Stéphanie, âgée de 49 ans, regagnait le poste de police vers 14h30. Elle a sonné pour que ses collègues lui ouvrent la porte. Un homme a surgi derrière elle, en possession d’un ou deux couteaux. « Il l’a poignardée dans le dos », précise une source proche du dossier à 78Actu.
Des policiers qui se trouvaient devant le commissariat ont riposté d’au moins deux tirs. La victime était mère de deux enfants. Le meurtrier, selon les premières informations, serait un ressortissant tunisien, Djamel G. Quelques minutes après les faits, il est aussi décédé.
Est-ce une première conséquence du verdict permissif rendu le samedi 17 avril dans l’affaire des policiers brûlés au cocktail Molotov à Viry-Châtillon, en Essonne, en 2016 ? La Cour d’assises des mineurs qui a jugé en appel dans la nuit de samedi à dimanche 17 avril dernier les 13 suspects a prononcé ce que le syndicat de policiers Alliance dénonce être un verdict « choquant », faisant preuve « d’impunité » de « laxisme » et de « complaisance ». La cour a condamné cinq jeunes à des peines allant de 6 à 18 ans de réclusion pour la violente agression des policiers, et en a acquitté huit autres, provoquant la colère des avocats des victimes. Au cours de son réquisitoire, l’avocat général avait commencé en adressant aux accusés une sensationnelle énormité :
« Je sais que vous êtes une richesse pour notre société. » (sic).
« Nous venons d’assister à un naufrage judiciaire (…) alors que l’on sait qu’il y avait 16 assaillants, on se retrouve avec cinq condamnations », a dénoncé Me Thibault de Montbrial, avocat de l’une des victimes, « effondrée », selon lui, par ce verdict en appel.
Après 14 heures de délibération et six semaines d’audience à huis clos, les cinq condamnés ont été reconnus coupables de tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique. Trois d’entre eux ont été condamnés à 18 ans de prison, un à 8 ans de prison, et le dernier à 6 ans. Ils encouraient la réclusion criminelle à perpétuité. Les huit autres accusés ont été acquittés. Les 13 jeunes, âgés de 16 à 21 ans au moment des faits, étaient accusés d’avoir fait partie de la vingtaine de personnes encagoulées qui, le 8 octobre 2016, avaient pris d’assaut en pleine journée deux voitures de police stationnées à proximité du quartier de la Grande Borne, une vaste cité d’habitat social considérée comme l’une des plus sensibles d’Île-de-France.
En quelques secondes, ils avaient brisé les vitres et jeté des cocktails Molotov dans les habitacles. Dans une première voiture, un adjoint de sécurité de 28 ans et une gardienne de la paix de 39 ans avaient pris feu. Le pronostic vital de l’adjoint avait été un temps engagé et il avait été plongé dans le coma pendant plusieurs semaines. Plus de quatre ans après les faits, il porte encore les marques de l’agression sur son visage.
Sa collègue avait été touchée par des pierres une fois sortie de la voiture transformée en torche, alors qu’elle avait le haut du corps en flammes. « J’ai des enfants, aidez-moi », l’avait entendu dire un de ses agresseurs présumés, qui avait confié plus tard à une amie que ça lui avait fait « un pincement au cœur ».
Deux agents étaient parvenus à s’extirper de l’autre voiture, alors qu’un cocktail Molotov était tombé sur la banquette arrière. Ils avaient été blessés plus légèrement. Selon l’enquête, les accusés, membres d’une bande de la Grande Borne, avaient planifié quelques jours auparavant de « niquer des keufs ».
« Ces policiers qui étaient dans les voitures, on leur crache à la figure après les avoir brûlés une première fois », a dénoncé dimanche dernier à la sortie de l’audience Me Laurent Franck Lienard, avocat de deux des policiers.
Et la justice laxiste donne à nouveau le signal de l’impunité pour les violents…
Francesca de Villasmundo
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