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17 députés français se rendent en visite officielle en Crimée, dans un contexte de crise agricole due aux sanctions russes.

C’est à l’initiative du député républicain, Thierry Mariani, que  dix-sept parlementaires (dont 3 sénateurs) sont partis mercredi pour Moscou. Thierry Mariani, Nicolas Dhuicq, Jacques Myard, Yves Pozzo Di Borgoainsi que la plupart de leurs compagnons de voyage, sont des récidivistes; en septembre 2014 ils s’étaient déjà rendus en Russie en compagnie de 14 parlementaires pour assurer le Kremlin de leur soutien dans la crise ukrainienne. Ils ont, comme la fois précédente, rencontrer Sergeï Narychkine, le Président de la Douma. L’originalité, cette fois-ci, tient au fait qu’ils se sont rendus en Crimée. Le rattachement de la Crimée à la Russie, selon la volonté de ses habitants, avait été le prétexte aux séries de sanctions que l’Occident a depuis, fulminées contre la Russie.

Christine Dalloz, Yannick Moreau tous les deux Républicains, et Jérôme Lambert (RRDP) sont les nouveaux venus, cette année.

Les parlementaires étaient en Crimée ce jeudi et y resteront demain. Il ont confié au Courrier de la Russie qu’ils militent pour une « Grande Europe, [dans laquelle] nous sommes de toute façon « condamnés » à travailler avec la Russie. L’affaire ukrainienne est un cancer qu’il faut stopper, et pour cela, il faut garder le contact. »

Un voyage qui rappelle également la visite de parlementaires français à Damas, reçus par Bachar-el-Assad: quatre députés en février 2015, parmi lesquels Jacques Myard, et tout récemment, le parlementaire chrétien-démocrate, Jean-Frédéric Poisson .

L’Ukraine veut interdire son territoire aux députés…

Thierry Mariani ajoute: « la Crimée est historiquement russe. Point final. On ne lutte pas contre l’Histoire. Et si quelqu’un estime qu’il s’agit d’une violation du droit international, eh bien, je suis très fier, à 56 ans, de commencer une carrière de délinquant international ! » A propos d’une éventuelle interdiction d’entrée en Ukraine, il précise: « Je connais bien l’Ukraine et j’y étais encore il y a un mois, à titre personnel, afin de rédiger un rapport pour l’Assemblée nationale. J’attendrai que le pouvoir actuel – dont, à mon avis, les jours sont comptés – tombe et je retournerai en Ukraine lorsqu’un nouveau gouvernement sera en place.« 

Néanmoins cette visite controversée ne s’est pas faite sans l’aval des autorités gouvernementales: « comme l’a expliqué le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone, précise Yves Pozzo Di Borgo, notre déplacement en Crimée a été analysé par une commission de déontologie, qui a donné son feu vert. Nous n’avons officialisé le départ que le 26 juin. » Le député ajoute par ailleurs qu’il se rend avec ses collègues en Crimée « Parce que nos chances de rencontrer et de discuter avec les Russes sont rares en ce moment. La Russie est absente des débats à  l’APCE  [Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe] et à l’assemblée parlementaire de l’OSCE, et la violente opposition américaine au rattachement de la Crimée nous empêche de mener des missions d’observation dans la péninsule. Quand cette opportunité de venir rencontrer les autorités de Crimée s’est présentée, nous l’avons donc immédiatement saisie. »

La crise agricole française dans le contexte des sanctions

Cette visite arrive alors que les agriculteurs français, dont la situation n’est plus florissante depuis longtemps, manifestent leur détresse en bloquant les routes des vacances, tandis que de plus en plus de voix dénoncent les effets catastrophiques des sanctions imposées par les USA à l’Union européenne contre la Russie. UE qui a subi en retour les sanctions russes contre les exportations agricoles des pays membres de l’Union. 

A ce sujet Bruno Lemaire, ancien ministre de l’Agriculture a appelé à « un engagement européen, une véritable diplomatie agricole entamée avec la Russie » pour demander la levée de l’embargo russe. De son côté le président du Sénat, Gérard Larcher, a appelé dans un communiqué le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à « des réflexions et des actions au niveau européen » pour des « enjeux qui dépassent le strict cadre agricole », étant sous-entendu que c’est le problème de l’ensemble des relations avec la Russie qui devrait être réexaminé. Cependant, le mois dernier, c’est avec une belle unanimité que tous les représentants des pays membres de l’Union ont reconduit les sanctions contre la Russie, à la grande satisfaction de Washington. On se demande ce qui pourrait bien faire évoluer les chose à peine un mois plus tard.

En effet, c’est docilement alignés sur Washington que les Etats membres de l’Union européenne ont décidé en juin la prolongation des sanctions économiques contre Moscou jusqu’au 31 janvier 2016. La Russie examine, quant à elle, « un large éventail de mesures de rétorsion ». Avec en discussion actuellement une loi sur la possibilité de bloquer les biens étrangers dont le pays se permettrait de bloquer les biens russes.  Cette loi intervient alors qu’une autre loi vient d’affirmer la primauté des lois et décisions russes sur les lois et décisions internationales. Suite à la prolongation des sanctions de l’UE contre la Russie, le ministre russe de l’Economie Oulioukaïev avait aussitôt indiqué que l’embargo sur les denrées alimentaires serait prolongé.

Or cette politique de soumission de l’Union à la volonté américaine, si elle est très pénalisante pour la Russie, l’est certainement davantage encore pour l’UE. Les agriculteurs en sont les plus grandes victimes. Mais il est bien connu depuis Staline que les mondialistes détestent les paysans chez qui les racines sont plus solidement ancrées que chez les citadins, les villes brassant des populations mouvantes. Les simulacres d’inquiétude de François Hollande ou de Manuel Valls pour les difficultés des agriculteurs tient sans doute davantage au blocage des routes des vacances qu’à leur désir de rendre justice au monde de la campagne.

Pour un nouveau dialogue avec la Russie

Le voyage en Russie devient très branché chez les Républicains puisque Nadine Morano a annoncé ce jeudi qu’un groupe de travail du Parlement européen « Pour un nouveau dialogue avec la Russie » allait se rendre en Russie en septembre-octobre.  Selon le journal russe RBC qui publie la nouvelle, une demande officielle a été adressée au Parlement d’Etat russe par Alexandre Orlov, l’ambassadeur de Russie à Paris, pour une visite de la délégation parlementaire européenne. 

Le groupe de travail « Pour un nouveau dialogue avec la Russie » a été créé au Parlement européen à la fin du mois de juin. Il compte des députés français et des députés italiens, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et du Portugal.

Difficile de savoir si cette subite agitation à propos de la Russie part d’un désir réel de peser contre les sanctions, ou bien d’effets de manche dans le cadre des élections en point de mire, la Russie semblant un sujet très porteur parmi les électeurs, dont les divers partis voudraient bien disputer les votes au Front national ?

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