Xi Jinping est le président de la République Populaire de Chine depuis le 14 mars 2013, date à laquelle il a succédé au président Hu Jintao dont il avait été durant cinq ans le vice-président. Âgé de 64 ans, Xi Jinping a été reconduit pour un second mandat en octobre 2017.
Réuni en séance plénière extraordinaire, l’Assemble Nationale Populaire de Chine (équivalent de notre Assemblée nationale) a voté l’abrogation du dispositif constitutionnel limitant à deux le nombre de mandats présidentiels, offrant ainsi au président Xi la possibilité de rester à vie à la tête de l’état chinois.
Fils de Xi Zhongxun, un ancien compagnon de route et ministre de Mao emprisonné durant la Révolution Culturelle, Xi Jinping est diplômé en chimie mais c’est au Parti Communiste Chinois qu’il a fait carrière durant trois décennies, gravissant les échelons jusqu’à devenir gouverneur, membre du comité central, puis secrétaire général avant de se voir offrir la vice-présidence du pays, puis la présidence. Un apparatchik typique de la Chine post-maoïste. Outre ses talents d’organisateur et de gestionnaire (dont il fit preuve très tôt au sein du PCC) c’est par son mariage que Xi Jinping acquit une certaine notoriété : en 1987, il épousa en effet Peng Liyuan, une soprano des chœurs de l’armée chinoise, une vraie star dans la Chine d’alors. Depuis, on le surnomme « le mari de la chanteuse ».
Sa politique est marquée par une course à la croissance et à la puissance économique, ainsi que par une lutte sans merci contre la corruption de la fonction publique et une augmentation du rôle du parti dans la politique nationale. Le président Xi a également resserré l’étau sur la communication et l’information, notamment sur internet où des expressions comme « je suis en désaccord » et « empereur à vie » ont été bannis, ainsi que Winnie l’Ourson, désormais persona non grata sur le web chinois depuis que des internautes ont moqué la ressemblance entre le plantigrade et Xi Jinping. Beaucoup voient en lui un Mao 2.0, une image que le président Xi cultive sciemment.
Ainsi, outre l’abrogation de la limitation des mandats, le Parlement a également inclus dans la Constitution chinoise « la pensée Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère« . Seul Mao avait eu droit à un tel honneur avant lui. Cependant, le Parlement a tenu à assurer qu’il ne s’agit en aucun cas d’un mandat à vie mais d’une simple possibilité de se représenter autant de fois qu’il le souhaiterait. Amusante ironie quand on connaît le nombre de candidats aux élections chinoises…
Willy Lam, analyste politique à l’université chinoise de Hong Kong considère que « Xi Jinping est pratiquement devenu empereur à vie » et s’inquiète d’un « retour en arrière spectaculaire du système politique chinois, un retour vers les jours de Mao Tsé-toung ». Un constat partagé par de nombreux observateurs occidentaux qui craignent une recrudescence des répressions envers les opposants.
En France, c’est le Courrier International qui a su brosser un portrait fidèle de la situation dans les meilleurs termes, comparant le président à un « tigre nourri par l’Occident ». En effet, c’est l’Occident qui a ouvert les bras à la Chine, lui transmettant techniques, fonds et emplois, dans l’espoir de récolter ensuite sa part du gain. Or, la Chine du président Xi est devenue une superpuissance économique et bientôt politique qui aspire à voler de ses propres ailes et à occuper la première place du podium des nations. A n’en pas douter, tel sera l’agenda politique de Xi Jinping.
Nicolas Kirkitadze
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