KIEV – Dans la soirée de ce mercredi 26 février, l’ « assemblée populaire » de la place de l’indépendance a communiqué à la foule réunie la composition du gouvernement qu’elle a soumis aujourd’hui au vote de la Rada suprême.Examinons de plus près la composition de ce gouvernement.
– Premier ministre : Arseni Iatseniouk, président de Batkivchtchina (« Patrie »), le parti de Ioulia Timochenko.
– Vice-premier ministre en charge de l’intégration européenne : Boris Tarassiouk. Lié au parti Batkivchtchina, cet homme a occupé la fonction de ministre des affaires étrangères en 1998-2000 et en 2005-2007. Il est un chaud partisan de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN. Tout au long des troubles qui ont amené à la situation actuelle, il était le responsable de la communication entre l’opposition anti-Ianoukovitch et les représentants de l’UE et des Etats-Unis. Ce serait via lui que le sénateur américain John McCain s’est rendu à Kiev marquer son soutien aux protestataires.
– Ministre des affaires étrangères : Andreï Dechtchitsa. Représentant spécial du président Ianoukovitch auprès de l’OSCE, il est l’un des premiers diplomates ukrainiens à avoir soutenu l’opposition de la place Maïdan.
– Ministre de la justice : Pavel Petrenko.
– Ministre des finances : Alexandre Chlapak, jadis haut-responsable dans l’administration présidentielle de Viktor Ioutchenko.
– Secrétaire du Conseil national de sécurité : Andreï Paroubi. Chef de la « force d’auto-défense » de Kiev, il est très populaire dans les rangs du mouvement Praviysektor (Secteur de droite). Il s’agit d’un des rares « nominés » issus des rangs nationalistes.
– Ministre de l’économie : Pavel Cheremeta, professeur d’économie à Kiev.
– Ministre de l’énergie : Iouri Prodan, déjà ministre de l’énergie dans le gouvernement Timochenko en 2007-2010.
– Ministre de l’éducation et de la recherche : Sergueï Kvit. Recteur de l’Académie Mohyla, la plus ancienne université d’Ukraine, il avait appelé ses étudiants à rejoindre la contestation sur la place de l’indépendance.
– Ministre de la jeunesse et des sports :Dmitri Boulatov. Il a participé à l’organisation des manifestations anti-Ianoukovitch.
– Ministre de la santé : Oleg Moussiy, médecin anesthésiste s’étant investi dans le secours aux blessés de Maïdan.
– Ministre de la politique sociale : Lioudmila Denissova.
– Ministre de l’écologie : Andreï Mokhnik, député de Svoboda.
– Ministre de l’agriculture : Alexandre Mirny, député de Svoboda.
Un fait saute immédiatement aux yeux : Oleg Tiagnibok, président du parti Svoboda qui, il y a quelques jours, se voyait déjà premier ministre, n’obtient strictement aucun poste, si minime soit-il. Son parti, fer de lance de la contestation anti-Ianoukovitch et russophobe, n’empoche que deux portefeuilles ministériels dont les compétences (l’écologie et l’agriculture) ne leur donnent que très peu de latitude pour influer sur la politique nationale et la suite des événements.En gros, les ministères ont été redistribués au bénéfice quasi exclusif de personnalités dociles à l’euromondialisme ou issues du clan Timochenko.
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Baudouin Lefranc
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