Quand il signa « the boy who would be tsar » (le garçon qui serait tsar), le vieil artiste Andreï Andreïevitch Romanov (aussi connu comme Andrew Andreyevich Romanoff) était, aussi surprenant soit-il, troisième sur la dernièrement chaotique ligne de succession de Russie, bien que plus jeune il n’aurait jamais deviné que ses cousins Nicolas et Dimitri, de la même génération, resteraient sans enfants. Celui qui fut le chef de la maison Romanov pendant vingt ans, Nicolas, mourut en septembre 2014, suivi par son frère Dimitri ce 31 décembre 2016. De fait Dimitri n’a été chef de la maison impériale que le temps de recevoir l’invitation d’Etat à rentrer en Russie, et mourut exactement la veille de cette cruciale année 2017.L’invitation officielle lancée en juin 2015, pour le millénaire de la mort de Saint-Vladimir le baptiseur de la Russie, fut aussi envoyée à Maria Vladimirovna, la soi-disant « grande duchesse » (un titre exclusivement réservé aux enfants et petits-enfants d’un empereur régnant) qui clame la tsarité de Cyrille, le « tsar » autoproclamé en 1924 jamais reconnu par le Zemski Sobor (sorte d’Etats Généraux), ni par la maison impériale (et qui n’a jamais régné). Comme on le comprend aisément, le gouvernement actuel ne peut pas se mêler des disputes dynastiques, mais doit ramener et donner à la Russie ce dont le pays orphelin a besoin. Puisque, selon les vieilles et imparfaites règles de succession de Paul 1er (que seul un empereur en fonction peut amender), personne n’est formellement éligible, la première (prochaine) personne à représenter l’héritage impérial au sein de l’État ne peut être installée que par exception. La Providence règlera alors l’affaire et scellera la transition. Mais il est impossible de faire incarner quoi que ce soit en un fantôme, ou un aspirant in absentia (à l’étranger). La Russie a besoin d’un Romanov en Russie.Parmi les avantages les plus évidents de tout système de succession héréditaire figure le fait que, puisque personne ne choisit l’élu (qui dans l’idéal ne peut pas refuser son devoir), il est totalement indépendant de tout pouvoir de pression. Mais la fortune fait parfois très bien les choses. L’intronisation d’un vieux Nicolas ou Dimitri sans enfants n’aurait pas empêché l’apparition d’une contestation successorale, de la part de la branche de Cyrille, à la mort de Dimitri. L’intronisation d’Andreï Andreïevitch [Photo ci-dessus] signifie la succession automatique de son fils Alexis Andreïevitch, né en 1953, apportant par là une espérance de stabilité (d’après les trois précédents) d’une trentaine d’années, largement suffisante pour assurer et normaliser la fonction avant la question de sa propre succession. La Providence a pourvu. Maintenant les hommes (Andreï et Alexis) doivent répondre à l’appel de leur devoir. Ils y seront nourris.En juin 2015, lorsque la Région de Léningrad a proposé d’héberger officiellement les rapatriés dans une résidence impériale de Saint-Pétersbourg, Vladimir Petrov proposa aussi le palais Livadia en Crimée, s’exprimant donc manifestement au nom de la présidence de la Fédération. La fonction protocolaire serait de représenter et personnifier la dynastie et la nation, et fut alors comparée à la fonction du roi ou de la reine au Royaume-Uni et aux Pays-Bas d’aujourd’hui. Bien sûr le gouvernement ne pourrait passer que l’autorité dont il dispose, constitutionnelle. Du point de vue du droit constitutionnel, et comme pour un empereur, une personnification institutionnellement reconnue de l’histoire impériale (qui est la fonction actuellement proposée par le gouvernement russe) ne peut pas être élevée plus haut par un corps de hiérarchie subalterne, aussi pour aller plus loin la Russie devra recourir aux seuls corps sociaux qui ont une plus grande légitimité historique et sociale que l’Etat constitutionnel actuel, en l’occurrence l’Eglise et la société civile. Cela viendrait plus tard, les peuples russes réalisant de nouveau qu’un grand pays ne peut pas dépendre de la bonne volonté de volontaires intérimaires élus à titre temporaire, mais a au contraire besoin d’une institution stable offrant une direction à long terme quels que soient les mérites, les compétences et la longévité des individus.Pour l’heure, le gouvernement russe est prêt à donner, au sein de l’État, un statut institutionnel permanent à la famille impériale avant les commémorations de la révolution et des assassinats. La Russie doit d’urgence attribuer la présidence honoraire des célébrations réconciliatoires de 2017. Les développements ultérieurs appartiennent à l’Histoire.Puisse Dimitri reposer en paix. Puissent Andreï et Alexis répondre maintenant. (Source Stratdiplo)
L’initiative officielle est venue du député Vladimir Petrov du parti présidentiel, « Russie unie », qui a préparé un texte de loi qui devrait entrer en vigueur à l’occasion du centenaire de la chute du Tsar Nicolas II, en 1917. Rappelons que 2017 sera l’année de l’élection présidentielle russe. Vladimir Petrov entend « donner aux membres de la famille impériale un statut spécial » et « accélérer leur retour en Russie ».
Alexander Zakharov, directeur de la Maison Impériale des Romanov en Russie, a indiqué que plusieurs représentants de la dynastie étaient prêts à retourner en Russie.
Pourquoi maintenant ?
Une telle initiative de la part d’un parlementaire du parti présidentiel n’est pas anodine. Le président russe sait que les USA préparent une révolution de palais en Russie et que, à tout moment, une insuffisance gouvernementale peut aboutir à un coup d’état de la part d’oligarques liés à la finance anglaise et américaine. Sur le modèle de ce que firent les Bolcheviques en 1917-1918.
Avec en outre des menaces directes émanant des USA quant à leur volonté de démanteler la Russie en une multitude de républiques aisément manipulables, le chef de l’Etat Russe peut voir dans l’option monarchiste un moyen souple et efficace d’unifier le pays sur la base des principes plus que des partis ou des élections.
En outre, elle incarnerait le retour à la tradition déjà largement amorcé dans la Fédération de Russie. (source)
Lire aussi: un article sur le « Monarchisme populaire » en Russie, auquel Vladimir Poutine semble s’être référé de nombreuses fois. Une forme de souverainisme très en vogue en Russie.
emiliedefresne@medias-presse.info
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