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vendredi de la Première semaine de la Passion

De la férie : messe du vendredi de la Première semaine de la Passion – Jésus meurt pour rassembler les enfants de Dieu qui sont dispersés. 

Station à Saint-Étienne sur le Mont-Cœlius

A Rome, la Station est dans l’Église de Saint-Etienne, au mont Cœlius. En ce jour qui devait être consacré à vous Marie, la Reine des Martyrs, il est touchant de reconnaître que, par une sorte de pressentiment prophétique, cette église dédiée au premier des Martyrs se trouvait déjà désignée, dès la plus haute antiquité, pour la réunion des fidèles.

ÉPÎTRE. Jérémie est une des principales figures de Jésus-Christ dans l’Ancien Testament, où il représente spécialement le Messie persécuté par les Juifs. C’est ce qui a porté l’Église à choisir ses Prophéties pour sujet des lectures de l’Office de la nuit, dans les deux semaines consacrées à la Passion du Sauveur. Nous venons d’entendre une des plaintes que ce juste adresse à Dieu contre ses ennemis ; et c’est au nom du Christ qu’il parle. Écoutons ces accents désoles qui dépeignent à la fois la malice des Juifs, et celle des pécheurs qui persécutent Jésus-Christ au sein même du christianisme.

« Ils ont, dit le Prophète, abandonné la source des eaux vives. » Juda a perdu le souvenir de la roche du désert, d’où jaillirent les eaux dont il étancha sa soif ; ou, s’il se la rappelle encore, il ne sait plus que cette roche mystérieuse représentait le Messie. Cependant Jésus est là dans Jérusalem, et il crie : « Que celui qui a soif vienne à moi, et qu’il se désaltère. » Sa bonté, sa doctrine, ses œuvres merveilleuses, les oracles accomplis en lui, disent assez que l’on doit croire à sa parole. Juda est sourd à l’invitation ; et plus d’un chrétien imite son endurcissement. Il en est qui ont goûté à la « source des eaux vives », et qui s’en sont détournés pour aller se désaltérer aux ruisseaux bourbeux du monde ; et leur soif s’en est irritée davantage. Qu’ils tremblent en voyant le châtiment des Juifs ; car s’ils ne reviennent pas au Seigneur leur Dieu, ils tomberont dans ces ardeurs dévorantes et éternelles, où l’on refuse une goutte d’eau à celui qui l’implore. Le Sauveur, par la bouche de Jérémie, annonce « un jour de malheur » qui doit fondre sur les Juifs ; plus tard, lorsqu’il vient en personne, il prévient les Juifs que la tribulation qui tombera sur Jérusalem, en punition de son déicide, sera si affreuse, que « depuis le commencement du monde elle n’a pas eu sa pareille, et ne l’aura jamais dans la suite des siècles ». Mais si le Seigneur a vengé avec tant de rigueur le sang de son Fils contre une ville qui fut longtemps l’escabeau de ses pieds, et contre un peuple qu’il avait préfère à tous les autres, épargnera-t-il le pécheur qui, malgré les invitations de l’Église, s’obstine à rester dans son endurcissement ? Juda eut le malheur de combler la mesure de ses iniquités ; nous aussi, nous avons tous une mesure de mal que la justice de Dieu ne nous permettrait pas de dépasser. Hâtons-nous d’ôter le péché ; songeons à remplir l’autre mesure, celle des bonnes œuvres ; et prions pour les pécheurs qui ne se convertiront pas en ces jours. Demandons que ce sang divin, qu’ils mépriseront encore une fois, et dont ils sont couverts, ne s’appesantisse pas sur eux.

ÉVANGILE. La vie du Sauveur est menacée plus que jamais. Le conseil de la nation s’est réuni pour aviser à se défaire de lui. Écoutez ces hommes que la plus vile des passions, la jalousie, a rassemblés. Ils ne nient pas les miracles de Jésus ; ils sont donc en mesure de porter un jugement sur sa mission, et ce jugement devrait être favorable. Mais ce n’est pas dans ce but qu’ils sont venus ; c’est pour s’entendre sur les moyens de le faire périr. Que se diront-ils à eux-mêmes ? Quels sentiments exprimeront-ils en commun pour légitimer cette résolution sanguinaire ? Ils oseront mettre en avant la politique, l’intérêt de la nation. Si Jésus continue de se montrer et d’opérer des prodiges, bientôt la Judée va se lever pour le proclamer son Roi, et les Romains ne tarderont pas à venir venger l’honneur du Capitole outragé par la plus faible des nations qui soit dans l’Empire. Insensés, qui ne comprennent pas que si le Messie eût dû être roi à la manière de ce monde, toutes les puissances de la terre seraient demeurées sans force contre lui ! Que ne se souviennent-ils plutôt de la prédiction de Daniel, qui a annoncé que dans le cours de la soixante-dixième semaine d’années, à partir du décret pour la réédification du temple, le Christ sera mis à mort, et le peuple qui l’aura renié ne sera plus son peuple ; qu’après ce forfait un peuple commandé par un chef militaire viendra, et renversera la ville et le temple ; que l’abomination de la désolation entrera dans le sanctuaire, et que la désolation s’établira à Jérusalem, pour y demeurer jusqu’ à la fin ! En mettant à mort le Messie, ils vont du même coup anéantir leur patrie. En attendant, l’indigne pontife qui préside aux derniers jours de la religion mosaïque s’est revêtu de l’éphod, et il a prophétisé, et sa prophétie est selon la vérité. Ne nous en étonnons pas. Le voile du temple n’est pas déchiré encore ; l’alliance entre Dieu et Juda n’est pas rompue. Caïphe est un homme de sang, un lâche, un sacrilège ; mais il est pontife. Dieu parle encore par sa bouche. Écoutons ce nouveau Balaam : « Jésus mourra pour la nation, et non pour la nation seulement, mais aussi pour rassembler et réunir les enfants de Dieu qui étaient dispersés. » Ainsi la Synagogue expirante est contrainte de prophétiser la naissance de l’Église par l’effusion du sang de Jésus ! Ça et là sur la terre il y a des enfants de Dieu qui le servent, au milieu de la gentilité, comme le centenier Corneille ; mais aucun lien visible ne les réunit. L’heure approche où la grande et unique Cité de Dieu va apparaître sur la montagne, « et toutes les nations se dirigeront vers elle. » Après que le sang de l’alliance universelle aura été répandu, après que le sépulcre aura rendu le vainqueur de la mort, cinquante jours seront à peine écoulés, que la trompette sacrée de la Pentecôte convoquera, non plus les Juifs au temple de Jérusalem, mais tous les peuples à l’Église de Jésus-Christ. Caïphe ne se souvient plus déjà de l’oracle qu’il a lui-même proféré ; il a fait rétablir le voile du Saint des Saints qui s’était déchiré en deux, au moment ou Jésus expirait sur la Croix ; mais ce voile ne cache plus qu’un réduit désert. Le Saint des Saints n’est plus là ; « on offre maintenant en tout lieu une hostie pure », et les vengeurs du déicide n’ont pas encore apparu, avec leurs aigles, sur la montagne des Oliviers, que déjà les sacrificateurs ont entendu retentir au fond du sanctuaire répudié une voix qui disait : « Sortons d’ici. »

Mémoire de Notre-Dame des Sept Douleurs, dite Notre-Dame de Compassion  
Mémoire de Notre-Dame des Sept Douleurs, dite Notre-Dame de Compassion

Sanctoral

Notre-Dame des Sept Douleurs, dite Notre-Dame de Compassion 

La piété des derniers temps a consacré d’une manière spéciale cette journée à la mémoire des incomparables douleurs que Marie a ressenties au pied de la Croix de son divin Fils. La semaine suivante est occupée tout entière par la célébration des mystères de la Passion du Sauveur ; et bien que le souvenir de Marie compatissante soit souvent présent au cœur du fidèle qui suit pieusement tous les actes de cette longue et sublime scène, les douleurs du Rédempteur, le spectacle de la justice et de la miséricorde divines s’unissant pour opérer notre salut, préoccupent trop vivement le cœur et la pensée, pour qu’il soit possible d’honorer, comme il le mérite, le profond mystère de la compassion de Marie aux souffrances de Jésus.

Il était donc à propos qu’un jour fût choisi dans l’année pour remplir ce devoir sacré ; et quel jour plus convenable que le Vendredi de la semaine où nous sommes, qui est déjà tout entière vouée au culte de la Passion du Fils de Dieu ? Dès le XVe siècle, en 1423, un pieux archevêque de Cologne, Thierry de Meurs, inaugurait cette fête dans son Église par un décret synodal [1]. Elle s’étendit successivement, sous des noms divers. dans les provinces de la catholicité, par la tolérance du Siège Apostolique, jusqu’à ce qu’enfin, au siècle dernier, le pape Benoît XIII, par un décret du 22 août 1727, l’inscrivit solennellement sur le cycle de l’Église catholique, sous le nom de Fête des sept Douleurs de la Bienheureuse Vierge Marie. Nous expliquerons ce titre, lorsque notre Année liturgique sera arrivée au troisième Dimanche de Septembre [2], jour où l’Église fait une nouvelle commémoration du mystère d’aujourd’hui ; nous raconterons alors l’origine première du culte des sept Douleurs de Marie. En ce jour, c’est uniquement Marie compatissante au pied de la Croix que l’Église veut honorer. Jusqu’à l’époque où le Siège Apostolique étendit à toute la chrétienté cette Fête sous le titre que nous venons d’exprimer, on la désignait par ces différentes appellations : Notre-Dame de Pitié, la Compassion de Notre-Dame, Notre-Dame de la Pâmoison ; en un mot, cette fête était déjà pressentie par la piété populaire, avant d’avoir obtenu la consécration solennelle de l’Église.

Pour en bien comprendre l’objet, et pour rendre en ce jour à la Mère de Dieu et des hommes les devoirs qui lui sont dus, nous devons nous rappeler que Dieu a voulu, dans les desseins de sa souveraine sagesse, associer Marie, en toutes manières, à l’œuvre du salut du genre humain. Le mystère d’aujourd’hui présente une nouvelle application de cette loi merveilleuse qui nous révèle toute la grandeur du plan divin ; il nous montre une fois de plus le Seigneur brisant l’orgueil de Satan par le faible bras de la femme. Dans l’œuvre de notre salut, nous reconnaissons trois interventions de Marie, trois circonstances où elle est appelée à unir son action à celle de Dieu même. La première, dans l’Incarnation du Verbe, qui ne vient prendre chair dans son chaste sein qu’après qu’elle a donné son acquiescement par ce solennel Fiat qui sauve le monde ; la seconde, dans le sacrifice que Jésus-Christ accomplit sur le Calvaire, où elle assiste pour participer à l’offrande expiatrice ; la troisième, au jour de la Pentecôte, où elle reçoit l’Esprit-Saint, comme le reçurent les Apôtres, afin de pouvoir s’employer efficacement à l’établissement de l’Église. A la fête de l’Annonciation, nous avons exposé la part qu’a eue la Vierge de Nazareth au plus grand acte qu’il a plu à Dieu d’entreprendre pour sa gloire, et pour le rachat et la sanctification du genre humain. Ailleurs nous aurons occasion de montrer l’Église naissante s’élevant et se développant sous l’action de la Mère de Dieu ; aujourd’hui il nous faut raconter la part qui revient à Marie dans le mystère de la Passion de Jésus, exposer les douleurs qu’elle a endurées près de la Croix, les titres nouveaux qu’elle y a acquis à notre filiale reconnaissance.

Le quarantième jour qui suivit la naissance de notre Emmanuel, nous accompagnâmes au temple l’heureuse mère portant son divin fils entre ses bras. Un vieillard vénérable attendait cet enfant, et le proclama « la lumière des nations et la gloire d’Israël ». Mais bientôt, se tournant vers la mère, nous l’entendîmes lui dire ces désolantes paroles : « Cet enfant sera aussi un signe de contradiction, et un glaive transpercera votre âme. » Cette annonce de douleurs pour la mère de Jésus nous rit comprendre que les joies innocentes du Temps de Noël avaient cessé, et que la carrière des amertumes était ouverte pour le fils et pour la mère. En effet, depuis la fuite nocturne en Égypte jusqu’à ces jours où la noire malice des Juifs prépare une affreuse catastrophe, quelle a été la situation du fils, humilié, méconnu, persécuté, abreuve d’ingratitudes ? Quelle a été, par contrecoup, la continuelle inquiétude, la persévérante angoisse du cœur de la plus tendre des mères ? Mais aujourd’hui, prévenant le cours des événements, nous passons outre, et nous arrivons tout de suite au matin du fatal Vendredi.

Marie sait que, cette nuit même, son fils a été livré par un de ses disciples, par un homme que Jésus avait choisi pour confident, auquel elle-même avait donné plus d’une fois des marques de sa maternelle bonté. A la suite d’une cruelle agonie, le fils de Marie s’est vu enchaîner comme un malfaiteur, et la soldatesque l’a entraîné chez Caïphe, son principal ennemi. De là on l’a conduit chez le gouverneur romain, dont la complicité est nécessaire aux princes des prêtres et aux docteurs de la loi pour qu’ils puissent, selon leur désir, répandre le sang innocent. Marie est dans Jérusalem ; Madeleine et les autres amies de son fils l’entourent ; mais il n’est pas en leur pouvoir d’empêcher les cris tumultueux du peuple d’arriver à son oreille. Et qui d’ailleurs pourrait arrêter les pressentiments au cœur d’une telle mère ? Le bruit ne tarde pas à se répandre dans la ville que Jésus de Nazareth est demandé au gouverneur pour être crucifié. Marie se tiendra-t-elle à l’écart, en ce moment où tout un peuple est sur pied pour accompagner de ses insultes, jusqu’au Calvaire, ce Fils de Dieu qu’elle a porté dans son sein, qu’elle a nourri de son lait virginal ? Loin d’elle cette faiblesse ! Elle se lève, elle se met en marche, et se rend sur le passage de Jésus.

L’air retentissait de cris et de blasphèmes. Dans cette foule, on n’apercevait ni Joseph d’Arimathie, le noble décurion, ni le docte et grave Nicodème ; ils se tenaient cachés dans leurs demeures, déplorant le sort du Juste. Cette multitude qui précédait et suivait la victime n’était composée que de gens féroces ou insensibles ; seulement un groupe de femmes faisait entendre de douloureuses lamentations, et par cette compassion mérita d’attirer les regards de Jésus. Marie pouvait-elle se montrer moins sensible au sort de son fils que ne le parurent ces femmes qui n’avaient avec lui d’autres liens que ceux de l’admiration ou de la reconnaissance ? Nous insistons sur ce trait pour exprimer combien nous avons en horreur ce rationalisme hypocrite qui, foulant aux pieds tous les sentiments du cœur et les traditions de la piété catholique de l’Orient et de l’Occident, a tenté de mettre en doute la vérité de cette touchante Station de la Voie douloureuse qui marque le lieu de la rencontre du fils et de la mère. La secte impure n’oserait nier la présence de Marie au pied de la Croix : l’Évangile est trop formel ; mais plutôt que de rendre hommage à l’amour maternel le plus tendre et le plus dévoué qui fut jamais, elle préfère donner à entendre que lorsque les filles de Jérusalem se montraient sans crainte sur les pas du Sauveur, Marie se rendait au Calvaire par des chemins détournés.

Notre cœur filial rendra plus de justice à la femme forte par excellence. Qui pourrait dire quelle douleur et quel amour exprimèrent ses regards, lorsqu’ils rencontrèrent ceux de son fils chargé de sa Croix ? dire aussi quelle tendresse et quelle résignation répondirent de la part de Jésus à ce salut d’une mère éplorée ? avec quelle affection empressée et respectueuse Madeleine et les autres saintes femmes soutinrent dans leurs bras celle qui avait encore à monter le Calvaire, à recevoir le dernier soupir de ce fils de sa tendresse ? Le chemin est long encore de la quatrième Station de la Voie douloureuse à la dixième, et s’il fut arrosé du sang du Rédempteur, il fut baigné aussi des larmes de sa mère.

Jésus et Marie sont arrivés au sommet de cette colline qui doit servir d’autel pour le plus auguste et le plus terrible des sacrifices ; mais le décret divin ne permet pas encore à la mère d’approcher de son fils. Quand la victime sera prête, celle qui doit l’offrir s’avancera. En attendant ce moment solennel, quelles secousses au cœur de Marie, à chaque coup du marteau impitoyable qui cloue au gibet les membres délicats de son Jésus ! Et quand enfin il lui est donné de s’approcher avec Jean le bien-aimé qui a réparé sa fuite honteuse, avec l’inconsolable Madeleine et ses compagnes, quelles mortelles défaillances éprouve le cœur de cette mère qui, levant les yeux, aperçoit à travers ses pleurs le corps déchiré de son fils, étendu violemment sur le gibet, son visage couvert de sang et souillé d’infâmes crachats, sa tête couronnée d’un diadème d’épines !

Voilà donc ce Roi d’Israël dont l’Ange lui avait prophétisé les grandeurs, ce fils de sa virginité, celui qu’elle a aimé à la fois comme son Dieu et comme le fruit béni de son sein ! C’est pour les hommes, plus encore que pour elle, qu’elle l’a conçu, qu’elle l’a enfanté, qu’elle l’a nourri ; et les nommes l’ont mis dans cet état ! Encore si, par un de ces prodiges qui sont au pouvoir de son Père céleste, il pouvait être rendu à l’amour de sa mère ; si cette justice souveraine envers laquelle il a daigné acquitter toutes nos obligations voulait se contenter de ce qu’il a souffert ! Mais non, il faut qu’il meure, qu’il exhale son âme au milieu de la plus cruelle agonie.

Marie est donc au pied de la Croix, pour recevoir le dernier adieu de son fils : il va se séparer d’elle, et dans quelques instants elle n’aura plus de ce fils tant chéri qu’un corps inanimé et couvert de plaies. Mais cédons ici la parole au dévot saint Bernard, dont l’Église emprunte aujourd’hui le langage dans l’Office des Matines : « O mère, s’écrie-t-il, en considérant la violence de la douleur qui a traversé votre âme, nous vous proclamons plus que martyre ; car la compassion dont vous avez été saisie pour votre fils a surpassé toutes les souffrances que peut endurer le corps. N’a-t-elle pas été plus pénétrante qu’un glaive pour votre âme, cette parole : Femme, voilà votre fils ? Échange cruel ! en place de Jésus, vous recevez Jean ; en place du Seigneur, le serviteur ; en place du maître, le disciple ; en place du Fils de Dieu, le fils de Zébédée ; un homme enfin, en place d’un Dieu ! Comment votre âme si tendre n’en serait-elle pas traversée, quand nos cœurs à nous, nos cœurs de fer et de bronze, se sentent déchirés au seul souvenir de ce que le vôtre dut alors souffrir ? Ne soyez donc pas surpris, mes Frères, d’entendre dire que Marie a été martyre dans son âme. Il ne peut y avoir à s’en étonner que celui qui aurait oublié que saint Paul compte entre les plus grands crimes des Gentils d’avoir été sans affection. Un tel défaut est loin du cœur de Marie ; qu’il soit loin aussi du cœur de ceux qui l’honorent ! »

Au milieu des clameurs et des insultes qui montent jusqu’à son fils élevé sur la Croix dans les airs, Marie entend descendre vers elle cette parole mourante qui lui apprend qu’elle n’aura plus d’autre fils sur la terre qu’un fils d’adoption. Les joies maternelles de Bethléhem et de Nazareth, joies si pures et si souvent troublées par l’inquiétude, sont refoulées dans son cœur et s’y changent en amertumes. Elle fut la mère d’un Dieu, et son fils lui est enlevé par les hommes ! Elle élève une dernière fois ses regards vers le bien-aimé de sa tendresse ; elle le voit en proie à une soif brûlante, et elle ne peut le soulager. Elle contemple son regard qui s’éteint, sa tète qui s’affaisse sur sa poitrine : tout est consommé.

Marie ne s’éloigne pas de l’arbre de douleur, à l’ombre duquel l’amour maternel l’a retenue jusqu’ici : et cependant quelles cruelles émotions l’y attendent encore ! Un soldat vient sous ses yeux traverser d’un coup de lance la poitrine de son fils expiré. « Ah ! dit encore saint Bernard, c’est votre cœur, ô mère, qui est transpercé par le fer de cette lance, bien plus que celui de votre fils qui a déjà rendu son dernier soupir. Son âme n’est plus là ; mais c’est la vôtre qui ne s’en peut détacher. » L’invincible mère persiste à la garde des restes sacrés de son fils. Ses yeux le voient détacher de la Croix ; et lorsqu’enfin les pieux amis de Jésus, avec tout le respect qu’ils doivent au fils et à la mère, le lui rendent tel que la mort le lui a fait, elle le reçoit sur ses genoux maternels, sur ses genoux qui autrefois furent le trône où il reçut les hommages des princes de l’Orient. Qui comptera les soupirs et les sanglots de cette mère pressant sur son cœur la dépouille inanimée du plus cher des fils ? Qui comptera aussi les blessures dont le corps de la victime universelle est couvert ?

Mais l’heure avance, le soleil descend de plus en plus au couchant ; il faut se hâter de renfermer dans le sépulcre le corps de celui qui est l’auteur de la vie. La mère de Jésus rassemble toute l’énergie de son amour dans un dernier baiser, et oppressée d’une douleur immense comme la mer, elle livre ce corps adorable à ceux qui doivent, après l’avoir embaumé, l’étendre sur la pierre du tombeau. Le sépulcre se ferme ; et Marie, accompagnée de Jean, son fils adoptif, et de Madeleine, suivie des deux disciples qui ont présidé aux funérailles, et des autres saintes femmes, rentre désolée dans la cité maudite.

Ne verrons-nous dans tout ceci qu’une scène de deuil, que le spectacle lamentable des souffrances qu’a endurées la mère de Jésus, près de la Croix de son fils ? Dieu n’avait-il pas une intention en la faisant assister en personne à une si désolante scène ? Pourquoi ne l’a-t-il pas enlevée de ce monde, comme Joseph, avant le jour où la mort de Jésus devait causer à son cœur maternel une affliction qui surpasse toutes celles qu’ont ressenties toutes les mères, depuis l’origine du monde ? Dieu ne l’a pas fait, parce que la nouvelle Ève avait un rôle à remplir au pied de l’arbre de la Croix. De même que le Père céleste attendit son consentement avant d’envoyer le Verbe éternel sur cette terre, de même aussi l’obéissance et le dévouement de Marie furent requis pour l’immolation du Rédempteur. N’était-il pas le bien le plus cher de cette mère incomparable, ce fils qu’elle n’avait conçu qu’après avoir acquiescé à l’offre divine ? Le ciel ne devait pas le lui enlever, sans qu’elle le donnât elle-même.

Quelle lutte terrible eut lieu alors dans ce cœur si aimant ! L’injustice, la cruauté des hommes lui ravissent son fils ; comment elle, sa mère, peut-elle ratifier, par un consentement, la mort de celui qu’elle aime d’un double amour, comme son fils et comme son Dieu ? D’un autre côté, si Jésus n’est pas immolé, le genre humain demeure la proie de Satan, le péché n’est pas réparé, et c’est en vain qu’elle est devenue mère d’un Dieu. Ses honneurs et ses joies sont pour elle seule ; et elle nous abandonne à notre triste sort. Que fera donc la Vierge de Nazareth, celle dont le cœur est si grand, cette créature toujours pure, dont les affections ne furent jamais entachées de l’égoïsme qui se glisse si aisément dans les âmes où a régné la faute originelle ? Marie, par dévouement pour les hommes, s’unissant au désir de son fils qui ne respire que leur salut, Marie triomphe d’elle-même ; elle dit une seconde fois cette solennelle parole : Fiat, et consent à l’immolation de son fils. La justice de Dieu ne le lui ravit pas ; c’est elle qui le cède ; mais en retour elle est élevée a un degré de grandeur que son humilité n’eût jamais pu concevoir. Une ineffable union s’établit entre l’offrande du Verbe incarné et celle de Marie ; le sang divin et les larmes de la mère coulent ensemble, et se mêlent pour la rédemption du genre humain.

Comprenez maintenant la conduite de cette Mère de douleurs, et le courage qui l’anime. Bien différente de cette autre mère dont parle l’Écriture, l’infortunée Agar, qui, après avoir en vain cherché à étancher la soif d’Ismaël haletant sous le soleil du désert, s’éloigne pour ne pas voir mourir son fils ; Marie, ayant entendu que le sien est condamné à mort, se lève, court sur ses traces jusqu’à ce qu’elle l’ait rencontré, et l’accompagne au lieu où il doit expirer. Et quelle est son attitude au pied de la Croix de ce fils ? Y paraît-elle défaillante et abattue ? La douleur inouïe qui l’oppresse l’a-t-elle renversée par terre, ou entre les bras de ceux qui l’entourent ? Non ; le saint Évangile répond d’un seul mot à ces questions : « Marie était debout (stabat) près de la Croix. » Le sacrificateur se tient debout à l’autel ; pour offrir un sacrifice tel que le sien, Marie devait garder la même attitude. Saint Ambroise, dont l’âme tendre et la profonde intelligence des mystères nous ont transmis de si précieux traits sur le caractère de Marie, exprime tout dans ces quelques mots : « Elle se tenait debout en face de la Croix, contemplant de ses regards maternels les blessures de son fils, attendant, non la mort de ce cher fils, mais le salut du monde. »

Ainsi, cette Mère de douleurs, dans un pareil moment, loin de nous maudire, nous aimait, sacrifiait à notre salut jusqu’aux souvenirs de ces heures de bonheur qu’elle avait goûtées dans son fils. Maigre les cris de son cœur maternel, elle le rendait à son Père comme un dépôt confié. Le glaive pénétrait toujours plus avant dans son âme ; mais nous étions sauvés ; et bien qu’elle ne fût qu’une pure créature, elle coopérait, avec son fils, à notre salut. Devons-nous être étonnés, après cela, que Jésus choisisse ce moment même pouf l’établir la Mère des hommes, en la personne de Jean qui nous représentait tous ? Jamais encore le Cœur de Marie ne s’était autant ouvert en notre faveur. Qu’elle soit donc désormais, cette nouvelle Ève, la véritable « Mère des vivants ». Le glaive, en traversant son Cœur immaculé, nous en a frayé l’entrée. Dans le temps et dans l’éternité, Marie étendra jusqu’à nous l’amour qu’elle porte à son fils ; car elle vient de lui entendre dire que nous aussi désormais nous sommes à elle. Pour nous avoir rachetés, il est notre Seigneur ; pour avoir si généreusement coopéré à notre rachat, elle est notre Dame.

Dans cette confiance, ô Mère affligée, nous venons aujourd’hui vous rendre, avec la sainte Église, notre filial hommage. Jésus, le fruit de vos entrailles, fut enfanté par vous sans douleur ; nous, vos enfants d’adoption, nous sommes entrés dans votre cœur par le glaive. Aimez-nous cependant, ô Marie, corédemptrice des hommes ! Et comment ne compterions-nous pas sur l’amour de votre cœur si généreux, lorsque nous savons que, pour notre salut, vous vous êtes unie au sacrifice de votre Jésus ? Quelles preuves ne nous avez-nous pas constamment données de votre maternelle tendresse, ô vous quiètes la Reine de miséricorde, le refuge des pécheurs, l’avocate infatigable de toutes nos misères ? Daignez, ô Mère, veiller sur nous en ces jours. Donnez-nous de sentir et de goûter la douloureuse Passion de votre fils. C’est sous vos yeux qu’elle s’est accomplie ; vous y avez pris une part sublime. Faites-nous-en pénétrer tous les mystères, afin que nos âmes, rachetées du sang de votre fils et arrosées de vos larmes, se convertissent enfin au Seigneur, et persévèrent désormais dans son service.

Saint Léon premier le Grand, Pape, Confesseur et Docteur, onze avril

Saint Léon premier le Grand, Pape, Confesseur et Docteur

L’un des plus grands noms des fastes de l’Église apparaît aujourd’hui sur le Cycle. Léon, Pontife et Docteur, se lève à l’horizon pascal, et vient attirer notre admiration et notre amour. Son nom seul appelle déjà l’enthousiasme. Il est le Lion, selon la signification de son nom, le Lion de la sainte Église, reproduisant ainsi en sa personne l’un des plus nobles titres de notre divin Ressuscité. Déjà, dans la suite des siècles, treize pontifes ont porté ce même nom, et cinq d’entre eux sont inscrits au catalogue des Saints ; mais nul ne l’a rendu plus glorieux que l’illustre personnage que nous fêtons aujourd’hui : aussi est-il appelé Léon le Grand. Il a mérité ce titre par ses nobles travaux pour éclairer la foi des peuples sur le sublime mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu. La sainte Église avait triomphé des hérésies qui s’étaient attaquées au dogme de la Trinité ; les efforts de l’enfer se portèrent alors contre le dogme du Dieu fait homme. Un évêque de Constantinople, Nestorius, osa nier l’unité de personne en Jésus-Christ, et séparer en lui le Dieu de l’homme. Le concile d’Ephèse foudroya cette erreur qui anéantissait la Rédemption. Une nouvelle hérésie, opposée à la première, mais non moins destructive du christianisme, ne tarda pas à s’élever.

Le moine Eutychès soutint que dans l’Incarnation la nature humaine avait été absorbée par la nature divine, et cette erreur s’étendait avec une effrayante rapidité. L’Église sentit le besoin d’un docteur qui résumât avec précision et autorité le dogme qui fait le fondement de nos espérances. Léon se leva alors, et du haut de la chaire apostolique où l’Esprit-Saint l’avait fait asseoir et proclama avec une éloquence et une clarté sans égales la formule de la foi antique, toujours la même, mais resplendissante d’un éclat nouveau. Un cri d’admiration partit du sein même du Concile œcuménique de Chalcédoine, rassemblé pour condamner le système impie d’Eutychès. « Pierre a parlé par la bouche de Léon ! » s’écrièrent les Pères ; et quatorze siècles n’ont pas effacé dans l’Église d’Orient, comme nous le verrons tout à l’heure, l’enthousiasme qu’excitèrent les enseignements préparés par Léon pour l’Église entière. L’Occident, en proie à toutes les calamités de l’invasion des barbares, voyait s’écrouler les derniers débris de l’empire, et Attila, le Fléau de Dieu, était déjà aux portes de Rome. La barbarie recula devant la majesté de Léon, comme l’hérésie se dissipait devant l’autorité de sa parole. Le chef des Huns, qui avait fait céder les plus formidables remparts, conféra avec le Pontife sur les bords du Mincio, et il prit l’engagement de ne pas entrer dans Rome. Le calme et la dignité de Léon, qui affrontait sans défense le plus redoutable des vainqueurs de l’Empire, et exposait sa vie pour son troupeau, avaient ébranlé le barbare. En même temps son œil apercevait dans les airs l’apôtre Pierre, sous les traits d’un auguste personnage qui protégeait l’intercesseur de Rome. Dans le cœur d’Attila la terreur vint en aide à l’admiration. Moment sublime, où tout un monde nouveau se révèle !

Le Pontife désarmé affrontant les violences du barbare, le barbare ému à la vue d’un dévouement qu’il ne comprend pas encore, le ciel intervenant pour aider cette nature féroce à s’incliner devant la force morale. L’acte de dévouement accompli par Léon exprime dans un seul trait ce que plusieurs siècles virent s’opérer dans l’Europe entière ; mais l’auréole du Pontife n’en est que plus éclatante. Afin qu’aucun genre de gloire ne manquât à Léon, l’Esprit-Saint l’avait doué d’une éloquence que l’on pourrait appeler papale, tant elle est empreinte de majesté et de plénitude. La langue latine expirante y retrouve des accents et un tour qui rappellent parfois l’âge de sa vigueur ; et le dogme chrétien, formulé dans un style pompeux et nourri de la plus pure sève apostolique, y resplendit d’un merveilleux éclat. Léon a célébré, dans ses mémorables discours, le Christ sortant du tombeau, et conviant ses fidèles à ressusciter avec lui. Il a caractérisé entre autres la période de l’Année liturgique que nous parcourons en ce moment, quand il a dit : « Les jours qui s’écoulèrent entre la résurrection du Seigneur et son Ascension, ne furent pas des jours oisifs ; car c’est alors que furent confirmés les Sacrements et révélés les grands mystères. » Saint Léon mourut le 10 novembre 461. Le Pape Benoît XIV le proclama Docteur de l’Église universelle.

Sainte Gemma Galgani, Vierge, onze avril
A Lucques, en Toscane, sainte Gemma Galgani vierge. Admirable par sa contemplation de la Passion du Seigneur et la sainteté de sa vie.

Sainte Gemma Galgani, Vierge (1878-1903)

Une vie d’holocauste, de prodiges et de douleurs, tel est le résumé du court passage de cette vierge de Lucques en Italie. Gemma naquit le 12 mars 1878, à Camigliana, en Italie. Sa mère tuberculeuse pressentant sa fin s’efforçait de diriger ses enfants vers Dieu. A peine âgée de trois ans, la petite Gemma était demi-pensionnaire à l’école; aussi, dès l’âge de cinq ans la fillette savait lire l’office de la Sainte Vierge et y mettait tout son coeur. Dieu marqua cette enfant de prédilection du sceau de Sa croix; dès ses huit ans, elle perdit sa chère mère. A cet âge, son plus ardent désir était de communier, mais la coutume ne le permettait pas.

Voyant qu’elle dépérissait à vue d’oeil, son confesseur lui donna une autorisation spéciale et c’est avec joie qu’elle put s’approcher de la Sainte Table. A partir de ce moment, Gemma prit la résolution de se tenir toujours en présence de Dieu. La tuberculose dont moururent sa mère, son frère et son père avait déjà atteint Gemma dès l’âge de vingt ans. Orpheline, elle fut placée dans une famille amie où elle fut traitée comme une fille de la maison, et où elle pouvait mener dans le monde une vie cachée dans le Christ. Un premier vendredi du mois de mars 1899, après plusieurs neuvaines à Saint Gabriel de l’Addolorata, ce Saint lui apparut et la guérit miraculeusement. Délivrée de son mal, Gemma tient à réaliser le grand désir de sa vie: devenir religieuse passioniste. Hélas! ses démarches sont repoussées. Le 8 juin 1899, Gemma Galgani reçoit les stigmates. La voie de sa sanctification se dessine de plus en plus clairement. « Apprends à souffrir, car la souffrance apprend à aimer, » lui dit Jésus la veille de la fête du Sacré-Coeur.

En même temps que les ravissements la faisaient vivre dans un état d’union extatique, la souffrance ne la quittait pas. Gemma participait aux douleurs du Christ; elle connut Sa sueur de Sang, Son couronnement d’épines et Ses stigmates. Le démon la harcelait, la rouait de coups; Gemma souffrait tout en esprit de réparation. Au cours de la dernière maladie qui la terrassa, elle apprit d’une manière surnaturelle qu’avant de voir s’ouvrir le ciel, il lui faudrait passer encore par un déchirant calvaire en expiation des péchés commis dans le sacerdoce. Les tourments qu’elle endura pendant plusieurs mois furent indicibles, mais sa patience ne faiblit point; elle s’offrait continuellement en victime d’holocauste.  Béatifié le 14 mai 1933 à Rome par Pie XI. Canonisée le 2 mai 1940 par Pie XII.

Bienheureux Angelo de Chivasso, Confesseur, Premier Ordre Franciscain, onze avril
Sa dévotion fut approuvée par le pape Benoît XIII.

Bienheureux Angelo de Chivasso, Confesseur, Premier Ordre Franciscain

Angelo est né de parents riches et très pieux à Chivasso dans le Piémont en 1411. Sa mère pieuse voyait dans chacun de ses enfants un nouveau gage de l’amour de Dieu, c’est pourquoi elle s’efforçait avant tout de cultiver dans leurs cœurs tendres l’amour de Dieu par la vénération des souffrances du Christ. Angelo avait été très impressionné. On remarquait souvent que le petit garçon se levait au milieu de la nuit, priait devant son crucifix et l’embrassait tendrement. La dévotion à la Passion du Christ et à la Sainte Vierge le protégea également pendant ses années d’étudiant, de sorte qu’au milieu de nombreux dangers, il préserva la pureté de son cœur sans tache.

A Bologne, le bienheureux Ange de Chivasso fut élevé à la dignité de docteur en théologie et en droit canonique et civil. Ces dons mentaux extraordinaires, ainsi que sa position exceptionnelle, incitent le duc de Montferrat à le nommer conseiller et sénateur du duché. La possibilité que la brillante carrière qui s’offrait au jeune homme puisse l’éblouir était bien lointaine ; toutes ces choses ne pouvaient même pas le satisfaire.

Dans sa trente-troisième année, à la mort de sa mère, le bienheureux Ange de Chivasso renonça à toutes ses honneurs, se rendit à Gênes et demanda aux Frères Mineurs d’être admis dans l’ordre. Ici, il recherchait la perfection avec un zèle si vif que tout le monde l’admirait. L’amour de Dieu, la dévotion à la Passion du Christ et à la Mère de Dieu remplissaient son cœur. De là germèrent toutes les vertus claustrales : l’humilité, l’obéissance, la chasteté et l’amour de la pauvreté. Il brûlait d’un zèle extraordinaire pour les âmes. Lorsqu’il fut chargé de la prédication, il se montra inlassablement actif pour le salut des âmes. Les pauvres étaient particulièrement l’objet de ses soins ; il s’efforça par tous les moyens de les aider et d’améliorer le sort matériel des classes les plus pauvres.

Mais les personnages influents désiraient aussi les services du Père Angelo. Le duc Charles de Savoie le choisit pour confesseur et le pape Sixte IV le chargea de prêcher une campagne contre les Turcs qui avaient envahi les côtes d’Italie. Son successeur, Innocent VIII, l’envoya réprimer l’hérésie des Vaudois. Dans son ordre, il fut obligé d’assumer certains des postes les plus responsables. Il fut élu provincial de sa province à Gênes, puis vicaire général des Observants pour quatre mandats.

Afin de mettre à profit ses connaissances et sa riche expérience, le bienheureux Ange de Chivasso a écrit un livre sur les cas de conscience au service des confesseurs et des directeurs d’âmes, qui a été réimprimé à plusieurs reprises à Venise.

A l’âge de quatre-vingt-deux ans, le bienheureux Angelo de Chivasso demanda à être relevé de ses fonctions officielles. La demande a été accordée. Il vécut alors dans la solitude du couvent de Cuneo, uniquement occupé de prière et de préparation à la mort. Dans sa quatre-vingt-quatrième année, il mourut de la mort d’un saint. Immédiatement, le public commença à le vénérer et la dévotion fut approuvée par le pape Benoît XIII. Son corps est resté intact jusqu’à ce jour et dégage une odeur agréable.

Martyrologe

Saint Léon Ier pape, surnommé le Grand, confesseur et docteur de l’église. Son anniversaire est mentionné le 4 des ides de novembre (10 novembre).

A Pergame, en Asie, saint Antipas, le témoin fidèle dont parle saint Jean dans l’Apocalypse. Sous l’empereur Domitien, il fut enfermé dans un bœuf d’airain brûlant, et y consomma son martyre.

A Salone, en Dalmatie, les saints martyrs Domnion évêque et huit soldats.

A Gortyne, en Crète, saint Philippe évêque, très célèbre par sa sainteté et sa science. A l’époque de Marc Antonin Verus et de Lucius Aurèle Commode, il gouverna l’église confiée à ses soins, la défendant contre la fureur des païens et les pièges des hérétiques.

A Nicomédie, saint Eustorge prêtre.

A Spolète, saint Isaac, moine et confesseur, dont le pape saint Grégoire rappelle les vertus.

A Gaza, en Palestine, saint Barsanuphe anachorète, sous l’empereur Justinien.

A Lucques, en Toscane, sainte Gemma Galgani vierge. Admirable par sa contemplation de la Passion du Seigneur et la sainteté de sa vie, elle a été inscrite au nombre des Saintes par le pape Pie XII.

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