Contre-manifestation en faveur du pouvoir en place. On remarquera que la dimension religieuse est très présente.
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Une fois de plus c’est la volonté de Washington d’avoir la haute main sur toutes les ressources énergétiques qui, comme en Ukraine, est à l’origine d’une tentative de déstabilisation de la Macédoine, l’un des petits états des Balkans qui a résulté de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie.
Les faits sont simples, le dimanche 17 mai un appel à manifester de la part du principal chef de l’opposition, Zoran Zaev, a rassemblé entre 100 et 1000 personnes, selon les sources, devant le siège du gouvernement à Skopje.
Le Premier ministre conservateur, Nikola Gruevski, mis en cause a aussitôt réagi: « Zaev est une marionnette jouant un scénario étrange », a-t-il déclaré l’accusant de tenter d’initier dans le pays une version ukrainienne des révolutions de couleur. Il a du être convaincant au vue de la contre-manifestation en sa faveur qui a gagné les rues de Skopje ce lundi 18 mai où environ 30 000 manifestants se sont rassemblés, selon des sources concordantes. Les manifestants ont afflué vers la place du Parlement dans la soirée, alors que dans le même temps les opposants de gauche, principalement musulmans, campaient toujours à deux kilomètres de là, devant le siège de l’exécutif pour continuer d’exiger le départ du chef du gouvernement.
La manifestation de l’opposition avait été précédée d’une importante attaque d’un commando pan-albanais, le 9 mai dernier à Koumanovo, dont nous nous étions déjà fait l’écho, avec un bilan de 22 morts, 30 prisonniers et de nombreux blessés. sans compter un quartier dévasté. Le terrorisme albanais, à la conquête d’une prétendue Grande Albanie, sévit dans le sud de la Serbie, au Kosovo et en Métochie, depuis la fin des années 90, encouragé par les forces de paix de l’OTAN, sous mandat international, qui ferment les yeux sur les camps d’entrainement du Kosovo. L’Albanie, membre de l’OTAN étant la base arrière des USA.
Cela explique que les chrétiens aient réagi en foule à la tentative de déstabilisation OTANo-musulmane. Les Macédoniens savent bien que le désir de conquête des musulmans de l’UCK est utilisée par les Occidentaux qui avaient favorisé les exactions de l’UCK (Armée de Libération du Kosovo), ils n’ont pas envie de se retrouver, comme au Kosovo, sous domination musulmane.
La dimension internationale de l’affaire apparaît avec la réaction des USA et de l’Union Européenne. Pour les puissances occidentales, il s’agit de diaboliser le pouvoir en l’accusant de dérive autoritaires. La Commission européenne accuse la République d’un «recul observé récemment, notamment concernant la liberté d’expression et des médias et l’indépendance du système judiciaire», indiquait-elle dans un communiqué du 8 octobre 2014, qui dressait un état des lieux de l’élargissement de l’UE. Par ailleurs, le dimanche 17 mai, l’OTAN et l’UE avaient mis en garde les autorités macédoniennes, et plusieurs ambassadeurs s’étant entretenus à huis clos avec le Premier ministre. Ce dernier ainsi que M. Zaev étaient attendus au parlement européen de Strasbourg le mardi 19 mai.
Ainsi, les pressions conjuguées des USA et de l’Union européenne toujours aux ordres du grand frère américain, étaient bien synchronisées avec la manifestation de l’opposition le 17 mai. Ce qui ne semble pas avoir été prévu est l’ampleur de la contre-manifestation. Mais le processus de type révolutions de couleur est mis-à-feu, il n’est pas forcément destiné à marcher du premier coup. Pour le moment il ne s’agit que d’avertissements qui sont destinés à monter en puissance avec un battage médiatique proportionné, afin que le gouvernement cède aux intérêts américains.
C’est ce qu’avait dénoncé préalablement Sergeï Lavrov, le ministre des Affaires Étrangères russe, lors de sa visite à Belgrade le vendredi 15 mai. Il a fait part de son inquiétude pour la stabilité du pays et de toute la région des Balkans après les violences meurtrières pan-albanaises du week-end des 9 et 10 mai, qu’il a qualifiées d’ «actes terroristes planifiés». Ces incidents meurtriers «interviennent alors que le gouvernement macédonien refuse de se joindre aux sanctions mais soutient, en revanche, le projet de gazoduc Turkish Stream. » Il s’agit du projet de gazoduc alternatif au South Stream, qui doit relier la Russie à l’Europe par la Turquie. Le pouvoir macédonien a également refusé d’appliquer les sanctions imposées par l’UE à la Russie, à la demande des USA, suite à la crise déclenchée par la Révolution Orange en Ukraine.
Comme en Irak, en Syrie, en Libye et en Ukraine, les USA entendent être les maîtres de la distribution énergétique du monde. Ils veulent imposer à l’Union européenne leur propre gaz issu des schistes américains, projet qui implique la construction de grandes infrastructures à travers l’Atlantique pour des coûts nettement supérieurs à ceux que peut proposer la Russie, traditionnel et naturel fournisseur de gaz à l’Europe. le South Stream devait passer par la Bulgarie et les Balkans, mais les USA ont fait pression sur la Bulgarie qui a cédé et rompu le projet. les Russes ont alors conçu le projet de substitution d’un gazoduc via la Turquie, la Grèce et la Macédoine. Le président macédonien a eu également l’audace d’assister au défilé de la Victoire à Moscou le 9 mai dernier, jour de l’attaque terroriste pan-albanaise.