Alexandre Grandazzi est professeur à l’université Paris-Sorbonne où il enseigne la littérature latine et la civilisation romaine. Il est aussi l’auteur de plusieurs livres consacrés à l’Antiquité.
Le nom de Rome, avant d’être celui d’un empire, le plus grand et le plus durable qui fût jamais, a été celui d’une ville : l’Urbs, simple bourgade dans ses commencements, devenue, au terme d’une évolution retracée dans ce volume, la cité la plus peuplée et la plus fastueuse du monde antique, restant sans rivale pendant plusieurs siècles.
C’est de cette ville que ce livre monumental raconte l’histoire, Rome intra muros : une cité délimitée par les remparts dont elle se munit très tôt. L’agglomération de cases au toit de torchis des premières périodes avait été bientôt effacée par la cité aux temples de pierre, hérissés de statues de terre cuite peinte, et aux principales rues déjà pavées de la fin de la monarchie et des débuts de la République; puis vint une époque où les vieux sanctuaires furent reconstruits en marbre, dans une métropole de type hellénistique qui se couvrait d’infrastructures portuaires et de portiques; tout cela, enfin, devait être à nouveau complètement transformé par un régime impérial dont les moyens d’intervention furent sans commune mesure avec ceux des périodes précédentes.
La ville de Rome est le lieu où le pouvoir cherche constamment à s’affirmer comme tel par des réalisations qui prouvent et augmentent sa légitimité. Lieu de la vie réelle, mais aussi horizon idéal, centre à l’attraction sans cesse croissante, exceptionnelle accumulation d’hommes, de richesses, d’idées et de monuments, Rome rassemble et absorbe le monde extérieur pour en nourrir sa métamorphose perpétuelle. Ces monuments n’étaient pas des lieux sans vie : formant comme une grande scène collective, ils étaient les points névralgiques, les pivots du dispositif symbolique d’ensemble que constituait la cité antique. De très nombreux rituels s’y déroulaient, qui faisaient tout au long de l’année la vie de la ville : processions, sacrifices, assemblées, compétitions, défilés en tout genre.
C’est tout cela que ce livre déchiffre, selon une espèce de sémiologie urbaine utilisant toutes les sources disponibles, archéologie mais aussi textes littéraires antiques.
URBS, Alexandre Grandazzi, éditions Perrin, 768 pages, 30 euros
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