Une Eglise ébranlée, par l'abbé Benoît de Jorna, mars 2023
Ce qui nous paraît vraiment important n’est pas comment agit le Pape François, mais ce qu’il fait, le contenu même de son action.

En mars 1999, pour le lancement de la première lettre à nos frères prêtres intitulée « L’audace de la charité », M. l’abbé Pierre Marie Laurençon écrivait dans son éditorial :

« D ’aucuns trouveront le geste osé. Que le Supérieur de la Fraternité Saint Pie X pour la France, banni entre les bannis, se permette ainsi d’adresser un courrier à l’ensemble du clergé français, n’y a-t-il pas là provocation ? Non. Simplement cette once d’audace que le Sage conseillait de mettre en tout ; seule l’audace de la charité m’incite en effet à vous écrire, au nom de tous les miens, pour lever cette lourde chape de froid silence qui, de fait, définit depuis trop longtemps nos relations. »

Quelques 24 ans plus tard, le numéro 97 de mars 2023 n’a rien perdu de son acuité mais aussi de son esprit de charité envers des confrères qui, très souvent, sont heureux d’entendre des mots qu’ils aimeraient avoir le droit de prononcer.

Ainsi, dans son éditorial, M. l’abbé Benoît de Jorna, Supérieur du District de France de la Fraternité Saint-Pie X, évoque « L’Eglise ébranlée » du fait des actions du Pape régnant.

Il parle sans détour des résultats « catastrophiques » du pontificat actuel et souligne que « François ne cesse de donner des coups de boutoir à des éléments structurants de l’Église, à des piliers de la vie chrétienne, et il les ébranle ainsi en profondeur, laissant craindre ou présager leur ruine totale. »

MPI vous invite à la lecture de cette lettre respectueuse pour la personne ciblée mais ferme dans la dénonciation de ses actes qui ébranlent les structures mêmes de l’Eglise.

Lettre à nos frères prêtres n° 97 de mars 2023 – UNE ÉGLISE ÉBRANLÉE

Le pontificat du Pape François vient de dépasser les dix ans, ce qui est déjà une durée honorable. Il est donc possible d’y jeter un premier regard rétrospectif, comme nous l’avons fait la fois dernière sur le pontificat du Pape Benoît XVI. Précisons pour commencer, afin de clarifier notre position, que nous n’avons  aucune  animosité personnelle à  l’encontre du  Pape  François. Au  contraire, il  a  fait plusieurs gestes significatifs envers la Fraternité Saint-Pie X, qui comptent à nos yeux.

Tout le  monde reconnaît que le  Pape François a  un mode de gouvernement très personnel, passablement autoritaire, qu’il agit à son gré et de façon souvent imprévisible. Le nombre de Motu proprio qu’il a déjà promulgués en est le signe indubitable. Dans l’absolu, bien sûr, on pourrait discuter de cette manière de faire, mais il n’est certainement pas le premier Pape à agir de cette manière. En tout cas, ce n’est pas de sa méthode de commandement que nous parlerons aujourd’hui.

Ce qui nous paraît vraiment important n’est pas comment agit le Pape François, mais ce qu’il fait, le contenu même de son action. Et là, il faut le dire clairement, les résultats du pontificat nous semblent plutôt catastrophiques. Le Pape François ne cesse de donner des coups de boutoir à des éléments structurants de l’Église, à des piliers de la vie chrétienne, et il les ébranle ainsi en profondeur, laissant craindre ou présager leur ruine totale.

Ce n’est pas précisément dans l’ordre spéculatif, dogmatique, qu’il porte ses attaques. Il ne s’agit pas, semble-t-il, d’un domaine qui l’attire et le passionne. Il se concentre plutôt sur le domaine pratique, de l’action, mais là, il avance à grands pas, dans le mauvais sens malheureusement.

Il s’est d’abord attaqué à la morale, un domaine qui avait été, tant bien que mal et en partie seulement, préservé d’une remise en cause systématique. À travers divers documents et initiatives, il a ouvert la voie à la satisfaction des revendications « sociétales », à savoir l’accès aux sacrements des divorcés remariés et des couples homosexuels, la reconnaissance de la transidentité, l’accès des femmes aux ministères ordonnés, etc., comme le Synode allemand l’a d’ailleurs bien compris.

L’assaut massif et coordonné contre la liturgie traditionnelle, dont la célébration est pourtant si modeste et si marginale, constitue le deuxième étage de la fusée. Il s’agit d’éradiquer tout ce qui rappellerait non pas seulement l’Église d’avant Vatican II, mais même simplement l’Église d’avant François, puisque, après tout, le retour officiel de cette liturgie antique ne date que de son prédécesseur.

Le Pape François, par son action en ces domaines et en des  domaines  parallèles, va  sans  aucun  doute  laisser derrière lui une Église profondément ébranlée.

Abbé Benoît de JORNA

Abbé Benoît de Jorna, FSSPX
« Une Eglise ébranlée », par M. l’abbé Benoît de Jorna

Bien sûr, certains de nos lecteurs nous reprocherons de ne pas avoir relevé que les  » gestes significatifs envers la Fraternité Saint-Pie X  » peuvent être interprétés de manières différentes, mais  souvenons-nous, quand nous lisons un texte, ce que disait Victor Hugo : la forme c’est le fond qui remonte à la surface.

Christian LASSALE

Source : La Porte Latine

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