Le pape François a marié personnellement des couples qui vivent maritalement. Cela n’a en soi rien de choquant bien au contraire ; il normalise une situation comme on le ferait pour un enfant non baptisé.
En revanche, plus inquiétant est la volonté du pape de faciliter les procédures de divorce « tout en gardant le principe d’indissolubilité du mariage » comme il l’a écrit. Traduire : le principe tient des vieilles lunes ; impossible d’aller contre ; il faut donc aménager… « ce qui faciliterait les séparations pour les catholiques » écrit Le Figaro du 20 septembre. L’évêque du coin décidera donc, sans contrôle aposteriori par Rome comme c’est presque le cas présentement, la plupart des dossiers d’annulation transmis par les diocèses étant validés par Rome. Il y a tellement de divorces que systématiquement le tribunal de la Rote au Vatican les avalise. Comme pour la nouvelle liturgie ou l’avortement, l’exception deviendra vite la règle.
En pratique le pape François a fait monter au créneau le cardinal Kasper connu pour ses positions ultra-gauchisantes. Celui-ci va prendre comme angle d’attaque au Synode d’octobre prochain – assemblée de tous les évêques du monde- la question de la communion des divorcés-remariés. Celle-ci leur deviendrait accessible. Mais un certain nombre de cardinaux ont monté une contre-offensive en rappelant un certain nombre de textes du magistère ecclésial sur cette question. À cela Kasper répond qu’il s’agit d’une offensive contre le pape ; ce qui est faux car il s’agit d’une contre-attaque face à une idée et à une personne. Le cardinal ajoute de plus que le pape est d’accord avec lui et approuve sa position. Pourtant Jésus a dit lui-même que ce que Dieu a uni ne pouvait être séparé. Tel a toujours été l’enseignement de l’Église. Même les principaux textes post conciliaires réaffirment cette doctrine : par exemple Gaudium et Spes de Vatican II ; l’encyclique Humanae Vitae de Paul VI (1968) ; Familiae Consortio de Jean-Paul II. On peut ainsi remonter dans le temps depuis les Pères de l’Église à l’aube de la chrétienté.
Or le pape vient de créer une commission « commission chargée de réfléchir aux moyens de simplifier la procédure de reconnaissance en nullité d’un mariage » selon Le Figaro du 19 septembre dernier.
Il est évident que lâcher l’application d’un principe, quoiqu’on en dise c’est renier le principe lui-même. Quand on renie un principe alors on en renie deux puis trois. Finalement il ne reste plus rien. Telle sera probablement la responsabilité du synode : celui de déclencher un processus bouleversant toute la morale catholique.
Jean-Pierre Dickès
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