Fête du Sacré Cœur de Jésus : « Un soldat ouvrit son côté et il sortit du sang et de l’eau. »
Un nouveau rayon brille au ciel de la sainte Église, et vient échauffer nos cœurs. Le Maître divin donné par le Christ à nos âmes, l’Esprit Paraclet descendu sur le monde, poursuit ses enseignements dans la Liturgie sacrée. La Trinité auguste, révélée tout d’abord à la terre en ces sublimes leçons, a reçu nos premiers hommages ; nous avons connu Dieu dans sa vie intime, pénètre par la foi dans le sanctuaire de l’essence infinie. Puis, d’un seul bond, l’Esprit impétueux de la Pentecôte, entraînant nos âmes à d’autres aspects de la vérité qu’il a pour mission de rappeler au monde, les a laissées un long temps prosternées au pied de l’Hostie sainte, mémorial divin des merveilles du Seigneur. Aujourd’hui c’est le Cœur sacré du Verbe fait chair qu’il propose à nos adorations. Partie noble entre toutes du corps de l’Homme-Dieu, le Cœur de Jésus méritait, en effet, au même titre que ce corps adorable, l’hommage réclamé par l’union personnelle au Verbe divin. Mais si nous voulons connaître la cause du culte plus spécial que lui voue la sainte Église, il convient ici que nous la demandions de préférence à l’histoire de ce culte lui-même et à la place qu’occupe au Cycle sacré la solennité de ce jour. Un lien mystérieux réunit ces trois fêtes de la très sainte Trinité, du Saint-Sacrement et du Sacré-Cœur. Le but de l’Esprit n’est pas autre, en chacune d’elles, que de nous initier plus intimement à cette science de Dieu par la foi qui nous prépare à la claire vision du ciel. Nous avons vu comment Dieu, connu dans la première en lui-même, se manifeste par la seconde en ses opérations extérieures, la très sainte Eucharistie étant le dernier terme ici-bas de ces opérations ineffables. Mais quelle transition, quelle pente merveilleuse a pu nous conduire si rapidement et sans heurt d’une fête à l’autre ? Par quelle voie la pensée divine elle-même, par quel milieu la Sagesse éternelle s’est-elle fait jour, des inaccessibles sommets où nous contemplions le sublime repos de la Trinité bienheureuse, à cet autre sommet des Mystères chrétiens où l’a portée l’inépuisable activité d’un amour sans bornes ? Le Cœur de l’Homme-Dieu répond à ces questions, et nous donne l’explication du plan divin tout entier. Nous savions que cette félicité souveraine du premier Être, cette vie éternelle communiquée du Père au Fils et des deux à l’Esprit dans la lumière et l’amour, les trois divines personnes avaient résolu d’en faire part à des êtres créés, et non seulement aux sublimes et pures intelligences des célestes hiérarchies, mais encore à l’homme plus voisin du néant, jusque dans la chair qui compose avec l’âme sa double nature. Nous en avions pour gage le Sacrement auguste où l’homme, déjà rendu participant de la nature divine par la grâce de l’Esprit sanctificateur, s’unit au Verbe divin comme le vrai membre de ce Fils très unique du Père. Oui ; « bien que ne paraisse pas encore ce que nous serons un jour, dit l’Apôtre saint Jean, nous sommes dès maintenant les fils de Dieu ; lorsqu’il se montrera, nous lui serons semblables », étant destinés à vivre comme le Verbe lui-même en la société de ce Père très-haut dans les siècles des siècles.
Sanctoral
Sainte Julienne Falconieri, Vierge
Julienne, de la noble famille des Falconiéri, eut pour père l’illustre fondateur de l’église dédiée à la Mère de Dieu saluée par l’Ange, monument splendide dont il fit tous les frais et qui se voit encore à Florence. Il était déjà avancé en âge, ainsi que Reguardata, son épouse, jusque-là stérile, lorsqu’on l’année mil deux cent soixante-dix, leur naquit cette enfant. Au berceau, elle donna un signe non ordinaire de sa sainteté future, car on l’entendit prononcer spontanément de ses lèvres vagissantes les très doux noms de Jésus et de Marie. Dès l’enfance, elle s’adonna tout entière aux vertus chrétiennes et y excella de telle sorte que saint Alexis, son oncle paternel, dont elle suivait les instructions et les exemples, n’hésitait pas à dire à sa mère qu’elle avait enfanté un ange et non pas une femme. Son visage, en effet, était si modeste, son cœur resta si pur de la plus légère tache, que jamais, dans tout le cours de sa vie, elle ne leva les yeux pour considérer le visage d’un homme, que le seul mot de péché la faisait trembler et qu’il advint un jour qu’au récit d’un crime, elle tomba soudain presque inanimée. Elle n’avait pas encore achevé sa quinzième année, que, renonçant aux biens considérables qui lui venaient de sa famille et dédaignant les alliances d’ici-bas, elle voua solennellement à Dieu sa virginité entre les mains de saint Philippe Béniti, et la première reçut de lui, l’habit dit des Mantellates. L’exemple de Julienne fut suivi par beaucoup de nobles femmes, et l’on vit sa mère elle-même se ranger sous la direction de sa fille. Aussi, leur nombre augmentant peu à peu, elle établit ces Mantellates en Ordre religieux, leur donnant pour vivre pieusement, des règles qui révèlent sa sainteté et sa haute prudence. Saint Philippe Béniti connaissait si bien ses vertus que, sur le point de mourir, il ne crut pouvoir recommander à personne mieux qu’à Julienne non seulement les religieuses, mais l’Ordre entier des Servîtes, dont il avait été le propagateur et le chef. Cependant elle n’avait sans cesse que de bas sentiments d’elle-même ; maîtresse des autres, elle servait ses sœurs dans toutes les occupations domestiques même les plus viles. Passant des jours entiers à prier, elle était très souvent ravie en extase. Elle employait le temps qui lui restait, à apaiser les discordes des citoyens, à retirer les pécheurs de leurs voies mauvaises et à soigner les malades, auxquels, plus d’une fois, elle rendit la santé en exprimant avec ses lèvres le pus qui découlait de leurs ulcères. Meurtrir son corps par les fouets, les cordes à nœuds, les ceintures de fer, prolonger ses veilles ou coucher sur la terre nue lui était habituel. Chaque semaine, pendant deux jours, elle n’avait pour seule nourriture que le pain des Anges ; le samedi, elle ne prenait que du pain et de l’eau, et, les quatre autres jours, elle se contentait d’une petite quantité d’aliments grossiers. Cette vie si dure lui occasionna une maladie d’estomac qui s’aggrava et la réduisit à l’extrémité alors qu’elle était dans sa soixante-dixième année. Elle supporta d’un visage joyeux et d’une âme ferme les souffrances de cette longue maladie ; la seule chose dont elle se plaignit, c’était que, ne pouvant retenir aucune nourriture, le respect dû au divin Sacrement la tint éloignée de la table eucharistique. Dans son angoisse, elle pria le Prêtre de consentir au moins à lui apporter ce pain divin que sa bouche ne pouvait recevoir et à l’approcher de sa poitrine. Le Prêtre, ayant acquiescé à son désir, à l’instant même, ô prodige ! Le pain sacré disparut et Julienne expira, le visage plein de sérénité et le sourire aux lèvres le 12 juin 1341. On connut le miracle lorsque le corps de la Vierge dut être préparé selon l’usage pour la sépulture : on trouva, en effet, au côté gauche de la poitrine, imprimée sur la chair comme un sceau, la forme d’une hostie représentant l’image de Jésus crucifié. Le bruit de cette merveille et de ses autres miracles lui attira la vénération non seulement des habitants de Florence, mais de tout l’univers chrétien ; et cette vénération s’accrut tellement pendant près de quatre siècles entiers, qu’enfin le Pape Benoît XIII ordonna qu’au jour de sa Fête il y eût un Office propre dans tout l’Ordre des servites de la Bienheureuse Vierge Marie. Sa gloire éclatant de jour en jour par de nouveaux miracles, Clément XII, protecteur généreux du même Ordre, inscrivit Julienne au catalogue des saintes Vierges.
Saints Gervais et Protais, Martyrs
Gervais et Protais étaient fils de Vital et de Valérie ; leur père et leur mère souffrirent le martyre pour la foi de Jésus-Christ, l’un à Ravenne et l’autre à Milan. Eux-mêmes, ayant distribué leur patrimoine aux pauvres et affranchi leurs esclaves, s’attirèrent de ce chef une haine sans mesure de la part des prêtres païens. Ceux-ci donc cherchèrent une occasion de perdre les pieux frères, et crurent la trouver dans les préparatifs de guerre faits par le comte Astasius. Ils ont appris des dieux, insinuent-ils à Astasius, qu’il ne sera vainqueur qu’à la condition de forcer Gervais et Protais à renier le Christ et à sacrifier aux dieux. Les deux frères ne témoignant qu’horreur pour une telle proposition, Astasius fait battre Gervais jusqu’à ce qu’il expire sous les coups : Protais est battu de verges, puis frappé de la hache. Philippe, serviteur du Christ, enleva leurs corps à la dérobée et les ensevelit dans sa maison. Dans la suite, saint Ambroise les ayant découverts le 19 juin 386 par une inspiration de Dieu, prit soin de les placer dans un lieu sacré et illustre. Ils souffrirent à Milan, le treize des calendes de juillet. En 1864, leurs reliques furent découvertes de nouveau sous le maître-autel de l’ancienne basilique de Milan ; elles étaient renfermées dans un sarcophage de porphyre.
Martyrologe
A Florence sainte Julienne Falconieri vierge fondatrice de l’Ordre des religieuses Servites de bienheureuse Vierge Marie. Elle a été mise au nombre des saintes vierges par le souverain pontife Clément XII.
A Milan, les saints frères martyrs Gervais et Protais. Par ordre du juge Astase, le premier fut battu sans relâche avec des fouets garnis de plomb, jusqu’à ce qu’il rendit l’esprit; le second fut meurtri de coups de bâton puis décapité. Sur une révélation du Seigneur, saint Ambroise retrouva leurs corps tout sanglants, et sans plus de trace de corruption que si c’eût été le jour même de leur martyre. Au cours de leur translation, un aveugle recouvra la vue, en touchant leur châsse et beaucoup de possédés furent délivrés.
Au monastère de Val di Castro, dans les Marches, l’anniversaire de saint Romuald de Ravenne, anachorète et père des moines Camaldules. Il rétablit et propagea d’une façon merveilleuse la discipline érémitique alors très relâchée en Italie. Sa fête se célèbre le 7 des ides de février (7 février), jour de la translation de ses reliques à Fabriano.
A Arezzo, en Toscane, les saints martyrs Gaudence évêque et Culmace diacre, qui au temps de Valentinien, furent massacrés par des païens en fureur.
Le même jour, saint Boniface, martyr, disciple du bienheureux Romuald. Envoyé par le pontife romain Grégoire V pour prêcher l’évangile en Russie, il passa par le feu sans en recevoir aucun mal, et baptisa le roi avec son peuple; puis il fut mis à mort par le frère du roi transporté de fureur, et reçut ainsi la couronne du martyre, qu’il avait désirée.
A Ravenne, saint Ursicin martyr. Après de nombreux tourments endurés sous le juge Paulin, il demeura ferme dans la confession du Seigneur, fut décapité et acheva ainsi son martyre.
A Sozopolis en Pisidie, saint Zosime martyr. Durant la persécution de Trajan, sous le préfet Domitien, il endura de cruels tourments, fut enfin décapité et s’en alla victorieux vers le Seigneur.
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