Quand il devint prince héritier de Thaïlande le 2 juin 1935 suite au couronnement de son frère aîné, son pays s’appelait encore le Siam. Bhumibol Adulyadej, sa majesté le roi Rama IX pour son peuple, est donc décédé le 13 octobre à l’âge de 88 ans, mettant fin à l’un des règnes les plus longs de l’histoire : 70 ans, 4 mois et 4 jours. De ce souverain, une image est restée dans l’histoire : 20 mai 1992, la télévision thaïlandaise montre une scène impensable en France : le général Suchinda Kraprayoon, chef de la junte militaire au pouvoir depuis le 23 février et très contestés par un soulèvement populaire démarré le 17 mai, et celui qu’il avait renversé, Chatichai Choonhavan, légalement élu mais corrompu, tous deux à genoux devant le roi lui demandant pardon pour leur attitude.
Né le 5 décembre 1927 à Cambridge (Etats-Unis) où son père étudiait la médecine. Borgne depuis un accident de voiture en Suisse en 1948 ; il règne de facto depuis le 9 juin 1946 (mort mystérieuse de son frère Rama VIII) et de jure depuis son sacre du 5 mai 1950. Sous son règne, la Thaïlande a été modernisée selon le modèle japonais. Ce qui n’est guère surprenant quand on sait que le Siam avait été allié du Japon lors de la Seconde Guerre Mondiale, sa flotte moderne ayant d’ailleurs été coulée par la flotte de Vichy en 1941… Marié à la fille de l’ambassadeur thaïlandais en France, il a rétabli la monarchie de droit divin en 2006, avec l’accord d’un peuple qui le vénère (et son action de 1992 n’y est pas pour rien…), mettant fin à la monarchie libérale imposée à son oncle Rama VII par le coup d’état militaire de 1932. Plus populaire souverain depuis Rama V son grand-père qui régna de 1867 à 1910 et fonda les bases du pays, il rétablit le délit de blasphème contre la famille royale. Sa fortune personnelle – essentiellement constituée de propriétés foncières – fait de lui le souverain le plus riche du monde, avec 23 milliards de dollars en 2009.
Paradoxalement, même un journal d’extrême gauche comme Le Saker Francophone a évoqué avec tristesse le décès de ce souverain, pourtant maillon fort de l’alliance américaine dans la région ! C’est dire qu’il a fait beaucoup pour son pays. Roi digne de ce nom, son attention allait envers ses sujets les plus pauvres. Ayant le taux de chômage le plus bas du monde pour un pays de cette population (0,5 % pour 67 millions d’habitants), la Thaïlande a complété ses richesses agricoles par un tissu industriel : la Thaïlande a dépassé la France en construction automobile, tout en jugulant l’exode rural : les paysans ne sont autorisés à « monter à la ville » que s’ils ont du travail. Sur le plan économique, la Thaïlande est devenue la 27e puissance économique mondiale, entre la Belgique et la Norvège. Son secteur agricole est prospère : 1re productrice mondiale de caoutchouc naturel, 4e en sucre, en manioc, en pamplemousse et en ananas, 5e en soie, 6e en riz, 8e en noix de cocos, en poivre et en poissons et 13e en volailles. Sur le plan minier, la Thaïlande est moins fournie : 5e en gypse, 6e en tungstène et en terres rares, 10e en antimoine, 15e en lignite. Sur le plan industriel, la Thaïlande est 4e en motos, 9e en vélos et 12e en automobiles.
La régence est assurée par le général Prem Tinsulanonda, bon pied bon œil malgré ses 97 ans, ancien Premier Ministre de 1980 à 1988 et dirigeant le Conseil Privé Royal. La succession ira à son unique fils, le prince Maha Vajiralongkorn, 64 ans, marié et divorcé trois fois, censé devenir Rama X, mais qui ne semble pas avoir les qualités paternelles, ce qui serait une réédition du passé : Rama VI, Rama VII et Rama VIII ne furent pas des souverains ayant marqué l’histoire. Il n’est pas aimé du peuple qui lui préfère sa sœur… Mais une vieille prophétie ne dit-elle pas que le 9e Rama sera le dernier de la lignée ?
Hristo XIEP
Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !
Commentaires