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Une femme africaine traitée de guenon par un candidat à la présidence

Adji Sarr, femme africaine traitée de guenon par Ousmane Sonko, candidat à la présidence du Sénégal
Adji Sarr, femme africaine traitée de guenon par Ousmane Sonko, candidat à la présidence du Sénégal

En France, lorsque Christiane Taubira porta le projet de loi de dénaturation du mariage devant permettre à deux personnes du même sexe de se « marier » en Mairie, des photos la comparant à une guenon et d’autres références simiesques avaient circulé sur le réseaux sociaux, ce qui donna lieu à la condamnation pour racisme d’Anne-Sophie Leclere, ancienne candidate du Front National.

Dix ans plus tard, en plein procès, une jeune femme a été traitée de guenon par un candidat à la présidence. En avez-vous entendu parler ? Probablement que non. L’affaire s’est déroulée… au Sénégal et les propos n’ont pas suscité de tollé ou d’indignation médiatique, ni en Afrique ni en France. Un africain pourrait donc, lui, contrairement à des Blancs, traiter une femme noire de guenon ? Cela rappelle les blagues juives qui sont considérées drôles si elles sont racontées par un juif mais antisémites si elles sont racontées par un goy…

C’est dans le cadre d’un procès pour viol présumé que les propos ont été tenus devant la Chambre criminelle de Dakar par Ousmane Sonko, candidat à la présidence de la république du Sénégal. Adji Sarr, une jeune femme de moins de 21 ans au moment des faits présumés, accusait celui-ci de l’avoir violée dans un salon de beauté (où l’on pratique en principe de vrais massages et non pas un institut de prostitution déguisée) dans lequel elle était employée. Le politicien l’a traitée de « Danguin bu AVC », une guenon atteinte d’un AVC, en Wolof.

« Pensez-vous que moi Ousmane Sonko, je suis en manque de femme pour aller violer ? C’est inimaginable que les Sénégalais puissent penser cela », a déclaré Sonko lors du procès. « Si j’étais un violeur, je ne vais pas m’attaquer à une guenon atteinte d’un Avc. J’ai quand bien même des choix », a lâché Sonko. « Rien ne s’est jamais passé entre nous », a-t-il conclu.

Condamnation pour « corruption de la jeunesse »

Au final, le 1er juin 2023, Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ferme et 600 000 francs CFA d’amende par la chambre criminelle du tribunal de Dakar, reconnu coupable « de corruption de la jeunesse » mais acquitté des faits de viol.

Tout le débat de ces derniers jours est de savoir si cette condamnation le rend inéligible pour le scrutin présidentiel de février 2024.

La co-accusée, Ndèye Khady Ndiaye, qui est la propriétaire du salon de massage, a été condamnée à la même peine pour « incitation à la débauche ». Tous deux sont en outre condamnés en plus à 20 millions de francs CFA de dommages et intérêts, somme qu’ils devront verser solidairement à Adji Sarr.

Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor, et candidat déclaré à l’élection présidentielle, affirme être victime d’un complot pour le rendre inéligible.

Ousmane Sonko a été ramené à son domicile dakarois, où il est assigné à résidence.

La condamnation à une peine de prison ferme de plus de trois mois interdit en principe d’office à Ousmane Sonko la participation à l’élection présidentielle de février 2024, selon le code électoral sénégalais.

Et voilà le sulfureux Juan Branco

Dernier rebondissement : le très sulfureux Juan Branco, ancien avocat de Julian Assange et de Jean-Luc Mélenchon, est devenu l’un des nombreux avocats d’Ousmane Sonko. Juan Branco, pompeusement surnommé « l’ange noir de Saint-Germain-des-Prés », a déposé le mois dernier devant la Cour pénale internationale (CPI) une plainte pour « crimes contre l’humanité » visant les autorités sénégalaises.

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