Jean OUSSET, vaillant défenseur de la France Fille aînée de l’Eglise

C’est le 29 juillet 1946, en la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre que Denis Demarque, Jean Masson et Jean Ousset vont consacrer leur projet au Christ-Roi. Le même jour, l’œuvre nouvelle était mise sous la protection de la « Reine du Monde », en la Chapelle Notre-Dame-de-la-médaille-miraculeuse, rue du Bac.

 La Cité catholique était née sous son premier nom de Centre d’études critiques et de synthèse. La volonté du Centre est de créer un organisme de laïcs agissant sous leur responsabilité civique à l’avènement d’un ordre social chrétien. Cette œuvre laïque doit professer et diffuser à travers ses membres, comme c’est le droit et le devoir de tout laïc, la doctrine sociale de l’Eglise catholique plutôt qu’une doctrine personnelle. C’est grâce au droit que reconnaît l’Eglise à tout catholique de prendre des positions politiques particulières que la Cité catholique exercera cette liberté afin de répandre sa méthode et son action. Par son activité au sein du monde elle ne prétend pas la représenter, mais s’en faire l’écho « au plan de ces affaires sociales, civiques ou politiques que le naturalisme et le laïcisme révolutionnaire ne cessent de pénétrer ».

La Cité catholique prend son essor dans les années 1950.

Jean Ousset va insister à plusieurs reprises lors de ses conférences et éditoriaux sur le fort lien d’amitié qui doit lier les membres du mouvement qui se dote d’un périodique, Verbe, et accueille dans ses congrès annuels des évêques et des personnalités de la droite catholique comme Henri Massis, Jean Madiran et le général Maxime Weygand.

Dans le contexte de la crise de la IVe République et de la guerre d’Algérie, Jean Ousset et La Cité Catholique s’opposent au modernisme des catholiques progressistes favorables à la décolonisation, et au communisme. En 1959, il publie son œuvre majeure Pour qu’Il règne, préfacé par Mgr Marcel Lefebvre, qui deviendra une des références essentielles des milieux catholiques traditionalistes.

150 congressistes se retrouvent à Dijon en 1953, 300 à Angers en 1954, honorés de la présence de Mgr Chappoulie, l’un des premiers protecteurs de l’œuvre. En 1955, c’est un autre évêque protecteur, Mgr Marmottin, qui reçut, en son grand séminaire de Reims, les 450 congressistes de La Cité catholique. Puis en 1956, se sont Leurs Excellences Mgr Picart de la Vaquerie et Mgr Rupp qui assistèrent aux travaux des 700 participants au Congrès; et enfin en 1957, à Poitiers, cinq évêques et plusieurs prélats vinrent rendre visite et adresser la parole aux 800 congressistes de l’œuvre.

La croissance est régulière et le Congrès qui a lieu en 1960 à Issy-les-Moulineaux rassemble 1500 personnes. Dans un même temps, l’œuvre connaît un important rayonnement international. Un grand nombre de personnalités catholiques intéressées par le charisme véhiculé par la Cité catholique vont favoriser son rayonnement mondial, en particulier au Canada, en Argentine, en Afrique, en Belgique et en Suisse.

Lors des Congrès, le Pape Pie XII est intervenu en personne à plusieurs reprises par des messages personnels adressés à Jean Ousset. Il rappellera souvent le devoir des Catholiques de s’engager pour le bien commun et pas seulement au sein d’associations purement religieuses :

« Bien que, comme chacun le sait, l’Action catholique soit principalement destinée à promouvoir les œuvres d’apostolat, rien n’empêche cependant que ceux qui en font partie soient également membres d’Associations dont le but soit de conformer les institutions sociales et politiques aux principes et aux règles chrétiens ; bien plus, le droit dont ils jouissent permet et le devoir auquel ils sont tenus demande qu’ils prennent part à ces Associations, non seulement comme citoyens, mais aussi comme catholiques ».

Comme nous l’avons vu plus haut, en France, plusieurs évêques ont soutenu le travail effectué par l’équipe de Verbe, tels Mgr Chappoulie, évêque d’Angers, et Mgr Barbottin, archevêque de Reims, Mgr Picart de la Vaquerie et Mgr Rupp.

Cependant une grande partie de l’épiscopat montre une grande incompréhension envers la Cité catholique qui, à leur avis, fait de l’ombre à l’Action catholique. 

Un des points qui les dérange particulièrement est le statut de l’œuvre de Jean Ousset. En effet, elle ne dépend pas de la hiérarchie. Le clergé ne comprend pas l’autonomie pleinement revendiquée par ses fondateurs et que ce groupe de laïcs a acquise.

En 1963, Ousset change le nom de son association qui devient « L’Office » – l’Office international des œuvres de formation civique et d’action doctrinale selon le droit naturel et chrétien – et le titre de son périodique, qui devient Permanences.

Cet Office doit poursuivre le travail effectué jusque là, mais dans une action multiforme. Il doit se situer au-dessus des combats particuliers en formant et unissant tous ceux qui travaillent pour l’avènement d’une renaissance chrétienne.

Un succès indéniable.

La revue et l’œuvre connaissent un grand succès dans les milieux universitaires et au sein de l’armée. Elles vont rencontrer un engagement à toute épreuve parmi les retraitants paroissiaux des Coopérateurs paroissiaux du Christ-Roi (CPCR). Jean Ousset, après ses premières retraites ignaciennes prêchées par leur fondateur le R.P. Vallet, avait déjà souligné que :

« Ce sont les Exercices de Saint Ignace qui ont été à la source de l’engagement, du zèle, du dynamisme… de tous les pionniers de notre œuvre très liée aux CPCR ».

Dans son ouvrage principal Pour qu’Il règne, Jean Ousset fait part de son enthousiasme pour les Exercices spirituels de Saint Ignace :

« Plus d’un millier des nôtres ont eu la grâce d’apprécier leurs bienfaits (…) Ce qui nous touche plus particulièrement (…) c’est le fait que ces retraites se proposent, dans le droit fil de la sanctification personnelle de ceux qui les suivent, de susciter une armée de laïcs enthousiastes et résolus à combattre pour la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus Christ. Les droits de Dieu sur la société s’y trouvent donc prêchés d’une façon plus particulière ».

Le crédit intellectuel de la Cité catholique vient de son attachement à la doctrine sociale de l’Eglise, et de la mise en œuvre de principes issus des Encycliques de Léon XIII, Rerum Novarum (1891), et de Pie XI en 1931, Quadragesimo Anno. Ces textes importants dans l’histoire du catholicisme social sont les fondements de l’action politique et sociale des membres de l’œuvre.

De par son charisme, elle va connaître un prodigieux développement. De nombreuses cellules vont être fondées à travers toute la France :

« Il en existe dans les salons et dans les fermes, dans les modestes demeures africaines et dans les salles de patronage, dans les universités et dans les usines, dans les collèges et dans les arsenaux, dans les casernes et dans les ateliers de gare, dans les banques, dans les administrations publiques et privées, dans les tribunaux et les hôpitaux ».

Le premier congrès aura lieu en 1964 à Sion, dans le canton du Valais (Suisse). Puis, de 1965 à 1977, ils se dérouleront à Lausanne. En 1969, trois mille personnes assistent au congrès annuel au cours duquel interviennent des personnalités comme Gustave Thibon, Jean Madiran, et Marcel Clément (directeur de la revue L’Homme nouveau) . Ousset combat les réformes et veut la conservation de la messe traditionnelle, aux côtés de Jean Madiran et de sa revue Itinéraires, ou du romancier Michel de Saint-Pierre.

Les divisions au sein de L’Office, ex-Cité Catholique, entraînent son éclatement.

Jean Ousset participa jusqu’au bout de ses forces au développement de cette action et pour que l’équipe continue l’œuvre dans une stricte fidélité au dessein initial.

Mais les membres se divisent ensuite sur les questions qui se posent aux catholiques traditionalistes : les réformes liturgiques, l’évolution vers le soi-disant schisme de Mgr Lefèbvre.

Deux organisations distinctes naissent suite à l’éclatement de l’Office : d’une part, l’Institut CIVITAS, proche de la FSSPX, fondé en 1999 et qui deviendra un parti catholique en 2016, et d’autre part ICHTUS lancé par Jacques Trémolet de Villers.

C’est au cours d’une visite au Louvre qu’il est victime d’une attaque cérébrale et meurt le 20 avril 1994.

Jean Ousset a écrit sous plusieurs pseudonymes : Jean Marial, André Roche, Louis Morteau, Jean-Marie Vaissière, Jacques Régnier et Jacques Haissy.

La rédaction de MPI invite tous ses fidèles lecteurs à prier pour le repos de l’âme de ce vaillant défenseur de la France Fille aînée de l’Eglise.

Christian LASSALE

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