Sanctoral
Vigile de la nativité de saint Jean-Baptiste
Nous nous préparons aujourd’hui à célébrer une fête qui appartient au cercle le plus intime de l’année liturgique, la naissance du Précurseur du Seigneur. C’est une sorte d’Avent et une seconde annonce de la naissance du Seigneur (la première est l’Annonciation de la Sainte Vierge). Cette annonce eut lieu six mois avant Noël. La fête est avant tout une fête de Rédemption, une fête de joie, à cause de la Rédemption qui va venir. La vigile d’aujourd’hui a comme mystère particulier la promesse de la naissance du Baptiste faite par l’ange Gabriel à Zacharie dans le temple. Nous entendons cette promesse dès notre entrée dans l’église ; l’Évangile l’annonce expressément ; dans la prière des Heures saint Ambroise nous en entretient. Dans son homélie, il expose que la Sainte Écriture ne se contente pas de louer les saints personnages, elle loue aussi leurs parents ; c’est le cas par exemple pour Samuel et Isaac, c’est également le cas pour Zacharie dont on indique la classe sacerdotale ; on indique aussi les ancêtres d’Élisabeth. La leçon de la messe nous rapporte, au sens littéral, la vocation de Jérémie. La liturgie applique ce passage à saint Jean. Il convient très bien au Précurseur, qui fut sanctifié dans le sein de sa mère et reçut la mission de prêcher hardiment la pénitence : « Avant de te former dans le sein maternel je te connais, et, avant que tu voies la lumière du monde, je t’ai sanctifié et je t’ai établi prophète sur les peuples ». « Voici que je t’établis aujourd’hui sur les peuples et sur les royaumes pour arracher et pour abattre, pour perdre et pour détruire, pour bâtir et pour planter ». Au temps d’Hérode, roi de Judée, il y avait un prêtre nommé Zacharie, de la classe d’Abia ; sa femme, qui était de la race d’Aaron, s’appelait Élisabeth. Tous deux étaient justes devant Dieu, suivant sans reproche en toutes choses la voie des commandements et ordonnances du Seigneur. Ils n’avaient point d’enfants, parce qu’Élisabeth était stérile, et que déjà tous deux étaient avancés en âge. Or, il arriva que le tour de sa famille étant venu pour acquitter devant Dieu la charge du sacerdoce, Zacharie fut désigné du sort, selon ce qui s’observait entre les prêtres, pour offrir les parfums au dedans du temple du Seigneur. Toute la multitude du peuple était en prières dehors, à cette heure de l’encens. Et voici qu’un ange du Seigneur apparut à Zacharie, debout à la droite de l’autel des parfums. Il se troubla à cette vue, et fut saisi de frayeur. Mais l’ange lui dit : « Ne craignez point, Zacharie, parce que votre prière a été exaucée. Votre femme Élisabeth vous donnera un fils, et vous l’appellerez Jean. Il vous sera un sujet de joie et d’allégresse, et beaucoup se réjouiront à sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur ; il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli du Saint-Esprit encore dans le sein de sa mère. Un grand nombre d’enfants d’Israël seront convertis par lui au Seigneur leur Dieu, et lui-même marchera devant le Seigneur dans l’esprit et la vertu d’Elie, pour ramener les cœurs des pères à leurs fils, rappeler les incrédules à la prudence des justes, et préparer au Seigneur un peuple parfait ». Cette page, que l’Église nous fait lire aujourd’hui, est précieuse entre celles où sont consignées les annales de l’humanité ; car c’est ici le commencement de l’Évangile, le premier mot de la bonne nouvelle du salut. Non que l’homme n’eût point eu, jusque-là, connaissance des desseins formés par le ciel pour le relever de sa chute et lui donner un Sauveur. Mais l’attente avait été longue, depuis le jour où la sentence portée contre le serpent maudit montrait dans l’avenir à notre premier père ce fils de la femme, qui devait guérir l’homme et venger Dieu. D’âge en âge, il est vrai, la promesse s’était développée ; chaque génération, pour ainsi dire, avait vu le Seigneur par ses prophètes ajouter un trait nouveau au signalement de ce frère de notre race, si grand par lui-même que le Très-Haut l’appellerait son fils, si passionne de justice que, pour solder la dette du monde, il verserait tout son sang. Agneau dans son immolation, par sa douceur il dominerait la terre ; désiré des nations quoique sorti de Jessé, plus magnifique que Salomon, il exaucerait l’amour des pauvres âmes rachetées : allant au-devant de leurs vœux, il s’annoncerait comme l’Époux descendu des collines éternelles. Agneau chargé des crimes du monde, Époux attendu de l’Épouse : tel était donc ce fils de l’homme en même temps Fils de Dieu, le Christ, le Messie promis à la terre. Mais quand viendrait-il, ce désiré des peuples ? Qui désignerait au monde son Sauveur, qui conduirait l’Épouse à l’Époux ? Le genre humain, sorti en pleurs de l’Éden, était resté les yeux fixés sur l’avenir. Jacob, mourant, saluait de loin ce fils aimé dont la puissance égalerait celle du lion ; dont les célestes charmes, relevés encore dans le sang des raisins, ineffable mystère, faisaient l’objet de ses contemplations inspirées sur sa couche funèbre. Au nom de la gentilité, du fumier où sa chair s’en allait en lambeaux, Job répondait à la ruine par un acte de sublime espérance en son Rédempteur et son Dieu. Haletante sous l’effort de son mal et l’ardeur de ses aspirations, l’humanité voyait s’accumuler les siècles, sans que la mort qui la consumait suspendît ses ravages, sans que le désir du Dieu attendu cessât de grandir en son cœur. Aussi, de génération en génération, quel redoublement de prières ; que d’impatience croissante en ses supplications ! Que ne brisez-vous les barrières du ciel, et ne descendez-vous ! Assez de promesses, s’écrient pour l’Église de ces temps le dévot saint Bernard et tous les Pères, commentant le premier verset du Cantique ; assez de figures et d’ombres, assez parlé par d’autres. Je n’entends plus Moïse, les prophètes sont sans voix ; la loi qu’ils apportaient n’a point rendu la vie à mes morts. Et qu’ai-je affaire au bégaiement de leurs bouches profanes, moi à qui le Verbe s’annonce ? Les parfums d’Aaron ne valent point l’huile d’allégresse répandue par le Père sur celui que j’attends, Plus d’envoyés, ni de serviteurs : après tant de messages, que lui-même vienne enfin ! Et, prosternée dans la personne des plus dignes de ses fils sur les hauteurs du Carmel, l’Église de l’attente ne se relèvera pas que le signe très prochain de la pluie du salut ne paraisse au ciel. Vainement, jusqu’à sept fois, lui sera-t-il répondu que rien ne se lève du côté de la mer ; prolongeant sa prière et ses pleurs, maintenant dans la poussière ses lèvres altérées par l’interminable sécheresse, elle attendra que se montre la nuée féconde apportant Dieu sous des traits humains. Alors, oubliant ses longs jeûnes et l’épuisement des années, elle se redressera dans la vigueur de sa jeunesse première ; remplie de l’allégresse annoncée par l’ange, elle suivra dans la joie l’Elie nouveau dont ce jour de vigile nous promet pour demain la naissance, le précurseur prédestiné courant comme l’ancien Élie, mais plus véritablement que lui, devant le char du roi d’Israël.
Saint Joseph Cafasso, Confesseur, Tiers-Ordre franciscain
Joseph Cafasso naquit à Castelnuovo d’Asti en 1811. Fils de petits propriétaires terriens, il était le troisième de quatre enfants, dont la dernière, Marianne, sera la maman du bienheureux don Joseph Allamano. Souffrant d’une malformation de la colonne vertébrale, il est de petite taille, et reste estropié toute sa vie. Depuis tout petit, il était considéré comme un petit saint, dans sa famille et dans le village. Il fit ses études de théologie au Séminaire de Chieri et fut ordonné prêtre en 1833. Quatre mois plus tard, il s’installe au Collège Ecclésiastique pour perfectionner sa formation sacerdotale et pastorale. Il y restera toute sa vie ; entre-temps, il en devint le Recteur. Au Collège, on respirait la spiritualité de Saint Ignace et on suivait les directives théologiques et pastorales de Saint Alphonse Marie de Liguori. L’enseignement y est donné avec grand soin et vise à former de bons confesseurs et d’habiles prédicateurs. Joseph étudie et approfondit la spiritualité de Saint François de Sales, qu’il transmettra par la suite, de façon particulière, à l’un de ses étudiants : Jean Bosco. Don Cafasso, son directeur spirituel de 1841 à 1860, a contribué à former et à orienter la personnalité et la spiritualité de Don Bosco. Typique de son enseignement était l’insistance sur le devoir quotidien dans son rapport à la sainteté. Le fondateur des Salésiens en a lui-même témoigné en ces termes : « La vertu extraordinaire de don Cafasso fut de pratiquer en permanence et avec une fidélité merveilleuse les vertus ordinaires. » Toujours attentif aux besoins des plus faibles, il visitait et aidait même économiquement les plus pauvres, leur apportant en même temps la consolation émanant de son ministère sacerdotal. Il exerce aussi de nombreux ministères, particulièrement auprès des prisonniers qu’il visite et des condamnés qu’il assiste jusqu’à leur dernière heure. Il est surnommé l’aumônier des gibets et est actuellement le saint protecteur des aumôniers de prison. Il donne l’absolution aux condamnés à mort, et comme ceux-ci sont exécutés tout de suite après, Joseph parle d’eux comme des saints pendus. Il travaille toute sa vie à l’amélioration de la condition pénitentiaire. Prudent et réservé, maître spirituel, il fut le directeur spirituel de prêtres, de laïcs, de personnalités politiques, de fondateurs. Pie XI l’a défini la perle du clergé italien. Don Cafasso soutint Don Bosco et la Congrégation salésienne, y compris matériellement, depuis le début. Après une courte maladie, il mourut à l’âge de 49 ans à peine, le 23 juin 1860. Il fut béatifié en 1925 par Pie IX qui le définit comme la perle du clergé italien et canonisé par Pie XII en 1947. Ce dernier le présenta comme « un modèle de vie sacerdotale, père des pauvres, consolateur des malades, soutien des prisonniers, salut des condamnés à mort ». Le même Pape, dans son exhortation apostolique Menti Nostræ du 23 septembre 1950, l’a proposé comme modèle aux prêtres.
Sainte Marie d’Oignies, Recluse (1213-1244)
Sainte Marie d’Oignies naquit à Nivelle, en Belgique. Mariée malgré elle, ses exemples convertirent son mari, qui vécut avec elle dans la continence et distribua ses richesses aux pauvres pour se consacrer entièrement aux oeuvres de la piété. Elle fut comblée des grâces les plus extraordinaires, récompense de ses jeûnes prolongés et de ses prières continuelles. Elle reçut particulièrement le don des larmes dans la méditation de la Passion de Jésus-Christ, la connaissance de l’état des consciences, les visions et les extases. Les cinquante-trois derniers jours de sa vie, elle ne prit point d’autre nourriture que l’Eucharistie.
Martyrologe
La Vigile de la Nativité de saint Jean Baptiste.
A Rome, saint Jean prêtre, qui sous Julien l’Apostat, fut décapité sur l’ancienne voie Salaria, devant l’idole du soleil. Son corps fut inhumé par le bienheureux Concorde prêtre, près du lieu dit « les Conciles des martyrs ».
A Rome encore, sainte Agrippine, vierge et martyre. Elle consomma son martyre sous l’empereur Valérien. Son corps transféré en Sicile et enseveli à Menès, y opère de nombreux miracles.
A Sutri, en Toscane, saint Félix prêtre: le préfet Turcius le fit violemment frapper au visage avec un caillou, jusqu’à ce qu’il rendit l’âme.
A Nicomédie, la commémoraison de nombreux saints martyrs. Après s’être cachés dans les montagnes et les cavernes au temps de Dioclétien, ils souffrirent le martyre avec joie pour le nom du Christ.
A Philadelphie, en Arabie, les saints martyrs Zénon et Zénas son esclave. Celui-ci, baisant les chaines avec lesquelles était lié son maître, et le priant de l’accepter comme compagnon de ses tourments, fut saisi par les soldats, et reçut par le martyre une couronne semblable à celle de son maître.
A Turin, saint Joseph Cafasso, prêtre. Il se rendit célèbre par son zèle à accroître la piété et la science chez les clercs et à réconcilier avec Dieu les condamnés à mort. Le pape Pie XII l’a inscrit au nombre des Saints du ciel.
Au monastère d’Ely, en Angleterre, sainte Etheldrède, reine et vierge. Elle s’en alla vers le Seigneur après s’être rendue célèbre par sa sainteté et ses miracles. Onze ans après son décès, son corps fut trouvé sans aucune marque de corruption.
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