Vendredi des Quatre-Temps de Pentecôte – « Tu es le Père des orphelins ! Je ne vous laisserai pas orphelins. »
Station à aux Douze Apôtres
La Station se faisait dans le sanctuaire des Douze Apôtres qui constituèrent l’Église naissante que « le Saint-Esprit consuma dans les flammes de son divin amour » (Secr.) et dont il est l’âme. L’abondance des fruits de la terre, que l’Église demande à Dieu en cette saison d’été qui commence, est une figure de l’affluence des biens spirituels que l’Esprit-Saint apporte en ces jours à nos âmes (Ép.). Aussi la liturgie mettait-elle sur les lèvres de ses enfants nouvellement nés par le baptême des chants de louange à Dieu (Intr., Off.), et à l’Esprit du Seigneur si bon et si doux à notre égard (Alléluia). L’Évangile nous montre les prodiges que Jésus opéra par la vertu du Saint-Esprit en guérissant les malades et plus spécialement le paralytique auquel il remit ses péchés en même temps qu’il lui rendait la santé. L’Église formée par le Saint-Esprit (Or.) imite spécialement en ces jours le divin Maître, car aux jours de la Pentecôte elle reçoit en abondance celui qui est « la rémission des péchés » (Postc. du Mardi) et elle exerce le pouvoir que Jésus lui a donné lorsqu’il lui a dit en la personne des Apôtres : « Recevez le Saint-Esprit, ceux à qui vous remettrez le Saint-Esprit, il leur sera remis ». Demandons à l’Esprit Saint de venir en aide a notre faiblesse (Postc.), en nous protégeant contre les attaques de nos ennemis (Or.).
La liturgie nous présente, aujourd’hui, deux cycles de pensées et de sentiments qui nous paraissent entièrement opposés : la pénitence des Quatre-Temps et la joie de la Pentecôte. L’ancienne Église avait des pensées et des sentiments entièrement différents des nôtres. Elle avait une conscience plus développée de la Rédemption. Nous autres, nous mettons trop au premier plan la conscience du péché. Cela est encore dû à la piété anthropocentrique de notre temps. Revenons donc à la piété des anciens chrétiens, à la piété de l’Église, cette piété qui se réjouit et tressaille de joie à la pensée de la délivrance du péché. Le paralytique de l’Évangile d’aujourd’hui est un modèle pour nous. « Il s’en alla dans sa maison en louant Dieu ». La messe d’aujourd’hui est une véritable leçon qui nous enseigne cette conception du christianisme antique, disons plutôt cette conception vraiment chrétienne.
Les vendredis des Quatre-Temps ont toujours, dans la liturgie de la messe, un certain caractère de pénitence. Nous sommes en esprit dans l’église des douze Apôtres ; cette église inspirait aux anciens l’idée de pénitence. L’Évangile nous donne une belle image de pénitence. Quand nous songeons aux « péchés, aux offenses et aux négligences » du trimestre écoulé, alors que nous avons reçu tant de grâces et de lumières, nous nous mettons à la place de ce paralytique : mais, dans notre confiance, nous voulons ressembler aux porteurs qui découvrent le toit. Maintenant, au Saint-Sacrifice, nous recevons l’absolution du Seigneur lui-même : « Tes péchés te sont remis ! » — Que le vendredi des Quatre-Temps soit donc pour nous un jour de pénitence ! Saint Ambroise nous présente, aux Matines, un beau commentaire de l’Évangile. « Chaque malade doit avoir des intercesseurs qui demandent sa guérison. Nous avons besoin de ces intercesseurs par lesquels l’infirmité et la paralysie de notre conduite seront guéries avec l’aide de la divine parole. Nous avons besoin de moniteurs de l’esprit (de porteurs, comme le paralytique) qui, malgré la faiblesse de notre âme paralysée par la, débilité de notre corps, élèvent cette âme vers le ciel. Avec leur aide, l’âme s’élève facilement vers Jésus, se place à ses pieds et devient digne d’être regardée par le Seigneur. Car le Seigneur abaisse volontiers son regard vers ce qui est petit, comme il a abaissé son regard vers la petitesse de sa servante… Apprends ici, toi qui juges, apprends à pardonner ; apprends, toi qui es malade, à implorer le secours. Si tu doutes du pardon de tes péchés graves, recours à l’intercession de l’Église. Demande-lui de prier pour toi, et le Seigneur, à sa vue, t’accordera ce qu’il pourrait te refuser. Cette section évangélique, qui nous raconte la guérison corporelle du paralytique, nous rappelle la guérison intérieure de l’homme auquel les péchés ont été remis. » Il est certainement dans l’intention de l’Église que nous cherchions les relations entre les pensées de pénitence et le Saint-Esprit. La postcommunion de la Pentecôte nous donne une indication à ce sujet : le Saint-Esprit est la rémission de tous les péchés. C’est là un des aspects de l’action du Saint-Esprit : il veut bannir l’esprit du monde, l’esprit du péché, bref, le mauvais esprit de notre âme dont il veut faire son temple. « Fais que ton Église, unie dans le Saint-Esprit, ne soit troublée par aucune attaque ennemie ». (Oraison).
Sanctoral
Saint Augustin de Cantorbéry, Évêque et Confesseur, Apôtre de l’Angleterre
L’an cinq cent quatre-vingt-dix-sept, Augustin, moine du monastère de Latran à Rome, fut envoyé par Grégoire le Grand en Angleterre, avec environ quarante moines de sa communauté, pour convertir au Christ les populations de cette contrée. Il y avait alors dans le pays de Kent un roi très puissant, nommé Ethelbert. Ayant appris le motif de l’arrivée d’Augustin, il l’invita à venir avec ses compagnons à Cantorbéry, capitale de son royaume, et lui accorda de bonne grâce l’autorisation d’y demeurer et d’y prêcher le Christ. Le Saint bâtit donc près de Cantorbéry un oratoire où il résida quelque temps, et où ses compagnons et lui menèrent à l’envi un genre de vie tout apostolique. L’exemple de sa vie, joint à la prédication de la céleste doctrine que confirmaient de nombreux miracles, gagna les insulaires, puis amena à embrasser le christianisme la plupart d’entre eux et finalement le roi lui-même, qui reçut le baptême, ainsi qu’un nombre considérable des gens de son entourage ; ces faits comblèrent de joie la reine Berthe, qui était chrétienne. Il arriva qu’un jour de Noël Augustin baptisa plus de dix mille Anglais dans les eaux d’une rivière qui coule à York, et l’on rapporte que tous ceux qui se trouvaient atteints de quelque maladie recouvrèrent la santé du corps, en même temps qu’ils recevaient le salut de l’âme. Ordonné Évêque par l’ordre de Grégoire, Augustin établit son siège à Cantorbéry dans l’église du Sauveur qu’il avait élevée, et y plaça des moines pour seconder ses travaux ; il construisit dans un faubourg le monastère de Saint-Pierre, qui porta même plus tard le nom d’Augustin. Ce même Pape Grégoire lui accorda l’usage du pallium, avec le pouvoir d’établir en Angleterre la hiérarchie ecclésiastique. Il lui envoya aussi de nouveaux ouvriers apostoliques, parmi lesquels Méliton, Just, Paulin et Rufin. Les affaires de son Église étant réglées, Augustin réunit en synode les Évêques et les docteurs des anciens Bretons, depuis longtemps en désaccord avec l’Église romaine par rapport à la célébration de la fête de Pâques et à d’autres questions de rite. Mais comme il ne parvenait à les ramener à l’unité, ni par l’autorité du siège apostolique ni par des miracles, un esprit prophétique l’inspirant, il leur prédit leur perte. Enfin, après avoir accompli de nombreux travaux pour le Christ et d’éclatants prodiges, après avoir préposé Méliton à l’Église de Londres, Just à celle de Rochester, il désigna Laurent pour son successeur, et partit pour le ciel, le sept des calendes de juin [26 mai 604], sous le règne d’Ethelbert. Il fut enterré au monastère de Saint-Pierre, qui devint le lieu de sépulture des Archevêques de Cantorbéry et de plusieurs rois. Les Anglais lui rendirent un culte fervent, et le souverain Pontife Léon XIII a étendu son Office et sa Messe à l’Église universelle.
Saint Germain de Paris Évêque de Paris (496-576)
Saint Germain de Paris naquit au territoire d’Autun. Tout jeune, il faillit être victime d’une mère dénaturée et d’une grand-mère criminelle; mais Dieu veillait sur cet enfant de bénédiction et le réservait à de grandes choses. Germain se réfugia près d’un ermite, son oncle, dont il partagea la vie austère, et dont il s’étudia chaque jour à imiter la piété et les vertus. L’évêque d’Autun, ayant fait sa connaissance, conçut pour lui une très haute estime, et lui donna, malgré les réclamations de son humilité, l’onction sacerdotale, puis le nomma bientôt abbé du monastère de Saint-Symphorien d’Autun. Par ces temps de guerre et de dévastation, les pauvres affluent. Germain, toujours ému à la vue d’un homme dans la souffrance, ne renvoie personne sans lui faire l’aumône, au point qu’un jour il donne jusqu’au dernier pain de la communauté. Les moines murmurent d’abord, puis se révoltent ouvertement. Germain, pleurant amèrement sur le défaut de foi de ses disciples, se retire dans sa cellule et prie Dieu de les confondre et de les corriger. Il priait encore, lorsqu’une dame charitable amène au monastère deux chevaux chargés de vivres, et annonce que le lendemain elle enverra un chariot de blé. La leçon profita aux religieux, qui rentrèrent dans le devoir. Un jour le feu prend au grenier, menaçant de brûler toute la récolte du couvent. Germain, calme et confiant, saisit une marmite d’eau à la cuisine, monte au grenier en chantant Alleluia, fait le signe de la Croix et jette quelques gouttes d’eau sur la brasier, qui s’éteint. Un jour qu’il était en prière, il voit apparaître un vieillard éblouissant de lumière, qui lui présente les clefs de la ville de Paris: « Que signifie cela? demande l’abbé. — C’est, répond la vision, que vous serez bientôt le pasteur de cette ville. » Quatre ans plus tard, Germain, devenu évêque, resta moine toute sa vie, et il ajouta même de nouvelles austérités à celles qu’il avait pratiquées dans le cloître. Après les fatigues d’une journée tout apostolique, son bonheur, même par les temps rigoureux, était de passer les nuits entières au pied de l’autel. Germain eut la plus grande et la plus heureuse influence auprès des rois et des reines qui se succédèrent sur le trône de France pendant son épiscopat; on ne saurait dire le nombre de pauvres qu’il secourut, de prisonniers qu’il délivra, avec l’or des largesses royales. Il mourut, plein de mérites, à l’âge de quatre-vingts ans.
Martyrologe
Saint Augustin, évêque de Cantorbéry et confesseur. Son anniversaire est mentionné le 7 des calendes de juin (26 mai).
En Sardaigne, les saints martyrs Emile, Félix, Priam et Lucien, qui combattirent pour le Christ et méritèrent d’être par lui glorieusement couronnés.
A Chartres, en Gaule, saint Ohéron martyr, qui sous l’empereur Domitien fut décapité, et acquit ainsi la grâce du martyre.
De plus, la passion des saints Crescent, Dioscoride, Paul et Hellade.
A Thécué, en Palestine, les saints moines martyrs, qui, au temps de Théodose le Jeune, furent massacrés par les Sarrasins. Les habitants du lieu recueillirent leurs restes sacrés, et conçurent pour eux une grande vénération.
A Corinthe, sainte Héliconide martyre, au temps de l’empereur Gordien. Le préfet Pérennius lui fit subir de nombreux tourments; Justin, successeur de Pérennius, la mit de nouveau à la torture, mais les anges la délivrèrent; elle eut ensuite les seins coupés, fut exposée aux bêtes, éprouvée par le feu et enfin décapitée: elle acheva ainsi son martyre.
A Paris, saint Germain, évêque et confesseur, dont l’éminente sainteté, le grand mérite et les miracles éclatants ont été consignés dans les ouvrages de l’évêque Fortunat.
A Milan, saint Sénateur évêque, très célèbre par ses vertus et son érudition.
A Urgel, en Espagne Tarragonaise, saint Just évêque.
A Florence, saint Poge, évêque et confesseur.
A Novare, saint Bernard de Menthon confesseur, qui construisit sur le mont Joux (auj. Mont St-Bernard), dans les Alpes, en Valais, un hospice et un monastère très célèbre. Le pape Pie XI l’a établi patron céleste, non seulement de ceux qui habitent les Alpes ou qui voyagent dans ces montagnes, mais aussi de ceux qui s’exercent à en gravir les sommets.
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