« La Terre des Ancêtres », c’est ainsi que la France est couramment nommée au Moyen-âge, nous dit Rémi Usseil, un jeune auteur bourré de talent, qui vient de signer un roman d’aventures et de chevalerie intitulé « les enfances de Charlemagne », écrit dans la continuité des chansons de gestes. L’auteur nous plonge dans la mentalité du Moyen-âge avec le charme des tournures et des mots désuets, mais dans l’impétuosité d’une épopée chevaleresque avec ses hauts-faits d’armes et la délicatesse de l’amour courtois.
Une candidate aux régionales prônait: « non pas la haine de l’autre mais l’amour de nous-mêmes ». Mais comment lutter contre la haine de soi-même qui s’est emparée de la France quand sa Foi, ses héros, bref, sa glorieuse Histoire sont systématiquement dénigrés et occultés de l’école où l’Histoire n’est plus enseignée ? Pour comprendre ce qui a hisser la France vers la gloire, il faut revenir aux sources de notre Histoire et de notre imaginaire ancestral avec ses hauts personnages et ses héros mythifiés qui encourageaient, génération après génération, les Français à se dépasser pour porter la France toujours plus haut.
Rémi Usseil avec les enfances de Charlemagne vient de signer un chef d’œuvre qui ranime l’âme de la France dans ses vibrations héroïques portées par la Foi qui lui sont indissociables. Après Berthe au grand pied paru en 2014, dernière mouture de l’épopée de la mère de Charlemagne, l’auteur s’est inspiré des multiples versions de la geste abondante sur l’enfance de Charlemagne pour l’augmenter d’une version pour notre temps.
Ce genre, cultivé par les ménestrels du Moyen-âge porte loin parce que, tel que Bernard de Chartres le disait, Rémi Usseil s’est hissé sur des épaules des géants. (*) Outre la forme poétique du récit empruntée à la littérature médiévale, Les enfances de Charlemagne, sont un grand souffle épique qui enchante le passé et redonne espoir pour le présent. Le livre est agrémenté d’une luxueuse présentation: superbe couverture rigide façon tapisserie, nombreuses illustrations d’époque en couleur, épais papier glacé, écriture subtilement bicolore, signet.
Trame du roman:
La jeunesse de Charlemagne, telle que la racontent au Moyen Âge les chansons de geste, est un véritable roman d’aventure. Trahi par ses demi-frères adultérins bien décidés à usurper son trône, le jeune Charles doit chercher refuge en Espagne, avec une poignée de loyaux compagnons, à la cour du roi sarrasin Galafre. Il y fera glorieusement ses premières armes et y gagnera ses éperons de chevalier. Il apprendra cependant que les flèches d’Amour sont plus redoutables que les lances et les épées : tendrement épris de la belle Galienne, le prince devra, pour la conquérir, affronter le terrible géant Braimant et déjouer les manigances du cruel Marsile, le fils de Galafre, qui ourdira un jour la trahison de Roncevaux. Mais cet exil ne peut se prolonger éternellement : le royaume de France, gémissant sous la botte des félons qui se sont emparés de la couronne, attend le retour de son souverain légitime.
Pour conter cette très ancienne histoire, l’auteur a emprunté à la littérature médiévale ses techniques narratives et la diversité bigarrée de ses formes poétiques.
Le récit est illustré d’enluminures tirées de manuscrits du Moyen Âge. (Source)
Cette chanson de geste de notre temps fera le bonheur des héritiers directs ou indirects des Francs qui pourront se réapproprier cette geste fabuleuse, rêver aux prouesses des héros fondateurs de la Terre des ancêtres et aspirer à leur gloire pour retrouver l’amour d’eux-mêmes. C’est une belle œuvre destinée à être transmise aux générations futures, qui mérite bien d’être éditée aux Belles Lettres.
L’auteur:
Rémi Usseil a suivi des études de Lettres Modernes à l’Université Stendhal, à Grenoble. Féru de littérature médiévale et de mythologie, il a rédigé son mémoire, consacré au personnage de Gauvain dans les romans de la Table Ronde, sous la houlette de Philippe Walter, spécialiste de la littérature arthurienne. Aujourd’hui, il s’emploie à faire découvrir ces épopées méconnues que sont les chansons de geste. Il est l’auteur aux Belles Lettres de Berthe au grand pied (2014). (Source)
Quelques brefs extraits pour donner un petit aperçu du style de l’ouvrage:
Le ménestrel Aymard, à la cours de Pépin le Bref, devant l’enfant Charlemagne, chante le passage de Clovis du paganisme au christianisme:
« Adonc Clovis, au désespoir, par la bouche d’Aymard que son propre chant émeut presque jusqu’aux larmes, invoque Jésus-Christ d’une voix vibrante, l’implorant de le secourir là où ses dieux l’ont abandonné et Lui vouant sa foi s’Il le tire de péril ainsi que ses gens. Charles retient son souffle, espérant un miracle. Il n’a pas à l’attendre longtemps: Notre Seigneur agrée la supplique et le vœu du roi. Aymard, les yeux clos chante le prodige: sa voix se teinte d’émerveillement et de gratitude, sa cadence ralentie comme s’il voulait mieux savourer ses vers. Du ciel descendent trois beaux anges rayonnants de lumière, et porteurs de cadeaux sans prix. »
(…)
« Les rayons de l’astre du jour coulent sur le branc comme de l’or liquide; les précieux lys étincellent dans l’azur, rutilent sous le soleil et l’étendard écarlate, parcouru de miroitements fulgurants, se déploie dans l’air comme une flamme. A la vue des trois célestes présents les Français reprennent courage. Ils fondent comme des aigles sur leurs ennemis, animés d’une force et d’une ardeur redoublée. »
(…)
L’enfer se dresse contre les rois chrétiens:
« Le deuxième chapitre de notre histoire commence en enfer, sinistre lieu, certes, mais où il importe surtout de ne point finir! Or une triste nuit le bourreau des âmes, secouant comme il le fait de temps à autre les chaines qui l’entravent et l’entraveront jusqu’au jour du Jugement, convoqua à grands cris la cour infernale:
Venez à moi anges déchus,
Sortez de vos gouffres putrides!
Esprits malins et corrompus,
Qui vous a rendu si torpides?
Sbires paresseux et stupides,
Accourez vite je l’ordonne!
Délaissez les spectres livides!
Obéissez par ma couronne! » (…)
Sur l’amour:
« Du reste il était français, or les Français comme chacun sait, ont de tout temps aimé à chanter de tout, et d’amour plus que de toute autre chose. Il ne faut donc point s’étonner si, de la bouche de notre prince, qui était subtil et courtois, les vers naissaient comme les perles et les roses de celle de la bonne pucelle, en certain conte que me narrait autrefois ma grand-mère:
Amour m’a féru au cœur,
De sa sagette argentine.
Je reconnais qu’il est de moi vainqueur,
Et je lui prête hommage et je m’incline,
Devant son arc et sa force divine.
Il m’a donné pour maître et pour seigneur
Une pucelle blanche comme l’hermine.
Est-ce pour mon malheur ? »
Emilie Defresne
emiliedefresne@medias-presse.info
Note:
* « Bernard de Chartres disait que nous sommes
comme des nains assis sur les épaules de géants
de sorte que nous pouvons mieux voir qu’eux et plus loin
non certes à cause de l’acuité de notre propre vue,
ou de la hauteur de notre corps
mais parce que [leur héritage] nous porte
et nous [permet de nous] élever à une hauteur gigantesque. »(Jean de Salisbury – XII ème siècle)
Les enfances de Charlemagne
Éditeur Les Belles Lettres
Support Livre cartonné
Nb de pages 450 p. Bibliographie. notes explicatives.
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