Mardi 28 novembre a été pour le pape François, en voyage apostolique en Birmanie, une journée diplomatique et œcuménique sur les fronts religieux et politique. Il a rencontré tant les autorités religieuses que politiques du pays dans le but de dispenser son message inter-religieux, fondement selon lui de la paix entre les hommes.

Le colloque le plus attendu, celui avec le ministre des Affaires Étrangères et Conseiller diplomatique pour le Myanmar Aung San Suu Kyii, fondatrice de la Ligue nationale pour la Démocratie et prix Nobel de la paix, a duré 23 minutes. Au terme du colloque, dont aucun détail n’a transpercé, le pape et le leader birman se sont rendus à l’International Convention Center de la capitale pour y prononcer chacun un discours lors d’une rencontre officielle avec les autorités du gouvernement, la société civile et le corps diplomatique.

S’adressant en premier au pape, Aung San Suu Kyii, actuellement très controversée sur la scène internationale et médiatique à cause de sa gestion de l’affaire des Rohingyas musulmans que l’ONU a décrété arbitrairement subir une persécution ethnique, a remercié le pontife romain en le citant comme ces « bons amis qui ne souhaitent que nous voir réussir ». Si le pape dans son propre discours s’abstiendra soigneusement de nommer les Rohingyas, silence que l’Église birmane lui avait recommandé, Aung San Suu Kyii a évoqué sans détour la situation du Rakhine où réside la majorité des Rohingyas :

« Un problème social, économique et politique de longue date qui a érodé la confiance et la compréhension, l’harmonie et la coopération entre les différentes communautés ».

Aussi pour cela, « l’aide à cet effort de pacification » de la part de ces « bons amis » est « inestimable » a ajouté la dirigeante birmane. Elle s’est engagée à « protéger les droits » et à « promouvoir la tolérance pour tous » avec l’objectif de « faire ressortir la beauté de leur diversité et à la renforcer en protégeant les droits, en encourageant la tolérance, et en garantissant la sécurité pour tous ».

En réponse, le pape a répété au Corps diplomatique et aux autorités civiles du pays que « l’avenir de la Birmanie » passait par

« une paix fondée (…) sur le respect de la dignité et des droits de tout membre de la société », « de tout groupe ethnique et de son identité », « sur le respect de l’état de droit et d’un ordre démocratique qui permette à chaque individu et à tout groupe – aucun n’étant exclu – d’offrir sa contribution légitime au bien commun ».

Le pape François étant acquis au messianisme mondialiste qui prétend que la paix ne peut être que le fruit d’une union de toutes les religions de la terre, il a donc ajouté que ces dernières

« ne doivent pas être des sources de division et de méfiance, mais plutôt une force pour l’unité, pour le pardon, pour la tolérance et pour la sage construction de la nation »

et qu’elles

« peuvent jouer un rôle significatif dans la guérison des blessures émotionnelles, spirituelles et psychologiques de ceux qui ont souffert durant les années de conflit ».

Militant également pour que les droits de l’homme, qui sont pourtant des droits sans Dieu, soient le fondement moral de toute société, il a appelé à un « engagement pour la justice » et à un « respect des droits de l’homme » en évoquant la Déclaration universelle des droits de l’homme

« comme base aux efforts de la communauté internationale pour promouvoir dans le monde entier la justice, la paix et le développement humain, ainsi que pour résoudre les conflits par le dialogue et non par l’usage de la force ».

En somme le bon discours classique d’un pape conciliaire, bien centré sur l’idéologie inter-religieuse, qu’un quelconque politicien mondialiste aurait pu tout autant prononcé !

Le matin même, il avait adressé sensiblement le même message aux 17 responsables religieux birmans bouddhistes, musulmans, hindous, juifs, catholiques et chrétiens d’autres confessions, qu’il a rencontrés dans le réfectoire de l’archevêché de Rangoun, pendant une quarantaine de minutes. Axant ses paroles sur le concept wojtyłonien d’« unité dans la diversité », il a soutenu que

« la paix se construit dans le chœur des différences. L’unité vient toujours de la diversité ».

Il a mis en garde contre « une tendance à l’uniformité » fruit d’une « colonisation culturelle »  :

«unis ne veut pas dire égaux. L’unité n’est pas l’uniformité, même au sein d’une même confession. Chacun a ses valeurs, ses richesses. »

« Nous sommes tous différents » a-t-il répété en insistant sur l’idée qu’il faut « comprendre nos différences ethniques, religieuses et populaires », seul moyen pour construire la paix :

« Et la paix se construit dans le cœur de la différence. L’unité se fait toujours dans la différence. »

Mu certainement par un désir sincère de paix sociale en Birmanie mais croyant en l’idée développée entre autres par le théologien ultra-progressiste Hans Kung qu’il ne peut y avoir « de paix entre les peuples sans paix entre les religions », ce voyage du pape François se caractérise donc, comme ses autres déplacements passés en pays étrangers, par son intention de favoriser ce dessein messianique terrestre d’un monde pacifique inter-religieux, ce « mouvement de rassemblement universel et de fraternisation des hommes dans le bonheur parfait […], messianisme du diable » comme le définissait le père Calmel.

Utopie funeste car la paix absolue est un mythe, qui se heurte sans cesse à la nature violente de l’homme blessé par le péché originel : « la liberté humaine, enseignait le père Calmel, une liberté blessée et sollicitée par le diable, demeure capable du pire ».

Utopie anti-catholique car en dehors du règne du Christ et de la fidélité à sa loi, Pie XII le rappelait dans les premiers jours de la deuxième guerre mondiale,

« il n’y aura jamais de paix pour celui qui résiste à Dieu (Job., IX, 4.) Car seul le Christ est la  » pierre angulaire « . (Eph., II, 20), sur laquelle l’homme et la société peuvent trouver stabilité et salut. »

Francesca de Villasmundo

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