Actuellement, la plupart des états développés promeuvent les voitures électriques comme étant l’avenir pour remplacer celles propulsées par un moteur thermique. Pour le moment, nous ne parlerons que des véhicules inférieurs à 3,5 tonnes, car l’électrique ne s’est pas imposé dans les véhicules lourds, de travaux public ou agricoles où les essais sont en cours. Les hybrides tout court existent depuis plus de 20 ans (Toyota par exemple) et restent des véhicules maintenant au point. Elles ont une capacité électrique limitée (recharge durant les descentes, le freinage) qui sert notamment à basse vitesse, en-dessous de 50 km/h, donc en ville. Nous en reparlerons.
Nos gouvernants et les lobbies écolos vantent la voiture électrique rechargeable car elle diminue son empreinte carbone par rapport à une thermique, dit-on. Cela comprend la production de la voiture, celle de la batterie, l’utilisation et le retraitement final total. Or, ce calcul se base sur le lieu où l’on se trouve. Par exemple, si vous calculez cette empreinte en France, la voiture électrique est dite intéressante en matière de bilan carbone à partir de 16 000 km parcourus par rapport à une thermique car la production électrique provient majoritairement du nucléaire. La même empreinte dans un pays producteur d’électricité au charbon (Allemagne, Pologne, Chine) passe à 160 000 km parcourus !
Les arguments actuels en faveur de l’électrique sont les suivants :
- Pas de production d’émission gazeuse polluante lors du fonctionnement ; bilan carbone meilleur qu’une voiture thermique à partir de 160 000 km dans le pire des cas ;
- Recharge électrique peu chère actuellement (entre 5 et 30 € pour les modèles les plus puissants sur autoroute avec des bornes de recharge rapide-15 minutes tout de même) ;
- Avantage à l’hybride rechargeable pour laquelle la garantie de la batterie est au-delà de 10 ans, peu de perte à la revente, prix de la batterie de rechange abordable (1 500 € chez Toyota par exemple), fiable et petit bémol, détient une autonomie jusqu’à 100 kms uniquement en électrique.
Listons maintenant les arguments contre ou ceux qui sont en cours d’évolution :
- Autonomie limitée, bien que les constructeurs travaillent d’arrache-pied pour l’augmenter. Les modèles moyens performants tutoient les 400 à 500 km, 800 annoncé par Tesla pour son modèle de luxe futur. Mais prévoyez un trajet à peu près plat, sans climatisation ou chauffage ! Comme disait un élu connu des Pyrénées orientales avec son accent méridional, « chez moig, avé le terrain accidenté, au bout de 150 bornes, la voiture élequetriqueu finira sur le bord de la rrouteu ou du cheming! ». Donc, cela dépend de l’utilisation. Mieux vaut un conducteur calme sur un terrain peu accidenté ou en ville.
- Le prix d’achat : Malgré les offres gouvernementales et la prime à la casse, il reste tout de même à débourser une somme rondelette pour acheter ce type de véhicule. Par exemple, pour une Zoé Renault de base (environ 25 000 €), comptez environ sur 8 500 € d’aide maximum (6 000 de prime électrique et 2 500 pour la prime à la casse en moyenne, cette dernière dépendant de vos revenus). Reste quand même à votre charge 16 500 € et un délai conséquent pour se la faire livrer (environ 6 mois actuellement). Tesla parle à l’avenir d’un prix de base pour un petit modèle de 25 000 $, environ 22 000 €.
- le prix des batteries rechargeables : C’est un des points noirs. Dans les contrats de vente, les constructeurs proposent une garantie de 7 à 8 ans ou de 150 000 à 240 000 km selon les modèles. Cela signifie que, dès la limite atteinte (durée ou kilométrage), les batteries ne sont plus garanties. Or, le prix de ces batteries reste prohibitif : quelques exemples : pour une KIA NEROS, il faut compter 23 000 € pour l’achat de la nouvelle batterie (prix de départ de la voiture neuve : 37 000 € !). En clair, au bout de la garantie de la batterie si celle-ci vous claque dans les doigts, vous rachetez quasiment une voiture! La batterie la moins chère actuellement est celle de la Renault Twingo-e pour 3 600 €. Cela peut monter très vite, les modèles de luxe possédant des batteries à près de 37 000 € l’unité. Il faudra avoir prévu le budget du conséquent entretien du changement de la batterie. Par ailleurs, la disponibilité des métaux constituant les batteries est un enjeu stratégique et la recherche bat son plein pour trouver des solutions innovantes afin de baisser les coûts et augmenter leur durée de vie.
- La durée de vie des batteries : Autre point noir. Actuellement, elle oscille entre 6 et 8 ans selon les constructeurs. Elle est sujette à tout un tas de conditions à respecter, ce qui ne sera quasiment jamais le cas : par exemple, « Favorisez les petites recharges plutôt que les grosses. Veiller à ce que le niveau de charge de votre auto soit compris entre 20 et 80 %. Conduisez avec modération (en gras dans le texte). Évitez les accélérations agressives et répétées ou encore les freinages trop brusques, car la batterie va se décharger rapidement. la charge rapide génère une chaleur néfaste au niveau des cellules, c’est pourquoi il est recommandé, si possible, de charger votre véhicule électrique à la maison ou sur une borne à charge normale. Retenez que la recharge cause de la chaleur, ce qui doit nous pousser donc à attendre que la batterie se « repose » un peu avant d’être sollicitée, que ce soit pour la recharger (après la route) ou pour la décharger (reprise de la route). Dans ce même contexte, une voiture électrique qui est garée toute la nuit dans le froid ne doit pas recevoir brutalement une recharge. Etc…» Beaucoup de conditions à respecter pour avoir une durée de vie d’au moins la garantie, ce qui ne sera pas le cas pour l’utilisateur lambda qui ne fera pas attention à toutes les prescriptions. Des écueils que les constructeurs devront aplanir sous peine de voir fuir les clients potentiels…
Au final, si j’avais à acheter un véhicule neuf actuellement avec un budget correspondant à l’achat d’un véhicule électrique, je pencherai plutôt pour un véhicule hybride quelle que soit la technologie, rechargeable ou non, et surtout flexifuel, c’est-à-dire pouvant accepter indifféremment du bioéthanol (E85) ou du sans plomb 95. Outre le fait de pouvoir montrer que vous vous déplacez avec un véhicule à technologie électrique à basse vitesse en faisant plaisir à votre voisin écolo, la grande plus-value réside de pouvoir rouler avec un véhicule fiable ayant une autonomie correcte avec un carburant pour le moment quasiment exempt de taxe, l’E85. Son prix actuel tourne autour de 0,70 € le litre, 86 centimes de moins que le sans plomb 95, soit 35 € pour un plein de 50 litres. Cela est deux fois moins qu’un véhicule roulant au diesel et deux fois plus qu’un véhicule électrique. C’est un compromis intéressant. Ce carburant produit exclusivement en France est très peu taxé car l’Etat soutient les producteurs de bioéthanol dans le cadre de la « transition énergétique ». Ils tirent profit des terres arables non destinées à la consommation humaine avec une marge de progression de 30% dans les prochaines années. L’objectif futur serait de produire du bioéthanol avec autre chose que des céréales pour éviter la concurrence avec la consommation humaine. Les procédés existent. Donc, pour quelques années, l’Etat ne devrait pas toucher à cette niche. Autant donc en profiter !
Anatole Castagne
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !