Site icon medias-presse.info

« la France fait partie de l’OTAN comme la Turquie », Face à la presse Poutine ne mâche pas ses mots

At a meeting with President of France Francois Hollande.

La conférence de presse de Moscou jeudi, a surtout permis à Vladimir Poutine d’exprimer sa colère contre la trahison turque et la sournoiserie des renseignements de l’OTAN, dont il soupçonne le rôle dans la frappe mortelle de l’avion russe dans l’espace aérien syrien prés de la frontière turque. Cette conférence est très importante. Pendant que Poutine mettait les points sur les « i » sans se gêner, Hollande est resté silencieux, très peu interrogé.

Pour rappel, le président turc qui a reconnu avoir donné l’ordre de descendre l’avion russe a précisé hier à la chaine de télévision américaine CNN:

«  La Turquie ne fera pas d’excuses pour avoir abattu un avion de chasse russe. » et  « « Si la même infraction se produit aujourd’hui, la Turquie se doit de réagir de la même manière. » (CNN)

C’est dans ce contexte que Vladimir Poutine a répondu aux journalistes du monde entier qui l’ont interrogé en présence de François Hollande qui après avoir exprimé sa position à la suite du Président Poutine, n’a que très peu été interrogé. Par contre sous le feu des questions Vladimir Poutine a manifesté sa colère froide pour la trahison de la Turquie et pour le jeu trouble de l’OTAN, dont il a précisé dés la première question que « la Turquie fait partie de l’OTAN, tout comme la France. » Même s’il a appelé ostensiblement la France « notre alliée » sans doute pour mieux soulever le paradoxe.

Ce terme d' »Alliée » avait été donnée à la France par la Russie dans le cadre de la volonté de Paris de mener la lutte contre les islamistes après le crash de l’avion de passagers russes au-dessus du Sinaï en Egypte. Il avait alors ordonné à l’armée russe en Syrie d’« établir un contact direct avec les Français ». D’autres pays de l’union européenne dans la foulée s’étaient enhardis à manifester la volonté de lutter:  L’Allemagne avait annoncé l’envoi d’un contingent de 650 soldats au Mali pour soutenir l’armée française, et le Royaume-Unis a mis sa base de Chypre au service du ravitaillement des chasseurs Français.  Depuis les attentas de Paris la volonté européenne de combattre les islamistes est montée d’un cran supplémentaire. Mais pour le moment, seule la France a intensifié ses frappes. Sans que celles-ci soient comparables, de loin s’en faut, avec l’ampleur des frappes russes.

C’est alors que « l’attaque cynique » de la Turquie, selon les termes du Kremlin, est venue jeter un grand froid dans ce bel enthousiasme (surtout du côté russe, semble-t-il). François Hollande qui était alors à Washington, où en guise de condoléances Obama a déclaré qu’Ankara avait le droit de défendre son espace aérien, tout en précisant, avec un mépris dont les Américains ont le secret, qu’il serait heureux de voir la Russie intégrer la coalition américaine. Ce qui montre en fait la sourde colère qui agite les milieux américains contre la coalition russe qui est venue sur le théâtre du Proche-Orient troubler leurs grosses magouilles sanguinolentes. Bref, Hollande a ressenti les conséquences à Moscou des manœuvres ténébreuses de l’OTAN lors de cette conférence de presse en compagnie du président russe, auprès duquel il était quasi transparent quoiqu’en ait dit les chaines d’information françaises toujours fidèlement obséquieuses pour le pouvoir socialiste.

C’est à la fin de cette conférence de plus en plus glaciale que Vladimir Poutine a lâché ses gros doutes sur le rôle qu’à tenu l’OTAN dans la frappe mortelle contre le bombardier russe. En effet dans le contrat d’échange d’information sur les frappes des deux coalitions les USA étaient tenues au courant des heures et lieux des vols russes dans le ciel de la Syrie:

« Et c’est précisément à ce moment et en ce lieu que nous avons été frappés. La question se pose : pourquoi avons-nous fourni ces informations aux Américains ? Soit ils ne contrôlent pas ce que font leurs alliés, soit ils distribuent ces informations à droite et à gauche sans se soucier des conséquences », s’est-il révolté.

Hollande qui venait de prendre ses ordres à Washington a affirmé que « Bachard » (sic) doit partir. Ce qui a constitué le gros morceau de son intervention, restant fidèle en cela aux engagements contractés par Sarkozy avec le Qatar et par lui-même avec l’Arabie saoudite, les deux Etats étant soutenus et livrés en armes par les USA. Armes qui sont redistribuées aux islamistes en Syrie:

« Assad ne peut jouer aucun rôle dans la Syrie future. Le rôle de la Russie, en revanche, est indispensable », a dit Hollande,  ajoutant aussitôt que des accords sur la Syrie n’influenceraient pas sa position vis-à-vis de l’Ukraine.

La première question posée au président russe concernait une colonne humanitaire frappée par l’aviation russe, à laquelle il a répondu qu’« il y avait bien une colonne, mais certainement pas pacifique ».

Répondant à une question de l’agence Reuters, Vladimir Poutine a réitéré le principe selon lequel il faut coordonner les frappes aériennes avec les opérations au sol en Syrie, selon lui, l’armée de Bachar-el-Assad est la meilleure alliée. Mais il prend des contacts avec les autres groupes d’opposants syriens non-islamistes que la Russie aidera de la même façon que l’armée gouvernementale en cas d’accord. Précisant que désormais toute coordination avec la Turquie est exclue :

« On entend aujourd’hui parler de certaines tribus proches des Turcs, Turkmènes syriens, etc. La question se pose : que font des représentants d’organisations terroristes turques sur ce territoire ? Que foutent (sic) sur ce territoire des ressortissants de la Fédération de Russie recherchés chez nous pour des actes criminels et qui relèvent sans équivoque de la catégorie des terroristes internationaux ? ».

Comme durant les deux guerres de Tchétchénie l’Occident à soutenu les terroristes tchétchènes, il y a lieu, de la part de Moscou, de penser que la présence de troupes tchétchènes islamistes en Syrie n’est pas sans rapports avec leurs anciens alliés des pays de l’OTAN, et peut-être pas seulement la Turquie ou la Turquie n’agissant pas de son propre chef exclusivement. C’est ici que la guerre que mène la coalition islamo-américaine sous faux drapeaux affleure à plein, Moscou n’est pas complètement dupe.

A la question de journalistes français qui émettaient des doutes sur l’opportunité du déploiement récent de systèmes anti-aériens russes S-400 en Syrie, dans le cadre d’une unique coalition internationale, il a répondu cinglant:

« Nous n’avions pas ces systèmes en Syrie parce que nous partions de l’idée que notre aviation opérait à des hauteurs inaccessibles à la main criminelle des terroristes. Nous ne nous attendions pas à être frappé par un allié. Mais dorénavant, la Russie protégera ses avions par tous les moyens. »

Les questions ont fini par tourner uniquement sur l’affaire turque, malgré la tentative infructueuse de Hollande de calmer le jeu. Poutine est revenu notamment sur le trafic de pétrole de l’Etat islamique (donc volé à la Syrie) en direction de la Turquie:

« Ces barils ne contiennent pas que du pétrole, ils sont remplis du sang de nos concitoyens. Parce qu’avec cet argent, les terroristes achètent des armes et organisent des attentats sanguinaires, autant contre notre avion au-dessus du Sinaï qu’à Paris et dans d’autres villes du monde. Et si le haut commandement politique turc ne sait rien de tout cela, qu’il se renseigne », a-t-il lancé. Poursuivant, il a fait savoir qu’il « se fout » de savoir si Erdogan démissionnera, et également de la confirmation de ses achats de pétrole aux islamistes, « ce n’est pas notre affaire ».

Faisant valoir la déclaration d’Erdogan à France 24 selon laquelle  « si nous avions su que c’était un avion russe, nous l’aurions peut-être prévenu différemment »:

« C’est exclu ! a asséné Poutine en réponse, c’est impossible ! Nos avions portent des signes d’identification parfaitement visibles. Conformément à nos accords avec les Américains, nous avions transmis auparavant les informations concernant les zones où notre aviation opérerait, à quelles hauteurs, où et à quels moments. Ce sont des absurdités, tout ça ! Des prétextes ! »

Pas une seule fois Poutine n’a cité l’Etat islamique, mais plutôt des « groupes terroristes » tandis que pour Hollande, évitant précautionneusement le terme d’islamiste de crainte de vexer ses amis arabes, il n’a parlé que de Daech (prononçant Dach), Da’ech étant un acronyme arabe, constitué des initiales d’Etat islamique.

De toute évidence les positions de l’ un et de l’autre ne sont pas au bord de l’aplanissement, la conférence reflétait une tension de plus en plus grande entre les deux présidents au fur et à mesure qu’elle approchait de la fin, Hollande dans ses petits souliers et Poutine aussi déterminé que lors de sa célèbre formule destinée aux terroristes Tchétchènes du temps des guerres de Tchétchénie: « Je les poursuivrais jusque dans les chiottes! »

Hollande n’aura obtenu qu’une promesse d’amélioration des échanges d’informations stratégiques, et surtout, la promesse dont s’est prévalu aujourd’hui vendredi Laurent Fabius sur RTL, d’un échange de positions à viser ou au contraire à ne pas viser, selon que les groupes seraient « modérés » ou non. Mais sans doute que le mot « modéré » ne signifie pas la même chose du côté de Hollande que du côté de Poutine.

Erdogan et Poutine seront dimanche à la Conférence mondiale sur le climat (COP21), à Paris que Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères présidera. 

Emilie Defresne

emiliedefresne@medias-presse.info

Concernant cette conférence voir aussi: La Russie envisagerait de lancer des attaques contre l’Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

Quitter la version mobile