Philippe Bornet, qui dédicacera son livre Demain la Dictature (Presses de la Délivrance) à la Fête du Pays réel, répond à nos questions.
- Le recours au dictateur est-il plus ardemment souhaité par « les extrêmes » ou par « les soutiens de l’ordre établi » ?
Le recours au dictateur commence généralement par une négociation dans les coulisses pour désigner le repreneur d’entreprise en faillite. Le futur Dictateur se voit présenter un cahier des charges qui consiste généralement à reprendre le personnel politique précédent et à le reclasser. En général, les choses se passent à l’amiable et le peuple n’est convié que pour applaudir. C’est ce qui s’est passé le 18 brumaire où l’abbé Sieyès changea au dernier moment le nom du premier rôle, qui aurait pu être Moreau ou Joubert. Bonaparte était disponible, n’ayant pas d’engagement ailleurs.
La question du souhait populaire n’a donc guère d’importance. Il semblerait cependant que contrairement à une idée convenue, les électeurs centristes sont peu imbus de sens démocratique.
- La dictature est-elle un moment systématique du cycle du pouvoir républicain ?
Rome a connu 64 dictateurs et plus de dictatures jusqu’à Marius, Sylla, Pompée, César. Paradoxalement Octave Auguste n’a jamais été dictateur, il a même refusé de l’être. C’est dire si cette magistrature, inventée par la république romaine faisait partie intégrante des institutions romaines. En France, nous avons connu une dictature à chaque fin de République. La dictature marque l’achèvement d’un cycle. Elle peut se transformer en Monarchie ou en une nouvelle République car, contrairement à ce qu’on dit, le Dictateur dépose souvent sa dictature soit parce qu’il se sent trop âgé, soit qu’il soit fatigué du pouvoir.
- Y a-t-il en France un climat insurrectionnel ou révolutionnaire qui mènerait à l’instauration d’une Dictature ?
Oui, la perspective d’une nouvelle Dictature me paraît maintenant inéluctable. Il existe une succession de douze étapes qui mènent à l’apparition d’une dictature : 1 désordre dans la rue, 2 impéritie du gouvernement, 3 mécontentement dans l’armée et la police, 4 guerre ou menace de guerre, 5 échec et peur des élites 6 prestige d’un général etc. Nous sommes à la phase 5 et déjà des noms de généraux circulent sur les réseaux (Villiers, Tauzin…). La crise des Gilets jaunes à laquelle personne ne s’attendait il y a trois mois est venue renforcer cette impression.
Philippe Bornet, Demain la Dictature, Presses de la Délivrance, 235 pages 22 euros
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