Rencontre entre Vlodomyr Zelensky et le Secrétaire d’État à la Défense des États-Unis, Lloyd Austin
Rencontre entre Vlodomyr Zelensky et le Secrétaire d’État à la Défense des États-Unis, Lloyd Austin

L’invasion russe en Ukraine est née et a pour objectif la neutralité du pays voisin. Inviter Kiev dans l’OTAN ne ferait que poursuivre la guerre. Et d’ailleurs certains pays européens s’y opposent.

Londres et Paris seraient enclins à apporter à Zelensky l’invitation de l’Ukraine à entrer dans l’OTAN

Lundi dernier, le Secrétaire d’État à la Défense des États-Unis, Lloyd Austin est arrivé à Kiev dans le cadre d’une visite non annoncée. Les analystes se séparent en deux blocs : ceux qui soutiennent que cette visite, à la veille des élections américaines pour le futur Président des États-Unis, avait comme objectif d’apporter à Zelensky l’invitation de l’Ukraine à entrer dans l’OTAN ou un signal positif sur le soi-disant « plan de victoire » que le président ukrainien a proposé ces derniers jours ; d’autres estiment que la visite d’Austin n’avait pas un tel objectif : le soi-disant plan de victoire a été rejeté et le restera jusqu’aux élections américaines, et l’idée d’envoyer à Kiev une invitation à rejoindre l’OTAN n’est pas non plus sur la table.

En effet, répondant au Monde selon lequel Londres et Paris seraient enclins à lancer une telle invitation, les médias ukrainiens soulignent que, même si le consentement des deux pays européens était vrai (ce qui est douteux, étant donné que seul Le Monde en a parlé), le projet n’a pas reçu le oui décisif, celui des États-Unis. En effet, écrit le quotidien Strana l’hypothétique assentiment à une invitation de Kiev à rejoindre l’Alliance atlantique est « contredit par le comportement du président américain, qui a décidé de manière plutôt déterminée de ne pas rencontrer Zelensky, d’abord lors [du sommet de l’OTAN] à Ramstein (réunion qui a finalement dû être annulée), puis lors de sa visite à Berlin (même si le président ukrainien était relativement proche, c’est-à-dire à Bruxelles) ». « Par ailleurs, il convient de noter que ce « détachement » de Biden s’est manifesté immédiatement après le voyage de Zelensky aux États-Unis, au cours duquel il a illustré le « plan de victoire » évoqué plus haut. L’attitude ultérieure de Biden « a donc été interprétée par beaucoup comme un rejet » de l’insistance querelleuse de Zelensky.

Si maintenant l’Ukraine était invitée à rejoindre l’Alliance, cela ruinerait la perspective de mettre fin à la guerre par la voie diplomatique

Pour l’instant, le populaire quotidien ukrainien Strana confirme l’analyse de plusieurs commentateurs mais la raison invoquée par Strana pour justifier le refus général de l’invitation de l’Ukraine à l’OTAN est bien plus intéressante.

« La complexité de cette décision pour l’Amérique et l’Occident dans son ensemble est compréhensible. Si maintenant, avant la fin de la guerre, l’Ukraine était invitée à rejoindre l’Alliance, même sans que cela soit accepté pour le moment, cela ruinerait la perspective de mettre fin à la guerre par la voie diplomatique. »

« Et cela parce que l’objectif officiel de la Russie dans cette guerre est d’obtenir pour Kiev le statut de pays neutre et non aligné. Étant donné que les troupes russes détiennent actuellement l’initiative sur le front, avant toute négociation impliquant l’Occident, Moscou demanderait le retrait de l’invitation à Kiev. Et cela serait impossible pour les pays de l’OTAN car ils perdraient la face. »

« En effet, si nous acceptions maintenant l’Ukraine dans l’OTAN, les perspectives de négociations triangulaires Ukraine-Russie-Ouest pour mettre fin à la guerre, si elles ne sont pas complètement impossibles, seraient extrêmement problématiques. Et c’est peut-être là le véritable objectif de ceux qui soutiennent l’invitation de l’Ukraine à l’OTAN avant la fin de la guerre. »

L’Allemagne, les États-Unis, la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie, l’Espagne et la Belgique s’opposent actuellement à l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN

Cette analyse est corroborée par quatre responsables et diplomates américains et de l’OTAN, qui ont déclaré à Politico que l’Allemagne, les États-Unis, la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie, l’Espagne et la Belgique s’opposent actuellement à l’entrée de l’Ukraine dans l’Alliance atlantique. La Hongrie et la Slovaquie résistent chacune à partir d’un point de départ différent. Orbán a qualifié le « plan de victoire » de Zelensky de « plus que terrifiant ». Le Slovaque Robert Fico a averti plus tôt ce mois-ci qu’autoriser l’Ukraine à rejoindre l’OTAN « serait une bonne base pour une troisième guerre mondiale » et a juré qu’il « n’accepterait jamais » cela.

« Des pays comme la Belgique, la Slovénie ou l’Espagne se cachent derrière les États-Unis et l’Allemagne. Ils sont réticents », a déclaré l’un des responsables de l’OTAN. Un deuxième responsable a déclaré que les pays « le soutiennent dans l’abstrait, mais une fois qu’il se rapprochera de sa concrétisation », ils commenceront à rejeter l’idée plus publiquement.

Cela les met en contradiction avec des pays comme les pays baltes et la Pologne, qui sont plus enthousiastes à l’idée d’adhérer à l’OTAN. Cependant, les responsables interrogés par Politico ont cherché à souligner que ni les États-Unis ni l’Allemagne n’excluent une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’alliance.

Francesca de Villasmundo

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

MPI vous informe gratuitement

Recevez la liste des nouveaux articles

Je veux recevoir la lettre d'information :

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

Les commentaires sont fermés

Abonnez-vous à CARITAS !

Le numéro 2 de la revue Caritas est enfin disponible en prévente sur MCP !

Militez,

En achetant le n°1 de CARITAS : Lutter contre la haine anticatholique

En s’abonnant à cette revue : la revue CARITAS !