Vétéran militaire britannique condamné pour avoir prié en silence à proximité d'un centre d'avortement

À la suite d’un interrogatoire mené par des policiers sur « la nature de ses prières » lorsqu’il s’est arrêté pour prier quelques minutes près d’un centre d’avortement en novembre 2022, Adam Smith-Connor a été  inculpé puis, ce 17 octobre 2024, reconnu coupable et condamné à payer un montant de 9 000 £ dans une décision choc du tribunal d’instance de Bournemouth. 

Qui est Adam Smith-Connor ?

Adam Smith-Connor est un homme ordinaire. Il est à la fois mari, père et physiothérapeute, et il subvient aux besoins de sa famille. Mais son courage est extraordinaire. Ce vétéran de l’armée britannique et chrétien n’a pas peur de défendre sa foi ou de partager publiquement ses opinions pro-vie.

Avant de se convertir au christianisme, Adam avait payé pour l’avortement de son premier fils, Jacob, qu’il avait conçu avec une ex-petite amie – une décision qu’il regrette profondément. Il sait personnellement le traumatisme de l’avortement et la perte de vies qu’il entraîne. C’est pourquoi il prie silencieusement en public – pour son propre fils, pour les autres bébés à naître et leurs mères et pères.

La police de Bournemouth a infligé une amende à Adam pour avoir prié en silence au sujet de son fils décédé dans la « zone tampon » d’un centre d’avortement le 24 novembre 2022. Il a prié en tournant le dos à l’établissement pour éviter toute impression d’approcher ou d’engager le dialogue avec les femmes entrant ou sortant de l’établissement, et pourtant il a quand même été interrogé par la police.

Selon les règles de la zone de censure dans laquelle il priait, si Adam pensait à un autre sujet – l’économie, l’immigration ou la santé, par exemple – il n’aurait pas été sanctionné. C’est la nature de ses pensées, sa prière silencieuse, qui lui a valu des ennuis judiciaires.

Le Royaume-Uni a été le témoin d’un procès moderne pour « délit de pensée ».

En août 2023, les autorités de Bournemouth ont engagé des poursuites pénales contre Adam pour ces faits et, bien que son procès ait été initialement prévu pour novembre dernier, il a été reporté de près d’un an. Ce processus prolongé a causé à Adam et à sa famille des difficultés et une tension émotionnelle injustifiées.

Plus d’un an plus tard, en octobre 2024, le tribunal a condamné Smith-Connor à une libération conditionnelle et lui a ordonné de payer les frais de poursuite d’un montant de 9 000 £.

Dans sa décision, le tribunal a estimé que sa prière équivalait à une « désapprobation de l’avortement »  car à un moment donné, on pouvait voir sa tête légèrement inclinée et ses mains jointes. 

 

« J’ai servi pendant 20 ans dans la réserve de l’armée, y compris lors d’une mission en Afghanistan, pour protéger les libertés fondamentales sur lesquelles ce pays est bâti. Je continue à faire preuve de cet esprit de service en tant que professionnel de la santé et bénévole dans une église. Cela me trouble énormément de voir nos libertés érodées au point que les délits de pensée sont désormais poursuivis au Royaume-Uni. »
Adam Smith-Connor, Vétéran

La prière silencieuse est-elle désormais interdite au Royaume-Uni ?

Pourquoi cela se produit-il ?

En septembre 2023, l’ancienne ministre de l’Intérieur britannique Suella Braverman a déclaré   dans une lettre publique adressée aux forces de police de tout le pays  que « la prière silencieuse, en elle-même, n’est pas illégale » et que « le fait d’avoir des opinions légales, même si ces opinions peuvent offenser autrui, ne constitue pas une infraction pénale ».  Cependant, ces poursuites mettent en évidence une autre réalité.

Dans le cas d’Adam, la défense a soutenu que ses pensées de prière et le fait qu’il avait certaines croyances et opinions ne pouvaient pas en soi constituer un crime, en particulier lorsqu’il se tenait paisiblement et silencieusement sur la voie publique.  

Il n’a pas manifesté extérieurement sa prière en s’agenouillant, en parlant ou en tenant un quelconque signe. Il a fait tout son possible pour se tenir hors de vue du centre d’avortement, en se plaçant derrière un arbre, dos au centre, et n’a interagi avec aucune autre personne. 

Adam a été accusé d’avoir enfreint une zone tampon imposée par les autorités locales de Bournemouth. Dans cette zone tampon, il est interdit à chacun « d’exprimer son approbation ou sa désapprobation de l’avortement » – même en priant, en « se signant » ou en distribuant des dépliants sur les services d’aide disponibles pour les femmes enceintes en détresse.

Et malheureusement, nous pourrions voir rapidement de plus en plus de cas similaires.

Le Parlement britannique a voté la mise en place de « zones tampons » autour de chaque centre d’avortement en Angleterre et au Pays de Galles dans le cadre de la loi sur l’ordre public de 2023.  

Le gouvernement travailliste a annoncé son intention de mettre en place ces zones le 31 octobre  2024. En vertu de la loi nationale, « influencer » la décision d’une personne d’« accéder » à des services d’avortement deviendra un crime. 

Cette nouvelle loi instaurera des zones tampons dans tout le pays, interdisant toute activité assimilable à une « influence » à moins de 150 mètres d’un centre d’avortement. La formulation de la loi est si vague qu’elle pourrait viser les pro-vie qui prient dans leur tête, même s’ils ne disent pas un mot.

Un amendement visant à autoriser la prière silencieuse et les conversations consensuelles dans les zones de censure n’a pas été adopté par 116 voix contre 299.

En Écosse, les « zones tampons » sont également de mise, avec des interprétations encore plus liberticides.

Quels sont les enjeux et pourquoi est-ce important ?

Le cas d’Adam prouve que si vous avez simplement des opinions et des convictions contraires à celles du gouvernement ou à la doxa, vous risquez d’être puni.

Si le gouvernement peut punir les discours mais aussi les pensées et les prières avec lesquels il n’est pas d’accord, alors les citoyens deviennent des prisonniers de l’État.

À Birmingham, Isabel Vaughan-Spruce a été arrêtée pour avoir prié en silence devant un centre d’avortement alors qu’il était fermé. Désormais, toutes les charges retenues contre elle ont été abandonnées sans poursuites par la police des West Midlands.

Le père Sean Gough a également subi les mêmes mesures appliquées dans une zone de censure lorsqu’il tenait une pancarte « prier pour la liberté d’expression » et arborait un autocollant « Unborn Lives Matter » sur le pare-chocs de sa voiture tout en priant en silence.

Heureusement, tous deux ont été acquittés et, dans leur cas, le bon sens a finalement prévalu. Mais l’avenir s’annonce sombre.

Pierre-Alain Depauw

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