Avec le mercure qui monte, grossit aussi l’invasion migratoire par voie de mer. Et les pays européens du pourtour méditerranéen ne sont pas les seuls touchés par les arrivées de clandestins par bateau. Le Royaume-Uni doit lui-aussi faire face à l’immigration illégale venue de la mer. Les débarquements durent depuis des jours. En juillet dernier, plus d’un millier de migrants ont traversé les eaux de la Manche en bateau. Rien que jeudi, 235 personnes ont été arrêtées, dont des enfants : un record en une seule journée. Même scénario vendredi, avec environ 150 naufragés. Cette année, plus de 3 800 immigrants ont déjà débarqué Royaume-Uni. Qu’il suffise de dire qu’en 2019, ils se sont arrêtés à 1850.
Bien sûr, les chiffres officiels sont très faibles par rapport à ceux qui affligent l’Italie au quotidien. Pourtant, il n’a fallu pas grand-chose pour que Londres se déchaîne, en colère contre la France et prête à déployer la Royal Navy et les forces frontalières pour résoudre le problème. « Les ministres envisagent de bloquer les bateaux de migrants dans la Manche avant qu’ils ne puissent entrer dans les eaux britanniques dans un effort de plus en plus désespéré pour endiguer le nombre croissant de traversées » relate le quotidien britannique The Times.
Face à quelques centaines de migrants, le ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, a immédiatement réagi, déclarant il y a quelques jours que le nombre de personnes traversant la Manche était « inacceptable ». Ce n’est pas tout, car Patel elle-même a formellement demandé l’aide du ministère de la Défense afin qu’il collabore à la lutte contre les traversées maritimes indésirables (les migrants, en effet, s’aventurent à bord de petits bateaux généralement dans le détroit de Douvres). Le gouvernement britannique a également demandé à la France de collaborer pour stopper l’exode. Les ministres des deux pays envisagent de bloquer les bateaux dans la Manche, c’est-à-dire avant qu’ils n’entrent dans les eaux britanniques.
Si Londres choisissait de poursuivre sur cette ligne ferme, le modèle imiterait la même tactique utilisée par l’Australie contre les migrants d’Indonésie. Ainsi, la Force frontalière et la Royal Navy pourraient être utilisées pour bloquer les navires de migrants. Toutes deux auraient pour tâche d’intercepter les petits bateaux dès qu’ils quittent les eaux françaises et s’apprêtent à entrer dans les eaux britanniques.
« L’Australie mène une opération qu’elle appelle ‘’push back‘’ (repousser), et cela a été un succès », a déclaré une source du ministère de la Défense britannique au journal The Times. Imiter le modèle australien est plus qu’une idée pour le gouvernement Johnson. Cependant, continue The Times « d’autres sources gouvernementales ont mis en doute la légalité de telles mesures et pensent que les conséquences politiques d’un éventuel naufrage avec des victimes pourrait se révéler désastreuses ». Dans tous les cas, quelque chose sera fait, car l’arrivée continue de migrants en situation irrégulière au Royaume-Uni est devenue un problème sérieux.
Le premier ministre lui-même Boris Johnson est intervenu en déclarant, rapporte The Times dans un autre article, « vouloir un nouveau ‘’cadre juridique‘’ pour faciliter le retour des migrants en France après leur traversée de la Manche, qualifiant ces traversées de ‘’très mauvais, stupides, dangereux et criminels‘’ ». Il a aussi affirmé vouloir changer les règles, qui rendent actuellement difficile le retour des migrants qui traversent la Manche à bord de petits bateaux « même s’ils sont manifestement venus ici illégalement ».
La Grande-Bretagne a besoin de nouvelles dispositions, après la fin de la transition du Brexit en décembre, pour remplacer la Convention de Dublin de l’UE en vertu de laquelle les migrants sont censés être renvoyés dans le pays dans lequel ils ont demandé l’asile pour la première fois.
Le ministère de la Défense a déployé ce matin un avion Atlas de la Royal Air Force pour assurer la surveillance de la Manche.
Mais il y a un autre aspect à considérer. Tony Smith, ancien chef de la Force frontalière, a souligné que les patrouilles en mer à elles seules peuvent ne pas être suffisantes pour résoudre le problème :
« Cela nous permettra de mieux surveiller les mers, a-t-il expliqué, mais le problème reste le même : comment faire reculer les bateaux ? »
La question, pour le moment, reste sans réponse… Car ce n’est pas certain que la France est envie de les voir revenir…
Francesca de Villasmundo
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