MPI recommande chaudement cet ouvrage qui est certainement l’un des plus complet et qui constitue une référence concernant le concile Vatican I et la problématique autour de l’infaillibilité pontifical et par ricochet celle du sédévacantisme.
150 ans après Vatican I, la revue Le Sel de la terre a publié, cet été, un numéro spécial présentant une petite somme sur ce concile.
- Une partie historique retrace les manœuvres qui ont précédé et accompagné ce concile. Elle présente les champions de l’infaillibilité du pape (Mgr Manning, Mgr Dechamps, Mgr Pie, mais aussi Louis Veuillot) ainsi que les opposants (Mgr Darboy, Mgr Dupanloup, Döllinger) et montre comment trois courants distincts (le gallicanisme, le catholicisme-libéral et le germanisme) se sont alliés contre ce dogme.
- Une partie plus doctrinale explique en détail les deux constitutions promulguées par Vatican I : Dei Filius (sur la foi et la raison) et Pastor æternus (sur la primauté et l’infaillibilité du pontife romain).
- Enfin, ce concile ayant été interrompu par la Guerre de 1870, une dernière partie fournit des textes qu’il était en train de préparer mais n’a pas eu le temps de promulguer, notamment sur les mystères surnaturels, sur les sociétés secrètes (francs-maçons), sur la question ouvrière, sur la guerre juste, sur l’usure ou sur les juifs (Postulatum des frères Lémann).
Mgr Dupanloup et l’ouverture au monde
Parmi les surprises qu’offre la partie historique, mentionnons les ressemblances frappantes entre les slogans du chef de file catholique-libéral, Mgr Dupanloup, et ceux qui retentiront, un siècle plus tard, à Vatican II.
L’évêque d’Orléans veut à toute force transformer Vatican I en concile d’ouverture au monde : « Il y faut – écrivait-il – une explosion de sympathie pour notre temps, pour le monde, qui provoque à son tour, chez tous les honnêtes gens, une explosion générale de sympathie pour l’Église. » (p. 114)
« Il faut ouvrir à ce siècle nos bras, il faut surtout lui ouvrir nos cœurs. Il nous écoutera quand nous aurons lui parler. […] Il s’agit simplement de l’aimer, et en l’aimant, de le comprendre, de l’éclairer, de le relever, de l’amener doucement à la vérité. Voilà ce que sait et veut l’Église ; voilà ce qu’elle nous demande ; voilà ce que fera le concile. » (p. 115)
Aidé par toute la diplomatie française – aux mains du catholique-libéral Daru – mais aussi par la diplomatie germanique et une partie de la diplomatie anglaise – Lord Acton, ami intime du premier ministre britannique Gladstone, est venu à Rome spécialement pour pousser le concile du côté libéral – Mgr Dupanloup fut heureusement contré par l’énergique Mgr Manning, qui réussit à s’assurer l’aide d’un des agents du gouvernement anglais : Lord Russell. On est pourtant stupéfié de l’acharnement avec lequel l’évêque d’Orléans lancera, jusqu’au dernier jour, de nouvelles tentatives pour imposer ses plans.
Les manœuvres maçonniques d’un ministre de Napoléon III
Signalons au passage des détails révélateurs, et en partie inédits, sur un des collaborateurs francs-maçons de Napoléon III : le ministre Gustave Rouland (p. 97-100).
Sa brillante carrière, qui le mena de la Justice au ministère de l’Instruction publique puis à la direction de la Banque de France, accompagnée de la vice-présidence du Sénat, pourrait suffire à faire soupçonner des soutiens maçonniques. De fait, il fut initié en loge dès l’âge de 22 ans et garda toute sa vie l’esprit maçonnique.
Les conseils machiavéliques qu’il adressa en 1860 à Napoléon III dans son Mémoire sur la politique à suivre vis-à-vis de l’Église sont particulièrement intéressants. Étouffer progressivement l’Église tout en faisant mine de la protéger lui paraissait une tactique bien plus intelligente que la persécution directe. Cyniquement, Rouland s’employait d’un côté à exciter l’Empereur contre un clergé qu’il présentait comme vraiment trop peu docile au pouvoir (« Où crie-t-on cordialement Vive l’Empereur ? Assurément, ce n’est pas dans les établissements congréganistes ! »), mais promouvait en même temps de toutes ses forces la presse anticléricale qui dénonçait le même clergé comme le suppôt du gouvernement ! Accessoirement, le même Gustave Rouland était chargé du choix des évêques, ce qui explique beaucoup de choses.
Le Sel de la terre 112-113 (printemps-été 2020) « Vatican I : concile fondamental ». — Ce numéro (480 pages) : 25 E. (Couvent de la Haye-aux-Bonshommes 49240 Avrillé).
http://www.dominicainsavrille.fr/le-sel-de-la-terre-n112-113/
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