de l’Union européenne est aussi une critique contre les fondements identitaires de ces institutions. En effet, soit l’euro et l’UE sont des constructions sans discours idéologique, et on sait que sur le plan purement technique ces constructions ne résistent pas à la critique, soit elles doivent se doter d’une traduction idéologique, et la seule qui leur corresponde est le discours identitaire. »

On notera avec quel sophisme Jacques Sapir inverse la notion d’identité. Selon lui, le fondement de l’Europe qu’il qualifie lui-même de « chrétien » et « Blanc » serait le garant de l’Union européenne et de l’Euro… Un argument auquel vous n’aviez pas songé? Sans doute n’êtes-vous pas assez machiavélique pour cela,  tant l’Union européenne s’oppose à tout ce qui est « blanc » et « chrétien », à toute référence à l’identité chrétienne de l’Europe. Cette Union européenne qui est en train de génocider par sa politique de mort la population autochtone de tout ce qui est « blanc » et « chrétien » en elle en la remplaçant par des immigrés musulmans…  L’UE aurait-elle une idéologie, même sous-jacente, identitaire? Ce serait une bonne nouvelle si malheureusement tous les faits ne démontraient le contraire.

« D’une part nous avons le discours que tient Mme Marion Le Pen et qui constitue l’exemple type de confusion entre les valeurs et les principes. Nous avons aussi les propos de M. David Rachline, élu du Front national, qui s’oppose à la construction de mosquées. C’est une attitude stupide. Autant l’État doit se préoccuper des conditions de financement par l’étranger des mosquées, des discours tenus par les prédicateurs quand ils mettent en cause la paix civile, autant le droit pour des croyants de construire des lieux de culte ne saurait être remis en cause. L’attitude de Monsieur Rachline est stupide car l’interdiction de construction des mosquées aboutira à la naissance d’un «islam des caves» entièrement livré au fanatisme de prédicateurs sectaires. » Poursuit-il sur le même registre.

C’est ce grand argument de « l’Islam des caves » qui a servi à Nicolas Sarkozy pour créer de toute pièce un « Conseil Français du Culte Musulman » lorsqu’il était Ministre de l’Intérieur. Cet organisme étranger à la religion musulmane est à l’origine des constructions de masse de mosquées en France. Depuis cette date les attentats islamistes n’ont plus cessé de progresser en intensité dans le pays… Preuve s’il en était, que loin de calmer les vélléités religieuses identitaires des musulmans, les mosquées ne font que les exaspérer. Par ailleurs David Rachline s’est appuyé sur des arguments juridiques concrets pour contester la construction sauvage d’une mosquée à Fréjus. M. Sapir voudrait donc qu’aucune loi, si faible soit-elle, ne vienne contrôler la construction des mosquées ?

Il se plaint ensuite du « discours de gauche sur l’islamophobie », non pour regretter son injustice flagrante, mais parce que cela ne sert pas l’Islam:

« nous avons aussi un discours «de gauche» sur l’islamophobie, qui est tout aussi condamnable, et tout aussi stupide. A vouloir en effet combattre une soi-disant «islamophobie» on peut aussi préparer le terrain à une mise hors débat de l’Islam et des autres religions. Et là, c’est une erreur grave, dont les conséquences pourraient être terribles. »

A propos de la politique de mort:

« La GPA ouvre une brèche importante dans le principe de non-marchandisation du corps, et c’est pourquoi je la refuse, que ce soit pour des couples homosexuels ou hétérosexuels. Par contre, la généralisation du mariage aboutit à considérer que nous avons tous, et ce quelle que soit notre «orientation sexuelle», les mêmes droits. En ce qui concerne «la Manif pour tous», je suis parfaitement conscient que de nombreux militants ne se mobilisaient que contre le principe de la GPA. Mais, faute d’avoir tenu un discours suffisamment clair, ce mouvement a pu être récupéré en partie par des extrémistes homophobes. Quels que soient mes doutes personnels sur la formule dite du «mariage pour tous», et il est possible qu’une meilleure formule ait pu être l’extension du mécanisme juridique du PACS, le principe de l’égalité des droits l’a emporté. Et cette décision de principe je l’approuve. Mais, il faut maintenant dire très clairement qu’il n’est pas question que la France cède et reconnaisse, du moins dans le droit, la GPA. Car, si l’on cède sur ce principe viendra rapidement ensuite celui de la légalisation du trafic d’organes. Toute société a besoin de tabous. Je pense que la question de la marchandisation des corps est un tabou essentiel.

Mais, on peut avoir une lecture complémentaire à cette question. D’une part, on a voulu étendre des droits alors que d’autre, comme la liberté pour une femme de choisir ou non d’avoir un enfant est de plus en plus contestée dans les faits. Il ne faut pas l’ignorer: la loi sur la contraception et l’avortement est de plus en plus ouvertement remise en cause. Or, cette loi est un élément fondamental, sur lequel il ne faut pas transiger, de l’égalité entre les femmes et les hommes. Est-ce que cela ne voudrait pas dire que les initiateurs du «mariage pour tous» étaient plus intéressés par une mesure largement symbolique au détriment de l’exercice réel d’un droit existant? D’autre part, on constate qu’à propos de la loi sur le «mariage pour tous» on a assisté à une confusion entre le monde des valeurs et celui des principes. Cette confusion, initiée entre autres par la fondation Terra Nova, a été reprise par certains des partisans de la «Manif pour tous». J’analyse dans mon ouvrage Souveraineté, Démocratie, Laïcité cette confusion comme une régression de la démocratie, car elle aboutit à la négation du principe de séparation entre sphère privée et vie publique.« 

« Le principe de séparation entre sphère privée et vie publique » est un principe issu de la Révolution qui appartient au régime républicain, mais certainement pas à la France qui est née du baptême de Clovis, n’en déplaise à M. Sapir. La France transcende les régimes.

A propos de l’erreur du discours économique du FN, il lui reproche de n’être pas encore assez à gauche:

« Le problème, pour le Front national, est plus de mettre son discours économique totalement en cohérence avec l’idée d’une sortie de l’euro. Ce que les électeurs ressentent, et ils n’ont pas tort, c’est la présence d’incohérences discursives dans le discours économique du Front national. S’il y a un plafond de verre, et ce soi-disant plafond semble se déplacer d’élection en élection, il provient donc bien plus de l’incohérence d’un discours qui n’assume pas toutes les conséquences de sa revendication d’une souveraineté monétaire en matière d’organisation de l’économie. Mais, aller jusqu’au bout de la logique impliquera de rompre complètement avec le discours hérité du passé. Et en particulier, d’avoir une position claire sur la «préférence nationale» dans le domaine du travail. »

Même si dans cette longue interview Jacques Sapir donne certains arguments sur lesquels les catholiques pourraient se retrouver, sur les points essentiels l’économiste se positionne surtout comme un militant marxiste dont le discours relève clairement d’une tentative de briser ce qu’il reste de national dans le Front et de chrétien dans la France.

Emilie Defresne

emiliedefresne@medias-presse.info

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