L’écrivain catholique Alessandro Gnocchi, grand connaisseur de Guareschi, le père de don Camillo, adversaire inflexible de la révolution bergoglienne et analyste de la crise de l’Église, a publié le 16 janvier dernier, sur le site Riscossa Cristiana, une intéressante tribune sur les rapports entre la FSSPX et François, agrémentée de commentaires judicieux dont quelques extraits ont été traduits hier pour MPI.
Au cours de son analyse pertinente sur les conséquences prévisibles d’un possible accord entre la Fraternité et Rome, il est revenu aussi sur un récent entretien de Mgr Schneider au blog Adelante la Fe dans lequel l’ecclésiastique romain avoue avoir demandé à Mgr Fellay de ne pas tarder plus longtemps à rallier la Rome conciliaire. :
Le journaliste italien n’y va pas par quatre chemins pour critiquer et décortiquer en profondeur les propos de Mgr Schneider qu’ils qualifient, pour certains de « misérables intellectuellement ». Un pavé dans la mare de louanges qui sont adressées à l’évêque de l’archidiocèse d’Astana :
« Je me limiterai à dire qu’ils ne me surprennent pas parce que, depuis le début, le but déclaré de Mgr Schneider a été celui de ramener la Fraternité dans le bercail romain, qui qu’en soit le gardien, afin de faire disparaître une fois pour toute l’anomalie érigée par Mgr Lefebvre en défense de la foi catholique. Qu’y-a-t-il d’étonnant alors si maintenant l’émissaire de Rome sollicite ceux qui l’ont reçu et lui ont fait confiance pour parvenir au terme de la procédure commencée ?
Pour ce qui est des arguments de Mgr Schneider, je ne les partage pas du début à la fin. Mais pire que les arguments, je trouve blâmables et fallacieux deux passages en renfort des thèses exposées. Le premier est l’explicite intention de préjuger des choix qu’aurait fait Mgr Lefebvre aujourd’hui. Naturellement selon Mgr Schneider, Lefebvre aurait accepté en courant ce qu’offre Bergoglio. Eh bien, il n’y a pas d’argument plus misérable intellectuellement que celui d’attribuer sa propre pensée et ses propres choix à une personne morte qui ne peut plus rien dire. Intellectuellement misérable pour la personne qui s’en sert et potentiellement destructeur pour la personne qui le reçoit. Si la Fraternité Sacerdotale Saint Pie-X agit ainsi, elle finira immanquablement dans un processus d’inéluctable révision de la pensée du fondateur qui entraînerait la ruine de tout, mais vraiment tout, les ordres, les institutions, les associations, les mouvements fondés par une personne de grand charisme. Je me demande : ce phénomène de révision à l’intérieur de la FSSPX est-il déjà en acte ?
Mgr Schneider utilise un autre argument blâmable : celui qui consiste à accuser ceux qui s’opposent à l’étreinte avec la Rome moderniste d’avoir peu ou de manquer d’esprit surnaturel. Ici, on tombe dans l’habituel vice totalitaire de dénigrement de celui qui pense de manière différente, le « dissident », qui faute d’avoir les compétences fondamentales pour discuter, doit se taire. S’il n’a pas d’esprit surnaturel, et cela c’est Mgr Schneider qui le décide ou un autre pour lui, le dissident ne peut réfléchir, ouvrir la bouche et choisir quoi faire, sans pécher, avec certitude, en pensées, en paroles et en actes. Et aussi en omissions tant que nous y sommes.
Mgr Lefebvre, qui sur la Rome moderniste avait été plutôt clair, avait été accusé en son temps lui-aussi de manquer d’esprit surnaturel. Comment se fait-il alors qu’aujourd’hui monseigneur est réhabilité conjointement à l’acceptation de l’accord ? Et, encore, si cela est l’argument principal, pourquoi ne pourrions-nous pas alors penser que ceux qui manquent d’esprit surnaturel sont ceux qui désirent l’embrassade avec Bergoglio ? Étreinte dont, c’est bien de le rappeler, Mgr Schneider ne s’est jamais dégagé, bien au contraire. »
Francesca de Villasmundo
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