Julien Peltier est l’auteur de plusieurs essais et de nombreux articles consacrés aux samouraïs. A travers ses travaux publiés notamment dans la revue Guerres & Histoire, il s’est imposé comme un spécialiste du guerrier traditionnel nippon. Il publie ces jours-ci chez Perrin Une autre histoire des samouraïs qui présente le guerrier japonais entre ombre et lumière.
Sûr de sa force, convaincu de sa supériorité, le guerrier nippon toise les badauds d’un œil farouche, une main ferme reposant sur la poignée de son katana glissé dans la ceinture de soie au côté du sabre court. Le hakama, jupe-pantalon, est soigneusement empesé, le chignon huilé effleure une tonsure impeccable, tandis que la veste d’étoffe légère arbore de part et d’autre d’une large poitrine le kamon – blason clanique -, valant allégeance au seigneur du château voisin. Voilà l’image, irriguée par les fresques historiques des maîtres du cinéma japonais, qui vient spontanément à l’esprit lorsqu’on songe au samouraï. Or, si cette représentation n’est pas dénuée de fondement, elle ne saurait refléter la foule des visages adoptés par les samouraïs au fil des âges. Hérité de la période Edo, cet archétype élude ainsi une infinie variété de trajectoires et s’inscrit surtout dans un contexte où le membre de la caste militaire jouit d’un statut aux contours bien définis. Tel ne fut pas toujours le cas, loin s’en faut, puisqu’il faut attendre l’automne 1591 et la promulgation de l’édit de séparation des classes pour que le pouvoir reconnaisse la singularité et les privilèges des guerriers.
L’art de bien mourir
Bien avant de se constituer en communauté d’intérêts, la classe combattante se définit plutôt comme une nébuleuse qui essaime à travers tout le corps social, sachant tout aussi bien accepter des suzerainetés verticales que tisser des solidarités horizontales.
Cet ouvrage nous présente donc cinquante nuances de samouraï, dont les célèbres rônins. Un fascinant voyage au pays du soleil levant, dans un univers où prime l’art de bien mourir et où les seigneurs de guerre peuvent accorder un étonnant raffinement à la cérémonie du thé. Une chevalerie insulaire pétrie d’un sens de l’honneur pointilleux et toujours prête au sacrifice qui n’en finit pas d’impressionner et de surprendre.
L’ouvrage est agrémenté d’un cahier contenant de magnifiques photographies.
Une autre histoire des samouraïs, Julien Peltier, éditions Perrin, 368 pages, 23 euros
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