L’affaire McCarrick défraye spécialement la chronique à cause de la célébrité du personnage et de sa proximité avec le pape actuel. Figure de proue du progressisme dans l’Église américaine et de l’ouverture au monde vantée par Vatican II, nanti de l’amitié qu’avait pour lui, avant l’explosion du scandale, le pape lui-même, ce globe-trotteur toujours infatigable malgré son âge jusqu’à son retrait récent de la scène publique, -repli stratégique imposé par le Saint-Siège-, s’était fait l’ambassadeur de la révolution bergoglienne : « l’Église en sortie », « l’Église des périphéries », avait en lui un inlassable serviteur… Un serviteur qu’El papa argentin doit regretter amèrement d’avoir protégé, cette protection suscitant aujourd’hui de nombreuses questions.
Les Américains veulent savoir. Ce fut une des raisons qui ont amené la conférence épiscopale des États-Unis, qui se réunit cette semaine à Baltimore pour son Assemblée annuelle, à lancer un plan de lutte contre « les abus sexuels » et l’affaire McCarrick, avec deux fortes propositions : un code de conduite pour les évêques dans le cas d’abus, assorti d’un nouveau mécanisme de signalement, et une commission laïque pour enquêter sur ces agressions sexuelles, les résultats de l’enquête devant par la suite être remis aux autorités ecclésiastiques. Mais alors que les catholiques américains tout autant que l’opinion publique attendent rapidement des signes concrets de la part des évêques américains, arguant du fait que les mesures doivent correspondre au droit canon et qu’il vaut mieux appliquer les mêmes normes dans toute l’Église, le Vatican souhaite que la Conférence épiscopale étasunienne ne vote pas avant la rencontre des conférences épiscopales du monde entier, convoquée en février à Rome, et qui débattra des « abus sexuels » dans l’Église.
Cette si tardive interdiction a surpris tout le monde et soulève, elle-aussi des interrogations. Le Saint-Siège craint-il, par une enquête menée en-dehors de lui, que ne sortent au grand jour de nouvelles révélations qui pourraient affecter davantage la crédibilité du pape François, faire chanceler le Jésuite de son trône pontifical, après celles de l’ex-nonce Vigano ? Ou, autre hypothèse, veut-il ménager ce puissant lobby homosexualiste qui a pris racine dans l’Église officielle en empêchant ainsi une réflexion approfondie sur la première cause de ces scandales sexuels, la pratique de la sodomie par des McCarrick et autres ecclésiastiques dévoyés ? Toujours est-il que les victimes américaines des agressions sexuelles perpétrées par des clercs, la majorité des prélats eux-mêmes, ont été abasourdis par ce veto qui a été formulé par la Congrégation pour les évêques dans laquelle siègent, il faut le savoir, les cardinaux Cupich et Wuerl, tous deux connectés à la « fillière » McCarrick. Elle est parvenue au cardinal DiNardo, président de la Conférence épiscopale des États-Unis, la vieille de l’ouverture de l’Assemblée le lundi 12 novembre.
Dans ce climat de tension crescendo entre les évêques américains et le Saint-Siège, l’ex-nonce Vigano a adressé un message à ses confrères réunis à Baltimore :
« Chers frères évêques des États-Unis,
Je vous écris pour vous rappeler le mandat sacré qui vous a été donné le jour de votre ordination épiscopale : conduire le troupeau au Christ. Méditez sur « Proverbes 9:10 »: La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse! Ne vous comportez pas comme des brebis effrayées, mais comme des bergers courageux. N’ayez pas peur de vous lever et de faire ce qui est juste pour les victimes, pour les fidèles et pour votre propre salut. Le Seigneur rendra à chacun de nous selon nos actions et nos omissions.
Je jeûne et je prie pour vous.
Arch. Carlo Maria Viganò, Votre ancien Nonce apostolique »
Il est de toute façon évident que, malgré le silence persistant du pape depuis le témoignage de Mgr Vigano et quoi qu‘entreprend et décide le Vatican, l’impasse ne pourra pas être faite sur une clarification du cas McCarrik, des protections dont il a bénéficié, et de son comportement ouvertement homosexuel. Il est vrai ce sera aux risques et périls du pape François…
Francesca de Villasmundo
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !