L’avenir de Volodymyr Zelensky semble bien mal engagé : le Sénat américain lui refuse une aide substantielle pour continuer la guerre, et la fronde interne contre lui ne fait que croître.
Le Sénat américain a rejeté la tranche d’aide destinée à l’Ukraine et à Israël, 111 milliards de dollars, les républicains et démocrates Bernie Sanders ayant voté contre, car ils étaient contre un soutien inconditionnel à Israël. Les Républicains ont voté contre également car ils souhaiteraient qu’une partie de cet argent soit utilisée pour rendre la frontière des Etats-Unis moins perméable. Mais en tout état de cause, ce vote pourrait avoir un poids historique car sans l’aide américaine, la guerre en Ukraine prendrait fin. D’où la très forte pression exercée sur le Congrès pour qu’il approuve la loi.
La disparition programmée de Zelensky
L’échec de la contre-offensive ukrainienne, le rejet occidental de toute la responsabilité sur Kiev, tout en évitant d’énoncer les nombreuses responsabilités de l’OTAN (et de Washington en particulier) présagent mal de l’avenir de Zelensky. Le pauvre a dû annuler à la dernière minute son discours virtuel annoncé au Sénat dans lequel il était censé plaider sa cause.
Les partisans atlantiste d’une guerre sans fin n’ont pas apprécié le sabordage du projet de loi. Sous la pression de ses partisans, Biden a même évoqué le spectre de la Troisième Guerre mondiale, affirmant, après le rejet, qu’une victoire russe en Ukraine conduirait Moscou à une guerre contre l’OTAN et donc à un affrontement direct avec les États-Unis (variante de thème de la théorie des dominos conçue à l’époque du Vietnam… vieux outils de propagande, ils sont toujours utiles).
Les jeux pourraient être terminés, la guerre terminée, car personne ne croit que l’Europe pourra maintenir le cap du soutien total à l’Ukraine en cas de retrait américain. Mais il semble qu’il y ait encore une marge de manœuvre pour ceux qui veulent à tout prix poursuivre le massacre des Ukrainiens. En fait, Biden s’est déclaré prêt à parvenir à un compromis qui tienne compte des demandes des républicains concernant les frontières américaines. On verra, il y a de nombreux obstacles à surmonter.
La fronde interne contre Zelensky
Pendant ce temps, l’opposition contre Zelensky s’intensifie en Ukraine. L’opposition est désormais ouverte du chef des forces armées Valerij Zaluzny, soutenu par l’ancien conseiller de Zelensky, Oleksij Arestovyc et par le chef des renseignements militaires Kyrylo Budanov.
A cette poignée s’ajoutent le maire de Kiev, Vitali Klitschko, qui a qualifié ces derniers jours Zelensky d’« autocrate », et l’ancien président Petro Porochenko, contraint de rester dans son pays par le SBU et d’annuler une rencontre prévue avec le président hongrois Viktor Orban. La raison du refus est évidente : l’ancien chocolatier voulait entamer des négociations via le président hongrois compte tenu de la proximité d’Orban avec Vladimir Poutine.
L’affaire Porochenko a fait sensation en Ukraine, compte tenu la restriction imposée publiquement. Cependant on savait déjà que les deux ne sont pas sur la même longueur d’onde que Zelensky, le fait significatif consiste alors qu’ils se sont révélés au grand jour, signe que c’est désormais possible. L’ancien comédien devenu président est faible compte tenu des échecs militaires évidents ; et la polémique sur l’aide américaine, grâce à laquelle il entendait se relancer, ne l’aide pas.
Tout cela alors qu’il n’y a pas de sortie du tunnel pour la campagne militaire. Pour ne donner qu’un petit exemple, la Russie a récemment annoncé un nouveau missile capable d’abattre même la dernière arme magique qui devrait être fournie par l’OTAN, le F-16, dont l’arrivée sur le théâtre de la guerre est en fait sans cesse repoussée…
Cependant l’administration Biden doit continuer à soutenir Kiev pour ne pas arriver aux élections avec le signe de la défaite, alors que les faucons néoconservateurs ne peuvent même pas imaginer que leur guerre sans fin prendra fin. Mais, comme le dit un poème d’Eliot, « Entre l’idée – Et la réalité – Entre le mouvement – Et l’acte – L’Ombre tombe… (« Les Hommes Vides »).
A suivre…
Francesca de Villasmundo
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