Vendredi des Quatre-Temps de septembre
« En ce temps-là : Un pharisien pria Jésus de manger avec lui. Et étant entré dans la maison du pharisien, il se mit à table. » Quel est donc celui que représente le Pharisien présumant de sa fausse justice, si ce n’est le peuple juif ; quelle est celle que désigne la femme pécheresse, suivant les pas du Seigneur et pleurant, si ce n’est la Gentilité convertie ? Elle vint avec un vase d’albâtre, répandit le parfum, se tint en arrière aux pieds du Seigneur, inonda ses pieds de ses larmes, les essuya avec ses cheveux, et elle ne cessa de baiser ces mêmes pieds qu’elle inondait et essuyait. C’est donc nous que cette femme représente, si, après nos péchés, nous retournons au Seigneur de tout cœur, si nous imitons les pleurs de sa pénitence. Que veut en effet dire ce parfum, si ce n’est la bonne odeur de notre réputation ? C’est pourquoi saint Paul dit : « Nous sommes en tout lieu pour Dieu la bonne odeur du Christ. » Si donc nous faisons des œuvres bonnes, qui répandent dans l’Église l’odeur d’une bonne réputation, que faisons-nous en ce qui concerne le corps du Seigneur, sinon de l’inonder de parfum ? Mais la femme se tint aux pieds de Jésus : nous nous mettons devant les pieds du Seigneur quand nous nous opposons à ses voies par nos péchés ; mais si nous nous convertissons après nos fautes et embrassons une pénitence sincère, alors nous nous tenons en arrière, à ses pieds, car nous voulons suivre ses pas au lieu de les arrêter. La femme arrose ses pieds de ses larmes : ce que nous faisons aussi vraiment si, par un sentiment de compassion, nous nous inclinons vers le moindre des membres du Seigneur, si nous prenons part à la souffrance de ses saints dans la tribulation ; si, leur tristesse, nous la considérons comme notre tristesse. Nous essuyons donc de nos cheveux les pieds du Seigneur, lorsque nous montrons notre pitié pour ses saints, auxquels nous compatissons par charité, même au moyen de notre superflu : de telle façon que notre esprit souffre dans sa compassion, au point qu’une main généreuse montre le sentiment vif de la douleur. Celui-là en effet mouille de ses larmes les pieds du Rédempteur, mais ne les essuie pas de ses cheveux, qui compatit, il est vrai, à la douleur de son prochain, mais ne lui vient pas en aide de son superflu. Il pleure, mais il n’essuie pas, celui qui lui présente les paroles de la douleur, mais qui, ne lui présentant pas ce qui lui manque, n’enlève pas du tout la force de la douleur. La femme baise les pieds qu’elle essuie ; ce que nous aussi nous faisons véritablement, si nous aimons ardemment ceux que nous soutenons de notre libéralité, de façon que le besoin du prochain ne nous soit pas à charge ; que son indigence, que nous soulageons, ne nous soit pas un fardeau et que, alors que la main présente le nécessaire, notre esprit ne soit pas engourdi loin de l’affection.
Sanctoral
Saint Thomas de Villeneuve, Évêque et Confesseur
Thomas naquit en Espagne dans la ville de Font-Plain (Fuenllana), au diocèse de Tolède, l’an du Seigneur mil quatre cent quatre-vingt-huit, d’une famille très distinguée. Dès l’âge le plus tendre, il conçut pour les pauvres des sentiments tout particuliers d’affection et de miséricorde, et tout jeune encore, il en donna bon nombre de preuves ; celle-ci, entre autres, que plus d’une fois il se dépouilla de ses vêtements pour couvrir ceux qui n’en avaient pas. Au sortir de l’enfance, il fut envoyé à Alcala pour y étudier les lettres, comme élève du grand collège de saint Ildefonse. Rappelé par la mort de son père, il consacra toute sa fortune à l’entretien de jeunes filles indigentes ; puis, sans tarder, il revint à Alcala pour achever son cours de théologie et il se fit tellement remarquer par sa science, qu’on l’obligea d’occuper l’une des chaires de l’Université ; il y traita avec un très grand succès les questions de philosophie et de théologie. En même temps, il ne cessait de demander à Dieu avec beaucoup d’instance dans ses prières, de lui révéler la science des saints et de lui faire connaître une règle de conduite pour diriger sagement sa vie et ses mœurs. Ce fut donc sur l’inspiration de Dieu, qu’il embrassa l’institut des Ermites de saint Augustin. Devenu profès, il excella dans toutes les vertus, dans tout ce qui t’ait l’ornement de la vie religieuse ; il se fit surtout remarquer par son humilité, sa patience, sa continence et sa très ardente charité, Au milieu d’occupations variées et multiples, il tenait son esprit fortement appliqué à l’oraison et à la méditation des choses de Dieu. Forcé d’accepter le fardeau de la prédication, qu’on lui imposa à cause de l’éminence de sa sainteté et de sa doctrine, il retira, la grâce divine aidant, quantité de pécheurs de la fange du vice pour les faire entrer dans la voie du salut. Placé comme supérieur à la tête de ses frères, il sut allier, dans une juste mesure, la prudence, la justice et la douceur à la sollicitude et la sévérité, si bien qu’il raffermit ou rétablit l’ancienne discipline de son Ordre dans un grand nombre de maisons. Désigné pour occuper le siège archiépiscopal de Grenade, il rejeta cette dignité avec une humilité et une persistance admirables. Peu après cependant, sur l’ordre de ses supérieurs, il accepta le gouvernement de l’Église de Valence Pendant onze années environ, il l’administra avec tant de soin, qu’il accomplit tous les devoirs d’un très saint et très vigilant pasteur, sans rien changer à son genre de vie habituel. Son inépuisable charité s’exerça plus généreusement encore, prodiguant aux pauvres les revenus considérables de son Église et ne gardant même pas un lit en sa possession ; car celui sur lequel il était couché au moment où le Christ l’appela au ciel, lui fut prêté par l’indigent à qui il l’avait donné peu auparavant à titre d’aumône. Il s’endormit dans le Seigneur le six des ides de septembre, à l’âge de soixante-huit ans. Pendant sa vie et après sa mort, Dieu voulut manifester par des miracles la sainteté de son serviteur. Ainsi un grenier dont tout le froment avait été distribué aux pauvres, se trouva tout à coup rempli ; et un enfant mort revint à la vie auprès de son tombeau. En raison de ces miracles et de beaucoup d’autres encore qui le glorifièrent, il fut inscrit au nombre des Saints par le souverain Pontife Alexandre III.
Saint Maurice et ses Compagnons, Martyrs
Le récit de la passion de St Maurice date de 449 au plus tard. La fête se répandit suite à l’importance prise par l’abbaye de St-Maurice, fondée en 515. Elle fut adoptée à Rome au XIème siècle. Les saints Martyrs ne sont plus que commémorés depuis l’inscription de la fête de saint Thomas de Villeneuve au calendrier (1694). Le 22 septembre 286 vit un spectacle à la fois sublime et épouvantable: une légion romaine entière, général en tête, immolée par un barbare empereur pour n’avoir pas voulu renoncer à Jésus-Christ. Cette légion était la Légion Thébéenne; ce général, saint Maurice, et ce tyran, l’empereur Maximien. La Légion Thébéenne portait ce nom parce qu’elle avait été recrutée en Thébaïde. Elle fut du nombre de celles que l’empereur emmena combattre la Gaule en révolte. Après le passage des Alpes, un sacrifice solennel fut ordonné. La légion chrétienne, ne voulant pas y prendre part, se retira près du lieu appelé aujourd’hui Saint-Maurice-d’Agaune. L’empereur les enjoignit de se réunir à l’armée pour la fête. Mais Maurice et ses compagnons, se rappelant qu’il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, se virent dans la triste nécessité de désobéir. Cette désobéissance, n’était pas, pour ces braves soldats, vainqueurs sur vingt champs de bataille, un acte de félonie, mais un acte d’héroïque loyauté. Aussitôt le prince barbare donna l’ordre de décimer la légion. A voir ce bataillon de six mille hommes rangés en ordre de combat, ayant à sa tête Maurice, à cheval, avec ses brillants officiers, Exupère, Maurice et Candide, il semble qu’on eût pu craindre une résistance par la force; mais non, les disciples de Jésus-Christ ne cherchaient et n’attendaient qu’une victoire pacifique, la victoire sur le monde, et la conquête du Ciel par le martyre. Les noms des soldats sont jetés dans les casques des centurions; six cents sur six mille vont périr; les victimes désignées embrassent leurs camarades, qui les encouragent et qui envient leur sort; bientôt le sacrifice est consommé, et la plaine ruisselle du sang des martyrs. Les survivants persistent à se déclarer chrétiens, et la boucherie recommence; six cents nouveaux élus rougissent de leur sang les rives du Rhône. Les autres sauront mourir jusqu’au dernier; mais ils envoient au tyran un message avec une lettre admirable: « Empereur, nous sommes vos soldats; nous sommes prêts à combattre les ennemis de l’empire; mais nous sommes aussi chrétiens, et nous devons fidélité au vrai Dieu. Nous ne sommes pas des révoltés, nous aimons mieux être des victimes que des bourreaux: mieux vaut pour nous mourir innocents que de vivre coupables. » Maximien, désespérant d’ébranler leur constance, les fit massacrer tous en masse.
Martyrologe
Saint Thomas de Villeneuve, de l’Ordre des Ermites de saint Augustin, évêque de Valence, et confesseur, dont l’anniversaire est mentionné le 6 des ides de septembre (8 septembre).
A Sion-en-Valais, dans les Gaules (auj. en Suisse), au lieu nommé Agaune, l’anniversaire des saints martyrs thébéens Maurice, Exupère, Candide, Victor, Innocent, Vital avec leurs compagnons de la même légion. Mis à mort sous l’empereur Maximien, ils ont illuminé le monde par leur glorieuse passion.
A Rome, la passion des saintes vierges et martyres Digne et Emérite, sous Valérien et Gallien; leurs reliques reposent dans l’église de Saint-Marcel.
A Ratisbonne, en Bavière, saint Emméran, évêque et martyr. Pour délivrer des prisonniers, il souffrit patiemment une mort très cruelle pour le Christ.
Près du bourg nommé Châtres, saint Yon, prêtre et martyr. Venu dans les Gaules avec saint Denis, il fut, par l’ordre du préfet Julien, battu de verges et consomma son martyre par le glaive.
A Antinoë, en Egypte, sainte Irais, vierge d’Alexandrie, et ses compagnons, martyrs. Cette vierge, étant sortie pour puiser de l’eau à une fontaine voisine, aperçut un navire chargé de confesseurs du Christ; elle laissa aussitôt sa cruche pour se joindre à eux. Conduite en ville avec eux, elle fut décapitée la première, après avoir enduré plusieurs tourments. Ensuite, les prêtres, les diacres, les vierges et tous les autres, périrent par le même genre de mort.
A Rome, le pape saint Félix IV, qui se dépensa beaucoup pour la foi catholique.
A Meaux, le bienheureux Saintin évêque, disciple de saint Denis l’Aréopagite: sacré par lui évêque de cette même ville de Meaux, Saintin y prêcha le premier l’évangile.
Au territoire de Coutances, en France, saint Lô évêque.
Au Mont-Glonne, sur la Loire, en France, saint Florent, prêtre.
Au bourg de Levroux, en Berry, saint Silvain confesseur.
A Laon, en France, sainte Salaberge, Abbesse.
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