Jadis nos grands-pères médecins se contentaient de leurs cinq sens pour faire leurs diagnostics. Puis commencèrent à apparaître les constantes biologiques, c’est-à-dire les analyses et aussi la radiographie par les Rayons X. C’était il y a cent ans. Les progrès au début furent très lents. Puis vinrent les premiers scanners et l’échographie en 1975, puis l’IRM donnait des images en positif. Est-ce pour autant que tous les diagnostics effectués par la para-clinique étaient suffisants ? Certainement pas. La biopsie qui était un prélèvement localisé et analysé au microscope semblait avoir réglé tous les problèmes. En réalité non : les médecins se rendirent compte que ces moyens n’étaient pas infaillibles.
Ne voyait-on pas de petits bobos qui semblaient être bénins se révéler être des cancers ? Mais il en était de même pour les mammographies. Certains médecins pensent que cette technique a entraîné une série d’interventions pour des faux-positifs et pour lesquels le nombre de décès par anesthésie pour faire une exérèse était supérieur à celui entraîné par le cancer lui-même. Que d’échographies ont abouti à l’assassinat d’enfants parfaitement sains au nom du diagnostic de trisomie !
Finalement le diagnostic radiologique s’est vu complété par la biopsie qui allait chercher les cellules supposées malades à la pointe de l’aiguille pour être analysées : c’est ce qui se nomme l’anatomo-pathologie. Etait-elle infaillible ? Le diagnostic de cancer de la prostate peut être établi par des biopsies aux fins d’analyse. Sauf que si le prélèvement passe à côté de la lésion, le patient reviendra parfaitement rassuré alors que son cancer évolue et il n’est pas guéri pour autant.
Or l’Université Pierre et Marie Curie en son laboratoire de diagnostic du cancer vient de faire un pas décisif. Certains moyens comme l’IRM sont coûteux ; d’autres incertains. L’idée générale est que tout cancer aboutit à lancer dans le sang des cellules que l’on peut reconnaître et filtrer car elles sont très grosses. Tel est le succès du Pr Yvon Cayre, professeur d’hématologie de cette université. Ce chercheur a mis au point une technique simple permettant d’avoir de moins en moins recours aux biopsies. Il filtre les cellules cancéreuses du sang. Selon lui à ce jour 60 % des cancers sont diagnostiqués d’emblée, sans avoir recours aux moyens précédents. La référence cependant restera la biopsie qui donne des résultats pratiquement certains mais pas toujours faciles à obtenir quand il faut ponctionner un rein ou un pancréas.
Cette technique de recherche biologique est importante car elle a l’effet de « déblayer le terrain » dans le cadre des cancers ; ceci par une simple prise de sang. Un très gros progrès… fort rassurant ! Espérons qu’il se généralise vite : il évitera une majeure partie des diagnostics hésitants et évitera bien des interventions pénibles.
Dr Jean-Pierre Dickès
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