La tuerie de Hanau en Allemagne a sonné le « là » d’un délire politico-médiatique criant au retour de la menace du terrorisme d’extrême-droite. Pour faire oublier le véritable terrorisme qui sévit dans le monde, celui islamique !

Le journaliste Stefano Magni analyse, pour le quotidien La Nuova Bussola Quotidianna, ce phénomène inversé et conclut à une fantomatique menace d’extrême-droite inventée par les médias et bien-pensants du système :

« Massacre à Hanau, Allemagne. Neuf clients de bars ethniques fréquentés par des Kurdes et des Turcs sont tués. L’attaquant, Tobias Rathjen, 43 ans, n’a pas de casier judiciaire et laisse un testament de délires racistes et complotistes délirants. Une alerte au terrorisme d’extrême droite est en cours. Mais est-ce justifié ? A en juger par les chiffres: bien peu. 

Massacre dans la ville de Hanau, non loin de Francfort-sur-le-Main, en Allemagne : Tobias Rathjen, un homme de 43 ans, banquier, sans casier judiciaire, entre dans trois bars ethniques consécutifs fréquentés principalement par des immigrants kurdes et turcs. Il tire avec son arme dont il détient le port d’arme, visant des personnes au hasard, frappant celles à sa portée. Au total, dans sa course folle, il tue neuf personnes. La police le retrouve facilement grâce à la plaque d’immatriculation de sa voiture. Les agents le retrouvent mort dans sa maison, à côté du corps de sa mère. Selon une première reconstruction de la police allemande, il aurait tué la vieille femme avant de se suicider.

C’est la chronique d’une journée de folie ordinaire, complétée par la découverte d’un testament du tueur, dans lequel il prétend vouloir l’extermination des peuples d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie centrale, met en garde les Américains contre une société secrète fantôme qui vit dans des bases souterraines et met en garde les Allemands contre le fait que l’Allemagne serait contrôlée par des services secrets qui lisent et manipulent les esprits. Le testament lui-même révèle le motif de l’attaque : un délire paranoïaque, une folie meurtrière qui, de toute évidence, a été trop négligée par des parents, des amis, des connaissances et des collègues. Pourtant, à en juger par les premières déclarations d’Angela Merkel, du ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer, par les titres de la presse italienne et internationale, le mobile est politique et d’extrême droite. L’attaque de Hanau est rattachée, en Allemagne, aux attaques précédentes contre la synagogue de Halle et l’assassinat du politicien de gauche Walter Luebcke. Dans le monde, il est comparé au massacre de la mosquée de Christchurch par Brenton Tarrant (le « fasciste vert » obsédé par le changement climatique et la bombe démographique). Il ne fait aucun doute que le délire de Rathjen se teinte des couleurs, des tons et des fantaisies de droite. Mais ce n’était pas un plan révolutionnaire, subversif. C’est le geste d’un fou ayant des illusions de grandeur et la manie de la persécution, mais pas un projet politique.  

Lorsque certains parlent de la croissance exponentielle du terrorisme de droite, ils disent quelque chose de vrai, mais hors contexte car il ne faut jamais oublier les dimensions du phénomène. Selon les statistiques globales du Global Terrorism Index 2019 les groupes les plus meurtriers au monde sont : l’État islamique de Khorasan, Isis, Taliban, Boko Haram, tous islamistes. Les dix pays les plus touchés par le terrorisme : Afghanistan, Irak, Nigéria, Syrie, Pakistan, Somalie, Inde, Yémen, Philippines, Congo (RD). Dans 7 de ces 10 pays, le terrorisme islamique a l’exclusivité des attaques. Dans les trois autres (Nigéria, Philippines et Congo), le terrorisme islamique est rattrapé en violences par des formes de terrorisme local (comme les Peuls au Nigéria) ou par des groupes d’extrême gauche (Philippines et Congo). Il y a eu 2496 morts par le terrorisme en Europe de 2002 à 2018. C’est la troisième région du monde la moins touchée par les attentats, après l’Amérique du Nord et l’Amérique latine. Le Global Terrorism Index inclut également la Turquie dans la région « Europe », touchée par la majorité absolue des actes terroristes.

Maintenant, venons-en à l’extrême droite : on en parle parce que le terrorisme noir enregistre la plus forte augmentation au cours des cinq dernières années, soit une hausse de 320%. Un chiffre impressionnant, en proportion. Mais de quels chiffres absolus parlons-nous? Les attaques par des terroristes d’extrême droite, qui ont tué au moins dix personnes, ont été 13 (treize) de 1970 à 2019. Avec celle d’hier, elles montent à 14. (…) [La] croissance de 2010 à aujourd’hui (…) est généralement attribuée à la réaction à l’islam, à l’immigration et à la mondialisation. Mais il n’est en aucun cas possible d’identifier un plan subversif cohérent derrière la violence terroriste d’extrême droite, aussi parce que nous parlons, en fait, de personnes non affiliées à des organisations.

L’absence de filiation de nombreux terroristes islamiques est aussi fréquente que l’absence de filiation de nombreux terroristes de droite : selon le Global Terrorist Index 60% des uns et des autres sont des loups solitaires. Cependant, le « loup solitaire » islamique est le dernier maillon d’une chaîne qui part de grandes organisations djihadistes (comme Daesh) qui incitent au djihad partout dans le monde avec tous les canaux médiatiques dont elles disposent, passant fréquemment par des réseaux locaux, mosquées radicales et prédicateurs de la haine. Le « loup solitaire » islamique fait partie d’une communauté, répond à un plan collectif, même s’il agit individuellement. Même le djihadiste « bricoleur » le plus isolé est entré en contact avec une communauté virtuelle qui fournit des vidéos, de la propagande, de l’endoctrinement et des instructions. Au contraire, les loups solitaires d’extrême droite tels que Breivik, Tarrant et Rathjen n’appartiennent pas au même parti, organisation ou réseau terroriste. Ce ne sont pas seulement des terroristes « bricoleurs », ce sont aussi des idéologues « bricoleurs ». Leurs manifestes ou testaments, comparés, ne sont même pas politiquement compatibles entre eux. Ils sont mortels, dangereux, mais ne constituent en aucun cas une menace systémique pour la société. Pourtant, à en juger par les titres des journaux et les déclarations politiques, il n’y a pas de menace islamique, mais seulement des actions de loups solitaires fous et isolés, alors qu’il existe une menace de droite de plus en plus dangereuse. Une réalité inversée. » (Traduction de Francesca de Villasmundo)

Francesca de Villasmundo

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