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Visite apostolique à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (FSSP) : quelles intentions ?

Les abbés Andrzej Komorowski, Supérieur Général de la FSSP, Benoît Paul-Joseph, Supérieur du District de France, et Vincent Ribeton, Recteur du Séminaire Saint-Pierre de Wigratzbad autour du pape François.

Annoncée le 24 septembre dernier au nouveau supérieur général depuis juillet 2024, l’abbé John Berg – qui l’a déjà été de 2006 à 2018, ainsi qu’aux abbés Bizard, Komorowski et Arnaud Evrat, tous présents sur la photo du communiqué de la FSSP annonçant ladite visite, lors de leur visite à la congrégation pour les instituts de vie consacrée, la visite apostolique au sein de la FSSP, qui doit avoir lieu dans l’année, suscite des réactions diverses, plus ou moins inquiètes, alors qu’elle a quasiment été présentée tant par Rome que la Fraternité comme une visite de routine, destinée à mieux se connaître mutuellement. La dernière datait de 2014 et avait été menée par Mgr Vitus Huonder dans un tout autre contexte, puisqu’il était connu alors pour être “très proche de la FSSP” et avoir accordé son imprimatur à plusieurs ouvrages de la Fraternité.

En France, c’est aussi une nouvelle tête qui est aux commandes de la FSSP, puisqu’en lieu et place de l’abbé Bonnin, proche de l’ancien supérieur français, qui avait été pressenti pour cette fonction, c’est l’abbé de Giacomoni qui a finalement été nommé pour apaiser le climat dans et hors de la FSSP, notamment avec les évêques. En effet, outre Quimper, la FSSP risque de perdre deux autres apostolats dont le desservant, s’estimant maltraité par la Fraternité, souhaite rejoindre le clergé du diocèse où il est actuellement, soutenu par son évêque. Une affaire qui serait remontée jusqu’à Rome où elle aurait suscité de légitimes interrogations.

Comme à Lagrasse… ? 

La Croix International dresse un parallèle qui interroge : ” « Le dicastère cherche peut-être aussi à mieux connaître ces communautés, commente une source romaine. Cette visite apostolique, comme celle menée récemment à l’abbaye de Lagrasse, peut être vue non pas comme une enquête sur des questions structurelles mais comme une manière de mieux connaître ces instituts. ».

C’est la vérité, mais ce n’est qu’une partie de la vérité.

L’argument de l’Eglise parallèle, éternel coup de boutoir ? 

La Croix continue : “si  Traditionis Custodes a suscité l’inquiétude et la colère de nombreux prêtres et fidèles attachés à la liturgie tridentine, le décret papal a justifié ces restrictions par la crainte de l’émergence d’une “Eglise parallèle”. Plusieurs évêques français ont fait écho à cette crainte lors de leurs rencontres avec le pape. “J’espère que cette visite permettra de mieux intégrer les prêtres traditionalistes dans les diocèses”, a déclaré un membre de l’épiscopat. “La question qui se pose à la Fraternité est : ‘êtes-vous un groupe pour l’Eglise ou un groupe dans l’Eglise ?'”, a déclaré un prêtre ayant appartenu à la FSSP“.

L’argument revient régulièrement – et pourrait dévoiler des intentions bien moins routinières et pacifiques qu’il n’y paraît. La personnalité des visiteurs – qui devrait être dévoilée d’ici quelques semaines – devrait être éclairante.

Aux Etats-Unis, une condamnation qui fait désordre

Si la FSSP est bien connue en France, en Allemagne et en Pologne notamment, elle est aussi présente dans d’autres pays. Notamment aux Etats-Unis où un de ses prêtres, le père James Jackson, a été condamné en décembre 2023 à 6 ans de prison pour détention de pornographie infantile – cette affaire a été traitée avec beaucoup de discrétion en France, alors qu’aux Etats-Unis la presse catholique et traditionnaliste s’y est au contraire beaucoup intéressée, l’accusé étant un “éminent” personnage de la FSSP outre-Atlantique. Il sera en outre fiché comme auteur d’infraction sexuelle jusqu’à la fin de sa vie, un fichier qui est public dans de nombreux états américains.

Il avait été arrêté le 30 octobre 2021 après avoir consulté des fichiers obscènes avec un ordinateur de sa paroisse – sur des supports informatiques lui appartenant, 12.000 images en tout ont été retrouvées. Fait aggravant – alors qu’il était en résidence surveillée chez des proches au Kansas dans le cadre de cette affaire, il aurait cherché à consulter d’autres fichiers de pédopornographie, et n’aurait pas coopéré avec les forces de l’ordre quand elles l’ont inculpé une seconde fois. En octobre 2022 il a été placé en détention provisoire en attendant sa condamnation pour l’affaire de 2021, quant à celle de 2022 dans le Kansas, elle n’aurait été jugée ni sur le plan civil, ni sur le plan canonique, a accusé en février 2024 un collectif d’ex-victimes d’abus sexuels au Kansas.

L’accusé a fini par plaider coupable en échange d’une peine réduite – il risquait jusqu’à 21 ans ferme, et a reconnu une addiction” à la pornographie infantile. Au passage, divers éléments de l’instruction ont fuité, notamment sur son passé – après avoir été lui même victime d’abus dans sa jeunesse, dans un milieu protestant, il a connu une vie dissolue toute son adolescence, avant de se convertir et de devenir prêtre – ceux qui l’ont ordonné avaient-ils connaissance de ces éléments ?
Fortement desservi par sa défense – notamment la collecte de fonds lancée par une association persuadée de son innocence et fermée par GoFundsMe qui l’a annoncé publiquement, mais aussi de nombreuses attestations de proches et de prêtres de la FSSP qui ont soutenu jusqu’au bout, parfois au lendemain de son plaider-coupable, son innocence totale dans le dossier, il a finalement échappé à la condamnation la plus sévère, mais l’affaire a laissé des traces et il n’est pas étonnant que Rome souhaite en savoir plus…

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