Le gouvernement de Tanzanie a officiellement interdit la sorcellerie. La mesure a été prise pour protéger les albinos (déficients en mélanine) victimes des légendes locales.
La sorcellerie va-t-elle disparaître pour autant du territoire tanzanien ? On peut en douter. Mais le gouvernement se devait de réagir après un nouvel enlèvement d’une fillette albinos, Pendo Emmanuelle Nundi, au village de Kwimba. L’enquête avait entraîné l’arrestation d’une quinzaine de personnes dont trois membres de la famille de la victime.
Pour comprendre les persécutions que vivent les albinos en Tanzanie, il faut avoir conscience de l’influence des sorciers guérisseurs qui attribuent toutes sortes de pouvoirs aux albinos.
Cette sorcellerie utilise les membres, les os, le sang et les cheveux d’albinos au sein de potions magiques censées guérir les malades et apporter la richesse. Ces horreurs sont hélas encore bien réelles en Afrique en 2015. Des albinos sont martyrisés pour qu’un sorcier utilise un nez, une langue, un os, des yeux, un rein, un foie ou mêmes des parties génitales. Ces potions se vendent l’équivalent de 600 à 75.000 dollars selon le contenu. Un bras d’albinos s’échange ainsi environ 2.000 dollars.
Des jeunes filles albinos ont également été violées par des hommes atteints du sida et qui s’imaginent trouver la guérison grâce à un tel viol.
Parmi les autres abominations recensées, on cite des pêcheurs qui achètent une ou deux jambes d’albinos qu’ils accrochent à leur filet de pêche en espérant attirer grâce à ces gri-gris monstrueux des prises de poissons plus importantes.
Ces faits dignes des pires films d’horreur ne sont pas exceptionnels. La Tanzanie a recensé au moins 71 albinos assassinés en Tanzanie entre 2006 et 2013. Mais il n’y a pas de recensements complets. Pas non plus d’estimations des cas bien plus nombreux d’albinos estropiés ou violés.
Une association caritative, Under the Same Sun, essaye de venir en aide aux albinos et dénonce l’indifférence : sur plus de 100 agressions et meurtres, seul cinq accusés ont été déclarés coupables – et deux des accusés ont été acquittés. Selon cette association, plusieurs Tanzaniens fortunés sont impliqués dans ces crimes et ces trafics d’organes.
Par ailleurs, toujours en Tanzanie, le Centre juridique des droits de l’homme a recensé, pour la seule année 2013, 765 meutres de femmes accusées de sorcellerie.
Selon les dernières études, 93 % des Tanzaniens croient en la magie.
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