Dans cette dernière et IVe partie, de son long article paru sur le blog du vaticaniste italien, Aldo Maria Valli en septembre dernier, et intitulé Vatican II : Monseigneur Viganò répond au Père De Souza (et au Père Weinandy), le prélat italien, ancien nonce apostolique aux Etats-Unis, analyse de manière critique l’herméneutique de la continuité chère à Benoît XVI, cette thèse qui est une « tentative – peut-être inspirée d’une vision un peu kantienne des événements de l’Église – de concilier un pré-concile et un post- concile comme jamais auparavant ».   

IV Mgr Vigano et l’herméneutique de la continuité

« Le Père De Souza demande :

‘Schisme. Hérésie. Œuvre du diable. Péché impardonnable. Comment se fait-il que ces paroles soient maintenant appliquées à l’archevêque Viganò par des voix respectées et attentives ?’

Je pense que la réponse est maintenant évidente : un tabou a été brisé et une discussion à grande échelle a commencé sur Vatican II, qui jusqu’à présent était restée confinée à des zones très restreintes du corps ecclésial. Et ce qui dérange le plus les partisans du Concile, c’est le constat que ce différend ne porte pas sur la question de savoir si le Concile est critiquable, mais sur ce qu’il faut faire pour remédier aux erreurs et aux passages ambigus qui s’y trouvent. Et c’est un fait établi, sur lequel aucun travail de dé-légitimation ne peut désormais être entrepris : Magister l’écrit également sur Settimo Cielo, se référant à  la ‘dispute qui enflamme l’Église, sur la façon de juger Vatican II‘ et aux ‘controverses qui s’ouvrent périodiquement dans les médias diversement catholiques autour de la signification de Vatican II et le lien qui existerait entre ce Concile et la situation actuelle de l’Église’. Faire croire que le Concile est exempt de critiques est une falsification de la réalité, quelles que soient les intentions de ceux qui critiquent son équivocité ou son hétérodoxie.

Le père DeSouza affirme également que le prof. John Paul Meenan, sur LifeSiteNews (ici) aurait démontré ‘les faiblesses de l’argumentation de l’archevêque Viganò et ses erreurs théologiques’. Je laisse au prof. Meenan l’honneur de réfuter mes interventions sur la base de ce que j’affirme, et non de ce que je ne dis pas mais que l’on veut délibérément déformer. Ici aussi, quelle indulgence envers les Actes du Concile, et quelle sévérité implacable envers ceux qui en mettent en évidence les lacunes, au point d’insinuer le soupçon de donatisme.

Quant à la fameuse herméneutique de la continuité, il me semble clair qu’elle est et demeure une tentative – peut-être inspirée d’une vision un peu kantienne des événements de l’Église – de concilier un pré-concile et un post- concile comme jamais auparavant. L’herméneutique de la continuité est évidemment valable et doit être suivie dans le discours catholique : dans le langage théologique, elle s’appelle analogia fidei et est l’une des pierres angulaires auxquelles l’étudiant en sciences sacrées doit adhérer. Mais appliquez ce critère à un hapax qui précisément grâce à son équivocité a réussi à dire ou à impliquer ce qu’il aurait dû condamner ouvertement, cela n’a aucun sens, car cela suppose comme postulat qu’il y a une réelle cohérence entre le Magistère de l’Église et le ‘magistère’ contraire qui est enseigné aujourd’hui dans les Académies et Universités Pontificales, des Chaires épiscopales et des séminaires et prêché depuis les pupitres. Mais s’il est ontologiquement nécessaire que toute Vérité soit cohérente avec elle-même, il n’est pas en même temps possible d’oublier le principe de non-contradiction selon lequel deux propositions qui s’excluent mutuellement ne peuvent pas être toutes les deux vraies. Ainsi, il ne peut y avoir aucune ‘herméneutique de la continuité’ pour soutenir en même temps la nécessité de l’Église catholique pour le salut éternel et ce que déclare le document d’Abu Dhabi, qui est en continuité avec l’enseignement conciliaire. Il n’est donc pas vrai que je rejette l’herméneutique en soi, mais seulement lorsqu’elle ne peut pas s’appliquer à un contexte clairement hétérogène. Mais si cette observation se révèle sans fondement, et si l’on en démontre les lacunes, je me ferai un plaisir de les répudier moi-même.

A la fin de son article, le Père De Souza demande de manière provocante : ‘Prêtre, curialiste, diplomate, nonce, administrateur, réformateur, informateur. Est-il possible qu’à la fin soient également ajoutés à cette liste hérétique et schismatique ?’ Je n’ai pas l’intention de répondre aux expressions insultantes et gravement offensantes du Père Raymond KM, certainement pas adaptées à un Chevalier … Je me limite à lui demander : pour combien de cardinaux et d’évêques progressistes serait-il superflu de poser la même question, sachant déjà que la réponse est tristement positive ? Peut-être, avant de supposer des schismes et des hérésies là où il n’y en a pas, serait-il opportun et plus utile de lutter contre l’erreur et la division où elles se sont imbriquées et qui se propagent depuis des décennies.

Sancte Pie X, ora pro nobis!

+ Carlo Maria Viganò, archevêque, 3 septembre 2020 » (Traduction de Francesca de Villasmundo)

Ie partie

IIe partie

IIIe partie 

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