S’adressant aux journalistes la semaine dernière, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a décrit l’avenir qu’il envisage pour son pays en des termes inhabituels : comme « un grand Israël ». Attention : quand le juif Zelensky veut que l’Ukraine soit le grand Israël, il le pense dans un sens militariste : l’Ukraine ne serait pas démilitarisée comme la Suisse ni comme le demande la Russie depuis longtemps.
Les espoirs d’un État « absolument libéral » sont révolus, a ajouté Zelensky, remplacés par la réalité probable des forces armées de défense patrouillant dans les cinémas et les supermarchés.
« Je suis convaincu que notre sécurité sera le problème numéro un au cours des dix prochaines années », a ajouté Zelensky. Les forces russes s’étant retirées des environs de Kiev, pour se concentrer sur une opération militaire au Dombass, il est temps pour Zelensky d’envisager comment se préparer à la prochaine, et potentiellement beaucoup plus longue, phase de ce conflit.
« Je pense que tout notre peuple sera notre grande armée. Nous ne pouvons pas parler de la Suisse du futur, probablement, notre État pourra être comme ça longtemps après », a déclaré Zelensky.
« Mais nous deviendrons définitivement un ‘grand Israël’ avec son propre visage. »
« Nous ne serons pas surpris que nous ayons des représentants des Forces armées ou de la Garde nationale dans toutes les institutions, supermarchés, cinémas, il y aura des gens avec des armes. Je suis sûr que notre problème de sécurité sera numéro un dans les dix prochaines années » explique-t-il.
Qu’entend le président Zelensky par « un grand Israël » ? Avec une population plus de quatre fois plus petite et un territoire beaucoup plus petit, l’État juif peut ne pas sembler être la comparaison la plus appropriée. Pourtant, considérez les menaces à la sécurité régionale auxquelles il est confronté, ainsi que sa population hautement mobilisée : les deux pays en difficulté partagent plus qu’on ne pourrait le penser.
Donc, si Zelensky pense vraiment à Israël comme modèle pour l’Ukraine, voici quelques-unes, selon Daniel B. Shapiro, ancien ambassadeur américain en Israël, des principales caractéristiques totalitaires qu’il pourrait envisager d’adopter (dont certaines sont déjà applicables aujourd’hui). Toutes ces caractéristiques qui sont centrées sur une sécurité militaire, technologique et numérique :
« Sur le front de la sécurité d’abord : chaque gouvernement israélien promet, avant tout, de garantir la sécurité (…) à la fois transfrontalières et internes, et une grande partie du public choisit qui élire en fonction de ce seul paramètre.
« Toute la population joue un rôle : (…) La plupart des jeunes adultes israéliens servent dans l’armée, et beaucoup sont employés dans des professions liées à la sécurité après leur service. Les civils reconnaissent leur responsabilité de suivre les protocoles de sécurité et de contribuer à la cause. Certains s’arment même (quoique sous étroite surveillance) pour le faire. Dans ses commentaires, Zelensky a reflété cette réalité lorsqu’il a déclaré que la sécurité « viendra de la force de chaque maison, de chaque bâtiment, de chaque personne ».
« L’autodéfense sera un moyen : ne pas dépendre officiellement des garanties des autres mais gardez les partenariats de défense actifs. L’autodéfense ne signifie pas un isolement total. Israël entretient des partenariats de défense actifs, principalement avec les États-Unis, qui fournissent une assistance militaire généreuse, mais aussi avec d’autres nations avec lesquelles il partage des renseignements, de la technologie et de la formation. Bien que l’Ukraine ne rejoigne probablement pas l’OTAN de sitôt, elle peut approfondir ses partenariats de sécurité avec les membres de l’Alliance et recevoir de l’aide, des armes, des renseignements et une formation pour renforcer son autodéfense.
« Le domaine du renseignement est primordial : dès ses premiers jours, Israël a investi massivement dans ses capacités de renseignement pour s’assurer qu’il a les moyens de détecter et de dissuader ses ennemis et, si nécessaire, d’agir de manière proactive pour les cibler. L’Ukraine devra mettre à niveau ses services de renseignement pour concurrencer les capacités russes et s’assurer qu’elle est prête à prévenir et à repousser les attaques russes.
« La technologie est la clé : bien qu’il compte sur l’aide des États-Unis, Israël choisit également des solutions technologiques maison pour bon nombre de ses plus grands défis. Les défenses anti-roquettes et anti-missiles multicouches, les systèmes anti-drones et la technologie de détection des tunnels ne sont que des exemples récents. L’Ukraine (…) [devra] investir dans ces solutions lui permettra d’être plus réactif et de s’adapter aux nouvelles menaces.
Construire un écosystème d’innovation est important : la formation que de nombreux Israéliens reçoivent dans l’innovation militaire de haute technologie contribue à un écosystème d’innovation civile, qui à son tour favorise le développement de nouvelles technologies de sécurité. (…) Encourager la libre circulation des talents et des idées entre l’innovation civile et les espaces de sécurité rapportera des dividendes économiques et sécuritaires à long terme. (…)
« En adaptant l’état d’esprit de leur pays pour refléter les aspects de l’approche d’Israël face aux défis de sécurité chroniques, les responsables ukrainiens peuvent faire face aux défis critiques de sécurité nationale avec confiance et construire un État tout aussi résilient. »
Non seulement résilient mais aussi de type policier totalitaire en guerre permanente, avec des citoyens armés et irréguliers, manipulés comme des automates par une idéologie paranoïaque de peur et de haine envers le « danger extérieur et intérieur ».
Dès l’affirmation de Zelensky, le Conseil Atlantique a applaudi. Or le but de cet ‘Atlantic Council’, groupe de réflexion américain basé à Washington DC, est « de promouvoir le leadership américain et de promouvoir des accords internationaux basés sur le rôle central de la communauté atlantique pour relever les défis du 21ème siècle ».
Les Etats-Unis et l’OTAN sont toujours à la manœuvre derrière Zelensky.
Francesca de Villasmundo
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