C’est mercredi dans la soirée que nous avons eu à Moscou la confirmation que les présidents russes et américains s’étaient parlés au téléphone.
Nous apprenons que les deux chefs d’État ont abordé, non seulement la question Ukrainienne, mais encore le nucléaire iranien et d’autres sujets.
Il faut bien comprendre que ce retour au dialogue direct au plus haut niveau entre Américains et Russes marque surtout la fin d’une anomalie. Même si, on s’en doute, les lignes téléphoniques n’ont jamais complètement cessé de fonctionner entre Washington et Moscou, y compris lorsque le sénile Joe Biden insultait le président Poutine à la télévision. Il est donc faux d’affirmer que la Russie est restée isolée tout ce temps. Ça relève du pur fantasme des dictateurs socio-démocrates de Bruxelles, de Paris ou de Londres. On se souvient du sommet des BRICS à Kazan qui a tourné à la démonstration de force diplomatique comme seul le Kremlin sait les orchestrer.
Et la présence du Secrétaire Général de l’ONU n’est qu’un point de détail dans cette démonstration. En revanche, l’Union Européenne n’est plus un acteur, et c’est tant mieux.
C’est tant mieux parce que l’Union Européenne se pose en entité diplomatique supranationale au même niveau voire à un niveau supérieur aux États souverains. Or ce qu’il faut lire dans le dialogue entre Trump et Poutine, c’est d’abord l’expression de deux souverainetés fortes. Et puis, l’UE n’a rien à dire parce qu’elle ne pèse rien. On pourrait dire en paraphrasant Staline, » l’UE, combien de division « ? On pourrait aussi citer Vitoria Nuland, qui disait dans une conversation privée au téléphone avec le diplomate Geoffrey Pyatt, » Fuck the EU “. Si ça en dit long sur le peu d’élégance de la mafia pro-ukrainienne de Washington, ça en dit long aussi sur le crédit que portent les Américains aux européens. On rigole quand on se souvient de comment se gargarisaient les chaînes d’information (ou de désinformations c’est selon) en France sur le thème de la » Russie isolée diplomatiquement « . Et pour ne pas faire de peine à mes lecteurs patriotes, je ne parlerai pas de la France macronarde qui n’existe plus comme souverain sur la scène internationale. En clair, l’Union Européenne n’existe plus (en tout cas pour l’instant) dans ce dossier et c’est normal. Ce n’est que la réalité qui reprend ses droits. Or la réalité quelle est-elle ?
Les États-Unis d’Amérique mènent une guerre contre la Russie et la Chine pour exercer une hégémonie planétaire.
Or dans cette guerre, les États-Unis ont cru pouvoir faire céder la Russie en lui livrant une bataille en utilisant la chair à canons ukrainienne (ce qu’on appelle une guerre de proxy). Il est par conséquent normal qu’à ce stade, ce soit les deux véritables belligérants qui négocient directement. Et Ursula et même la Kallas pourront donner de la voix, cela ne changera rien. Pas plus que les leçons de morale sur le ton du » on ne peut tout de même pas négocier sans Zelensky « … Ben voyons ! Cela semble faire une éternité, et pourtant il y a à peine plus de six mois, toute la bien-pensance internationale se réunissait à Bürgenstock en Suisse pour discuter de la paix entre la Russie et l’Ukraine, sans la Russie et surtout sans que cela n’émeuve nos grands donneurs de leçons. Par conséquent, un peu de modestie serait aujourd’hui la bienvenue.
Pour nous résumer nous avons Donald Trump qui est contraint de liquider le dossier ukrainien laissé par la précédente administration Biden (en réalité Obama), dans les conditions les moins mauvaises possibles pour son pays et pour son pays seulement.
Après tout, Trump est seulement (si j’ose dire) président des États-Unis.
Parce qu’on oublie trop souvent que si les différents lobbies du complexe militaro-industriel ou de la finance se frottent les mains à Washington, l’Américain moyen lui, souffre depuis trop longtemps. Or si on est tenté de croire que Trump veut la paix, il faut garder à l’esprit que c’est aussi parce que cet effort hégémonique pèse lourd à l’intérieur des États-Unis. Pendant que les lobbies du pétrole, de la finance ou des armes s’en mettent plein les poches, l’Américain moyen s’appauvrit. Voilà pourquoi Trump a dit aux Européens que s’ils voulaient s’occuper de sécurité en Ukraine, qu’ils le fassent avec leur argent que du reste ils n’ont pas.
Cependant, gardons à l’esprit aussi que Trump hérite d’un dossier désastreux qui lui laisse une marge de manoeuvre relativement étroite.
Mais si au moins, Trump pouvait, dans cette affaire comme dans d’autres, être celui qui a permis au sang d’arrêter de couler, l’humanité devrait lui en savoir gré.
Jacques Frantz
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