Rapportés par le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidze lui-même, les propos lui ont été tenus par un commissaire européen lors d’une conversation téléphonique au sujet de la loi sur les agents étrangers.
Les députés géorgiens ont adopté la semaine dernière un texte de loi visant à neutraliser des centaines d’ONG et de médias considérés comme des agents étrangers œuvrant à déstabiliser le pays. Ce projet de loi irrite au plus haut point l’Union Européenne.
La présidente géorgienne pro-UE, Salomé Zourabichvili, a entre-temps opposé son veto au projet de loi, mais le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, dispose d’un nombre suffisant de députés pour passer outre ce veto lors du vote final sur le texte, qui aura lieu la semaine prochaine. Un commissaire européen a donc pris une curieuse initiative…
Menace non voilée d’un commissaire européen au Premier ministre géorgien
M. Kobakhidze, Premier ministre de Géorgie, a affirmé qu’un commissaire européen avait « énuméré un certain nombre de mesures que les responsables politiques occidentaux pourraient prendre » si le veto de la présidente sur ce qu’il qualifie de « loi sur la transparence » était contourné.
Le commissaire européen aurait ensuite proféré une « menace horrible » en faisant référence à la récente tentative d’assassinat du Premier ministre slovaque Robert Fico. Pour être précis, le commissaire européen aurait déclaré : « Vous avez vu ce qui est arrivé à Fico ? Vous devriez être très prudent», selon le Premier ministre de Géorgie.
« Le parallèle établi avec la tentative d’assassinat de Robert Fico nous rappelle que, sous la forme d’un parti mondial de la guerre, nous avons affaire à une force extrêmement dangereuse qui fera tout pour semer le chaos en Géorgie », a commenté le Premier ministre géorgien.
Le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidze a souligné l’importance de cette loi qui doit permettre à la Géorgie de se prémunir d’un «Maïdan géorgien».
Le commissaire européen Oliver Varhelyi se défend tout en s’enfonçant
A aucun moment le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidze n’avait cité le nom du commissaire européen qui l’avait appelé et menacé de la sorte. Le commissaire européen à l’Elargissement Oliver Varhelyi est néanmoins sorti du bois, annonçant que ses propos avaient été «sortis de leur contexte».
«Ils ont été présentés au public d’une manière qui pourrait donner lieu à une interprétation totalement erronée de l’objectif initial de mon appel téléphonique», assure-t-il.
Et de s’employer à expliquer qu’il avait fait… exactement ce qu’on lui reproche, à savoir menacer le dirigeant géorgien pour qu’il retire la loi sur les agents étrangers, dont les Etats-Unis et l’UE ne veulent pas entendre parler, en évoquant le sort de Robert Fico.
Cherchant à maladroitement se défendre, le commissaire européen explique qu’il aurait tenté de prévenir M. Kobakhidze « de ne pas envenimer davantage une situation déjà fragile en adoptant cette loi qui pourrait conduire à une polarisation accrue et à d’éventuelles situations incontrôlées dans les rues de Tbilissi ». Des situations incontrôlées créées par les agents étrangers ? Décidément, le commissaire européen confirme en tout les propos du Premier ministre géorgien.
Pierre-Alain Depauw
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