Considéré comme une espèce « vulnérable » (3e degré sur la liste rouge de l’UINC qui en comprend 8), l’éléphant d’Afrique a vu sa population se réduire de près d’un quart lors de la dernière décennie, passant de 526.000 à 415.000 animaux entre 2006 et 2015, selon un constat fait lors du Congrès mondial de la nature qui s’est tenu à Hawaï du 1er au 10 septembre. La Tanzanie, état le plus touché, a perdu 60 % de sa population de pachydermes, les cheptels de l’Angola et du Mozambique ont été également fortement frappés. Le braconnage alimentant le marché noir de l’ivoire est la première cause de disparition des éléphants (mais également des rhinocéros) avec 38.000 individus abattus par an, mais également la destruction de leur habitat naturel par la déforestation due à l’extension des activités économiques humaines. A titre de comparaison, en 1880, il y avait 20 millions d’éléphants en Afrique, vivant absolument partout dans la zone subsaharienne. Il en restait encore 1 million en 1970. Sur les 18 pays étudiés, 7 voient leur population pachydermique baisser (Mali, Cameroun, Tchad, Tanzanie, R.D. du Congo, Angola et Mozambique), 6 augmenter (Mali, Bénin, Burkina Faso, Ouganda, Malawi, Afrique du Sud), 4 rester stable (Zambie, Zimbabwe, Kenya et Botswana), les résultats pour la Namibie étant encore inconnus. Quant à l’éléphant des forêts (il n’est question ici que de l’éléphant de savane), ils ont perdus depuis 1993 60 % des leurs et seront considérés comme éteint en 2025.
La tonne d’ivoire atteignant les 7.000 $ la tonne, la France a pris le 17 août dernier la décision d’interdire totalement la vente d’ivoire d’éléphant et de rhinocéros sur son territoire. La Chine plus gros consommateur mondiale et dont les saccages à l’environnement et à l’écosystème planétaire dépassent les pires réalisations des Etats-Unis et de l’URSS (notamment dans le domaine de la surpêche) a promis conjointement avec les Etats-Unis, de « quasiment » prendre des mesures similaires en septembre 2015. Le « quasiment » chinois a à peu près la même valeur que l’ « empiriquement » des Africains. Certains pays africains, aux économies précaires, veulent une levée de l’interdiction de la vente d’ivoire d’éléphant (Zimbabwe) ou de rhinocéros (Swaziland), pour peu que ces derniers soient morts naturellement.
Plus menacé encore, et lui dans l’indifférence médiatique, l’éléphant d’Asie est considéré comme « en voie d’extinction » (4e degré sur la liste rouge). Jadis présent des côtes iraniennes jusqu’aux rivages de Shanghai, ainsi que sur Bornéo et Sumatra, les éléphants d’Asie ne sont plus présent en masse qu’en Birmanie, au Vietnam et en Malaisie. Il n’en reste plus que 47.000 dans le monde, dont 17.000 en captivité.
Les éléphants ne sont bien sur pas la seule espèce à avoir été menacées d’extinction : le rhinocéros, dont la corne vaut au marché noir chinois plus cher que l’or, dont ne nombre est passé de 1 million en 1800 à 18.000 à l’heure actuelle. Les orangs-outans, grands singes à fourrure orange, sont les premières victimes de la culture intensive de l’huile de palme qui a détruit 80 % de leur habitat naturel. Ils sont considérés comme « disparus » en 2040.
Dieu à fait de l’homme le gardien de la Création. Il n’était pas dans son intention d’en faire le destructeur. Une espèce que l’on croit éternelle peut disparaître. La triple conjugaison de la destruction du milieu naturel, de la maladie et de la chasse intensive a fait ainsi disparaitre en deux siècle la tourte voyageuse nord-américaine qui, comptant 5 milliards d’oiseaux en 1714, fut éradiquée en 1914. En France, le splendide macareux fut à deux doigts (ou plutôt deux hallux) de l’extinction, la chasse intensive menée par les touristes parisiens en Bretagne faisant passer l’espèce de 20.000 à quelques centaines d’oiseaux entre 1900 et 1914. Leur quasi-disparition amènera à une prise de conscience et la création en 1912 de la Ligue de Protection des Oiseaux.
Sans sombrer dans le fanatisme écologiste, il serait souhaitable que les uns et les autres prennent conscience qu’il n’y a aucun intérêt économique à créer un monde où les enfants ne verraient plus d’éléphants, de girafes, de gorilles, autrement que dans les livres ou, au mieux, dans les zoos. Un économiste « chrétien » dont je tairais le nom, avait dit : « l’essentiel est le taux de croissance de l’Indonésie, les orangs-outans peuvent crever ». Un autre scientifique tout aussi « chrétien » disait « il faudra sacrifier soit les nègres, soit les éléphants, mon choix est fait : sauvons les éléphants ». Il y a quand même une voie médiane entre ces deux positions extrêmes, notamment en créant des parcs naturels réservés aux espèces animales. Ce qui, pour les « locaux », pourraient rapporter bien plus d’argent qu’une hypothétique zone industrielle…
Hristo XIEP
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