LSN: L’Église peut-elle admettre les couples remariés à la Sainte Communion, même si leur deuxième mariage n’est pas valide aux yeux de l’Église?
CB: Ce serait possible si les couples en question décidaient de vivre dans le futur comme frère et sœur. Cette solution mérite spécialement d’être considérée lorsque le soin des enfants ne permet pas une séparation. La décision de ce chemin serait une expression convaincante de pénitence pour le précédent acte d’adultère prolongé.
LSN: L’Église peut-elle traiter la question du mariage d’une manière pastorale différente de l’enseignement constant de l’Église? L’Église peut-elle changer ce même enseignement sans tomber elle-même dans l’hérésie?
CB: Il est évident que la pratique pastorale de l’Église ne peut pas être en opposition avec la doctrine obligatoire, ni l’ignorer. De la même façon, un architecte pourrait peut-être bâtir un très beau pont, mais s’il ne fait pas attention aux lois de l’ingénierie, il risque l’effondrement de la structure. De la même manière, toute pratique pastorale doit suivre la Parole de Dieu si elle ne veut pas échouer. Un changement de l’enseignement, du dogme, est impensable. Celui qui néanmoins le fait consciemment, ou qui le demande avec insistance, est un hérétique, même s’il revêt la Pourpre Romaine.
LSN: Toute la discussion sur l’admission des remariés à la Sainte Eucharistie, n’est-elle pas aussi l’expression du fait que de nombreux Catholiques ne croient plus en la Présence Réelle et pensent plutôt qu’ils reçoivent dans la Sainte Communion juste un morceau de pain.
CB: Il y a en effet une contradiction interne indissoluble chez celui qui veut recevoir le Corps et Sang du Christ et s’unir à Lui, alors qu’en même temps il néglige consciemment Son Commandement. Comment cela peut-il marcher? Saint Paul dit à ce propos: « Celui qui mange et boit indignement, mange et boit son propre jugement… » Mais vous avez raison.
Une bonne partie des Catholiques ne croient plus en la Présence Réelle du Christ dans l’Hostie consacrée. On peut voir cela déjà dans de fait que de nombreuses personnes – même des prêtres – passent devant le tabernacle sans génuflexion.LSN: Pourquoi y a-t-il aujourd’hui dans l’Église une si forte attaque contre l’indissolubilité du mariage? Une réponse possible serait que l’esprit de relativisme est entré dans l’Église, mais il doit y avoir d’autres raisons. Pouvez-vous en nommer quelques-unes? Toutes ces raisons ne sont-elles pas un signe de la crise de la Foi au sein de l’Église elle-même?
CB: Bien sûr, si certaines normes morales qui ont été valides de façon générale, toujours et partout, ne sont plus reconnues, alors chacun se fait de lui-même sa propre loi morale. Cela a comme conséquence que chacun fait ce qu’il lui plaît. On peut ajouter l’approche individualiste à la vie qui considère la vie comme une opportunité unique d’épanouissement personnel – et non comme une mission du Créateur. Il est évident que de telles attitudes sont l’expression d’une perte profonde de la Foi.
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LSN: L’Église Catholique Allemande est-elle autorisée à emprunter son propre chemin dans la question de l’admission des couples remariés à la Sainte Eucharistie et décider ainsi indépendamment de Rome, comme l’a affirmé le Cardinal Reinhard Marx après la récente rencontre de la Conférence Épiscopale Allemande?
CB: Les affirmations bien connues du Cardinal Marx sont en contradiction avec le dogme de l’Église. Elles sont irresponsables du point de vue pastoral, parce qu’elles exposent les fidèles à la confusion et aux doutes. S’il pense qu’il peut prendre au niveau national un chemin indépendant, il mettra en danger l’unité de l’Église. Il demeure que les normes contraignantes de tout l’enseignement et de la pratique de l’Église sont ses doctrines clairement définies.
La division est aujourd’hui dans l’Eglise sur des sujets de doctrine de base. Le cardinal Marx a été nommé, on peut y ajouter le cardinal Kasper également, ainsi que le cardinal Salvatore Fisichella, tous soutenus par le pape François.
Le cardinal Brandmüller dit très justement qu' »il est évident que la pratique pastorale de l’Église ne peut pas être en opposition avec la doctrine obligatoire » et constate « une perte profonde de la Foi ».
Il faudra bien un jour regarder les choses en face : l’Eglise ne pourra faire l’économie d’accepter de reconsidérer le concile Vatican II en grande partie responsable de cette opposition avec la doctrine et de la perte profonde de la Foi, ainsi que la fabrication de la nouvelle messe de Paul VI qui a ruiné la liturgie de l’Eglise et la Foi en l’Eucharistie.
Xavier Celtillos
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