Le Fonds des Nations Unies pour la population a de nouveau été privé de financement par le gouvernement des États-Unis en raison de son historique de programmes coercitifs de contrôle démographique. Parmi les accusations les plus graves figurent son implication dans la politique de l’enfant unique en Chine et l’exportation de ce modèle vers d’autres pays comme le Pérou et le Vietnam.
L’administration de Donald Trump a décidé de retirer presque tout le financement du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), une agence de l’ONU longtemps critiquée pour son implication dans la promotion de la politique de l’enfant unique en Chine. Cette politique, appliquée pendant des décennies, s’est caractérisée par des avortements forcés et des stérilisations de femmes.
290 millions de dollars
La mesure impliquait l’annulation d’environ 41 subventions administrées par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et le Département d’État, ce qui représente une réduction totale de près de 290 millions de dollars.
« Crime » d’être enceinte
Le rôle du FNUAP dans la politique démographique chinoise a fait l’objet de vives critiques. L’organisation a autrefois alloué 50 millions de dollars au programme de planification familiale du pays asiatique, acheté des ordinateurs pour gérer et faire respecter les quotas de naissances et financé la fabrication de dispositifs intra-utérins, qui étaient imposés aux jeunes femmes.
Avec le soutien du FNUAP, le régime chinois a mis en œuvre des mesures sévères : des femmes enceintes ont été arrêtées et accusées d’avoir commis le « crime » d’être enceintes. Beaucoup ont été victimes d’avortements et de stérilisations forcés. Celles qui ont réussi à échapper aux autorités ont été confrontées à d’autres représailles, telles que l’emprisonnement, la démolition de leur maison ou des amendes représentant plusieurs fois le revenu familial annuel, appelées « frais de compensation sociale ».
L’ONU mortifère
Malgré les allégations de crimes contre l’humanité, le FNUAP a maintenu son soutien à ces politiques. En 1983, l’une des années les plus difficiles en termes de coercition reproductive en Chine, l’ONU a décerné son premier « Prix des Nations Unies pour la population » à la République populaire de Chine, la félicitant pour sa « contribution la plus remarquable à la sensibilisation aux questions de population ».
Les révélations de ces événements ont joué un rôle décisif dans l’adoption de l’amendement Kemp-Kasten par le Congrès américain dans les années 1980, qui interdit le financement des entités impliquées dans les avortements ou les stérilisations forcés. En conséquence, l’administration Reagan avait suspendu son soutien financier au FNUAP, une décision reprise plus tard par la première administration de George H.W. Bush.
Cependant, le FNUAP a continué à soutenir les pratiques chinoises de contrôle de la population, même face à de nombreuses preuves d’avortements forcés en fin de grossesse, y compris des césariennes. En outre, l’agence a fourni une couverture politique à ces mesures. En 1989, sa directrice de l’époque, Nafis Sadik, a déclaré que la politique de l’enfant unique était « complètement volontaire » et qu’« il n’existait pas de permission d’avoir des enfants ».
« Populariser l’expérience de la Chine en matière de contrôle de la croissance démographique »
Sous l’administration Clinton, les fonds américains ont été restitués au FNUAP. Durant cette période, Sadik a salué la politique de la Chine comme étant « réussie » et a annoncé que son agence embaucherait des membres de la police démographique chinoise « pour travailler dans d’autres pays et populariser l’expérience de la Chine en matière de contrôle de la croissance démographique ».
L’une des conséquences de cette exportation a été le programme de stérilisation forcée mis en œuvre au Pérou dans les années 1990, où environ 300 000 femmes ont été soumises à des ligatures des trompes forcées. Une politique similaire a également été promue au Vietnam, où les femmes étaient obligées d’être stérilisées après leur deuxième enfant.
En 1994, le Congrès américain a de nouveau réduit le financement du FNUAP, forçant son retrait temporaire de Chine. Cependant, en 1998, l’agence est revenue après avoir été invitée à mettre en œuvre des « programmes modèles de planification familiale » dans 32 comtés chinois. Sadik a ensuite affirmé que dans ces régions, la maternité serait « complètement volontaire », sans quotas, sans permis, sans promotion de l’avortement ni coercition.
Ces déclarations impliquaient une reconnaissance indirecte du fait que, dans le reste du pays, la coercition existait. Des chercheurs de l’Institut de recherche sur la population (PRI) ont visité ces comtés et ont découvert que les affirmations de Sadik étaient fausses : le personnel du FNUAP travaillait en étroite collaboration avec la police de la population, reproduisant les mêmes tactiques répressives.
Après que ces irrégularités ont été signalées à l’administration de George W. Bush et au Congrès, le financement a été à nouveau suspendu.
Le débat sur le financement du FNUAP persiste depuis des années. Sous la présidence de Barack Obama, les fonds ont été rétablis ; Donald Trump les a encore réduits au cours de son premier mandat, et ils ont été relancés plus tard sous l’administration de Joe Biden.
Crise démographique mondiale
La dernière décision de l’administration Trump représente les coupes budgétaires les plus radicales à ce jour et intervient dans un contexte de crise mondiale où les taux de natalité chutent. Même la Chine, qui a officiellement abandonné sa politique de l’enfant unique en 2016, est aujourd’hui confrontée à une crise en raison du vieillissement de sa population et de son faible taux de natalité.
Dans ce contexte, de plus en plus de voix s’élèvent pour demander le démantèlement du FNUAP, dont l’histoire est liée au soutien de politiques coercitives de contrôle démographique.
Pierre-Alain Depauw
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